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Hommages en série

Paris
Palais Garnier
12/01/2015 -  et 3, 5*, 7, 9, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 21, 22, 23, 24, 25, 30, 31 décembre 2015

Polyphonia

Christopher Wheeldon (chorégraphie), György Ligeti (musique), Holly Hynes (costumes), Mark Stanley (lumières)
Michel Dietin, Ryoko Hisayama (piano)


Alea Sands (création)
Wayne McGregor (chorégraphie), Pierre Boulez (musique: Anthèmes II), Haroon Mirza (scénographie), Lucy Carter (lumières)
Michael Barenboim/Hae-Sun Kang* (violon), Andrew Gerzso, Gilbert Nouno (Réalisation informatique musicale IRCAM)


Le Sacre du printemps
Pina Bausch (chorégraphie), Rolf Borzic (scénographie, costumes)
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Vello Pähn (direction musicale)
Les étoiles, les premiers danseurs et le Corps de ballet


Polyphonia (© Julien Benhamou/Opéra national de Paris)


En l’honneur de Pierre Boulez pour ses 90 ans, ainsi était voulu par la nouvelle direction de l’établissement ce programme du Ballet de l’Opéra national de Paris (BOP). Hommages en série car si la soirée commençait par des pièces de György Ligeti et se poursuivait par une pièce de Pierre Boulez, elle s’achevait avec Le Sacre du printemps dans la mythique chorégraphie de Pina Bausch, disparue en 2009.


Si les traits d’union de ce programme sont plus des pointillés, la cohésion des choix chorégraphique et musical s’est avérée assez cohérente. La succession de pièces pour piano de György Ligeti qui forme le support musical de la chorégraphie Polyphonia (2001) de Christopher Wheeldon, magnifiquement jouées par Michel Dietin (appuyé par Ryoko Hisayama pour celles à quatre mains) apporte le nerf et l’énergie à une danse extrêmement dynamique et rythmique. Wheeldon, dont c’étaient les débuts à l’Opéra de Paris, est plus connu chez nous pour sa participation au musical Un Américain à Paris au Théâtre du Châtelet, qui l’avait aussi invité avec le San Francisco Ballet. Le style du chorégraphe britannique s’inscrit dans une tradition néoclassique post-balanchinienne. Les danseurs vêtus de justaucorps violets et mauves dansent (sur pointes pour les femmes) sur des fonds de couleurs pâles, avec beaucoup de fluidité et d’élégance, une série de tableaux rythmés par les pièces toutes très percutantes de Ligeti, principalement des Etudes ou des extraits de Musica ricercata. La chorégraphie fourmille d’idées et la splendide distribution de jeunes danseurs de ce début de série (on en distingue Laura Hequet, Mélanie Hurel, Audric Bezard, Pierre-Arthur Raveau) rend magnifiquement justice à cette pièce dont l’entrée au répertoire est parfaitement justifiée et qui était la meilleure surprise de la soirée.


Alea Sands (© Julien Benhamou/Opéra national de Paris)


Suivait la création, confiée à l’Américain Wayne McGregor, qui a déjà donné quelques chorégraphies au BOP, la dernière étant en 2011 L’Anatomie de la sensation. Son choix s’est porté sur une œuvre de Pierre Boulez, Anthèmes II pour violon et électronique, et il s’est assuré le concours deHaroon Mirza et hrm 199 pour la scénographie et la composition d’électricité. On ne peut pas dire que l’on ait été très épaté par cette collaboration, qui a donné naissance au court prélude à Alea Sands, pendant lequel le plafond de Chagall est éclairé de façon intermittente et que courent sur le fond de scène des impressions visuelles qui reviennent à certains moments de la pièce. La chorégraphie de McGregor, pour laquelle la distribution comportait étoiles et premiers danseurs (Marie-Agnès Gillot, Jérémie Bélingard, Mathieu Ganio, Laura Hecquet) habillés de curieux collants à dessins losangiques noir et chair (Gareth Pugh), est très gymnique et musclée, comporte quelques duos très électriques qui collent parfaitement à la musique et aux éclairages inquiétants (Lucy Carter) et est toujours en accord avec la musique. Mais quelque chose fait qu’elle ne tient pas sur la durée, l’absence de développements lisibles peut être, et l’effet de surprise s’estompant vite, elle ne soutient pas l’intérêt pendant les trente minutes de sa durée malgré le caractère spectaculaire de sa scénographie. Musicalement, la pièce est restituée par une production informatique de l’IRCAM avec laquelle dialogue la superbe violoniste coréenne Hae-Sun Kang (alternant au cours de la série avec Michael Barenboim).



Le Sacre du printemps (© Julien Benhamou/Opéra national de Paris)


Après la longue et rituelle installation de terre sur la scène, un prologue beaucoup plus spectaculaire cette fois, la soirée s’achève avec le mythique et quarantenaire Sacre du printemps de Pina Bausch, au répertoire depuis 1997, dont l’élue est dansée par Eleonora Abbagnato. Ce Sacre est probablement celui qui colle au plus près de la brutalité animale de la musique de Stravinski. Le sacrifice païen prend tout son sens dans ce cadre vide seulement meublé de terre, qui petit à petit colle à la peau des danseurs, rendu absolument magique par les éclairages savants qui en soulignent toute la violence. Les danseurs s’y donnent à fond, hypnotisés, aucun ne tire la couverture à soi, c’est probablement la plus forte chorégraphie de groupe jamais écrite dont personne, danseur ni spectateur n’est jamais sorti indemne.



Olivier Brunel

 

 

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