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Un week-end avec Prokofiev

Bruxelles
Palais des Beaux-Arts, Salle Henry Le Bœuf
12/11/2015 -  et 13* décembre 2015
Serge Prokofiev: Lieutenant Kijé, suite, opus 60 – Ouverture sur des thèmes juifs, opus 34 bis – Concertos pour violon n° 1, opus 19, et n° 2, opus 63 – Symphonie n° 5, opus 100 – Roméo et Juliette, opus 64 (extraits)
Julia Fischer (violon)
Orchestre national de Belgique, Andrey Boreyko (direction)


J. Fischer (© Felix Broede)


Du 10 au 13 décembre, Bozar et l’Orchestre national de Belgique ont organisé un festival consacré à Prokofiev sans prendre comme prétexte le moindre anniversaire : de la musique symphonique, un peu de musique de chambre, pas de piano ni de chant. Le programme dresse donc un portrait partiel du compositeur et ne révèle aucune œuvre rare mais le public aura quand même eu l’occasion d’entendre, le dimanche matin, les deux Quatuors. Le concert du vendredi soir et du dimanche après-midi se présente de la même manière : un des deux Concertos pour violon par Julia Fischer, précédé d’une entrée en matière légère et suivi d’une œuvre de grande envergure. Le premier débute avec la Suite du Lieutenant Kijé (1934), le second avec l’Ouverture sur des thèmes juifs (1919). Dans les deux cas, les bois interviennent d’emblée avec précision, la clarinette se montrant même particulièrement savoureuse, de même que le basson, mais l’orchestre manque, dans l’ensemble, d’humour et de fantaisie dans la Suite, réussissant mieux l’Ouverture, nonchalante et spontanée.


Dans le Second Concerto (1935) vendredi puis le Premier (1916-1917) dimanche, la violoniste impressionne par sa maîtrise, l’archet semblant, parfois, ne même pas toucher les cordes. Le phrasé demeure expressif, exaltant, sans épanchement, le lyrisme affirmé de cette musique, et la sonorité s’avère toujours séduisante, malgré la prise de risque que la soliste s’autorise, notamment dans les jeux de timbres du Premier. L’interprète restitue la poésie et la vitalité de ces deux concertos, grâce à son imagination et à son sens du rythme, sans en négliger la délicatesse. De même qu’elle se produit dans une tenue à chaque fois différente, Julia Fischer ne joue pas non plus le même bis pour remercier un public très enthousiaste, parmi lequel figure vendredi une admiratrice qui l’acclame avec hystérie. Celui de vendredi change de Bach et d’Ysaÿe – le troisième mouvement de la Sonate pour violon seul en sol mineur de Hindemith – tandis que dimanche, la violoniste fait mine de réfléchir à ce qu’elle pourrait bien jouer pour finalement porter son choix sur le Vingt-quatrième Caprice de Paganini.



A. Boreyko(© Wim Van Eesbeek)


Avec Andrey Boreyko, directeur musical depuis 2012, l’orchestre laisse une meilleure impression à l’issue du concert de dimanche qu’à la fin de sa prestation plus inégale de vendredi. Un point commun, cependant : la mise en place pèche un peu par manque de clarté et les échanges laissent trop souvent à désirer dans les deux concertos, malgré la réussite de nombre d’interventions solistes, notamment des bois. Le chef s’attache à fluidifier l’accompagnement mais l’orchestre ne met pas toujours parfaitement en valeur la clarté de l’orchestration. Les cordes paraissent même parfois désordonnées et ingrates dans la Cinquième Symphonie (1944), plus unies et avenantes, toutefois, dans les extraits de Roméo et Juliette (1936). Les bois s’avèrent, eux, plus constants, à la fois expressifs et précis, offrant même, comme la clarinette, la flûte et le hautbois, de véritables moments de grâce. Et le chef a bien raison de faire se lever la saxophoniste.


Les cuivres interviennent le plus souvent correctement, nets et éclatants aux moments les plus attendus, formidables dans les passages spectaculaires, comme la «Mort de Tybalt», annoncée aux timbales par l’impeccable Guy Delbrouck, à la présence toujours aussi rassurante. Les pupitres affichent une plus grande cohésion dans le ballet, plus abouti et prenant que la symphonie, à l’impulsion rythmique parfois faible, malgré la cohérence de la construction. Le chef dose rigoureusement la dynamique, trop étale, cependant, dans l’Andante qui supporte des contrastes plus marqués et des tempi plus serrés. Le caractère sarcastique de l’Allegro marcato s’affirme heureusement de justesse mais le mouvement aurait pu se conclure avec plus d’intensité. Andrey Boreyko réussit, en tout cas, l’Allegro giocoso, suffisamment décapant et mordant dans sa conclusion, dans laquelle il ne faut surtout pas hésiter à en faire trop.


Le site de Julia Fischer



Sébastien Foucart

 

 

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