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Amours, opium et trahison

Paris
Opéra Bastille
11/17/2015 -  et 19, 20, 24, 29 novembre, 3, 4*, 6, 7, 9, 10, 12, 14, 16, 18, 19, 21, 22, 24, 26, 28, 30, 31 décembre 2015
La Bayadère (arrangements John Lanchbery)
Rudolf Noureev (chorégraphie et mise en scène, d’après Marius Petipa et Sergueï Khoudekov), Ludwig Minkus (musique)
Amandine Albisson*/Héloïse Bourdon/Dorothée Gilbert/Laura Hecquet/Myriam Ould-Braham/Kristina Shapran (Nikiya), François Alu/Isaac Hernández/Kimin Kim/Mathias Heymann/Josua Hoffalt* (Solor), Marion Barbeau/Valentine Colasante*/Charline Giezendanner/Hannah O’Neill/Ida Viikinkoski (Gamzatti), Bruno Bouché*/Laurent Novis (Le Rajah), Yann Chailloux/Guillaume Charlot/Yann Saïz* (Le Grand Brahmane), Audric Bezard*/Mickaël Lafon/Florian Magnenet/Jérémy-Loup Quer/Yann Saïz (L’Esclave), François Alu/Antoine Kirscher/Pierre-Arthur Raveau*/Fabien Revillion/Emmanuel Thibault (L’Idole dorée), Lucie Clément/Charline Giezendanner*/Eleonore Guérineau/Aubane Philbert/Sylvia-Christelle Saint-Martin (Manou), Antoine Kirscher/Pablo Legasa/Antonin Monié/Hugo Vigliotti* (Le Fakir), Corps de ballet et élèves de l’Ecole de danse
Orchestre Colonne, Fayçal Karoui (direction musicale)
Ezio Frigerio (décors), Franca Squarciapino (costumes), Vinicio Cheli (lumières)


A. Albisson (© Little Shao/Opéra national de Paris)


Le Ballet de l’Opéra national de Paris danse jusqu’à fin décembre l’increvable Bayadère, qui a été la dernière chorégraphie réalisée en 1992 avant sa disparition par Rudolf Noureev dans de somptueux décors d’Ezio Frigerio inspirés du Taj Mahal. Rêve oriental flamboyant avec éléphant, tigre, serpent dans une corbeille de fleur, danseuse empoisonnée, amours opium et trahisons, pas de deux vertigineux et tutus exotiques: de qui faire rêver tous les publics, en famille ou non! Dorothée Gilbert et Mathias Heymann sont les danseurs étoiles de la prestigieuse première distribution; il était intéressant de surveiller celles comprenant de plus jeunes danseurs et les étoiles russe invitées au moment des fêtes et la venue surprise d’Isaac Hernández de l’English National Ballet, appelé à remplacer un danseur blessé.


On retrouve avec bonheur ce très somptueux spectacle, peut être celui du legs de Rudolf Noureev au Ballet de l’Opéra de Paris à avoir, pour l’esthétique et la mise en scène, le mieux résisté au temps. D’emblée une remarque, l’indispensable discipline de fer qui régnait sur le Ballet semble avoir laissé la place à plus de relâchement. Corollaire, les danseurs semblent plus à l’aise, moins corsetés dans le carcan d’une tradition à maintenir coûte que coûte et leur interprétation est plus fluide, moins formatée qu’elle ne l’était lors des dernières reprises. Mais, est-ce malchance, le soir où nous l’avons vu, on ne comptait pas les petits décalages, les portés hésitants, les flottements dans les ensemble, même une danseuse à terre dans le tableau des Ombres... Et que dire de la simplification de certains pas? Il se dit que les danseurs trouveraient les chorégraphies de Noureev trop exigeantes. La preuve en était faite dans cette représentation avec, nous a t-il semblé, pas mal de petites difficultés escamotées, la plus flagrante étant l’abandon au III par le danseur étoile Josua Hoffalt, interprète de Solor, rôle dans lequel il a été nommé en 2012, du manège de doubles assemblés remplacé par un manège moins périlleux. On ne peut hélas vivre sans ses souvenirs et si l’ensemble de sa prestation était par ailleurs satisfaisante, ce jeune danseur n’a pas l’allure princière ni le charisme du rôle. Dans celui de Gamzatti, la première danseuse Valentine Colasante appelle les mêmes réserves. Danse impeccable, interprétation convaincante mais on a du mal à croire qu’elle joue la fille d’un rajah.


Amandine Albisson, jeune étoile, qui dansait le rôle titre s’y est illustré avec honneur, même si là encore comparaison n’est pas raison... Technique impeccable, très belle fluidité, compréhension parfaite de l’ambivalence du personnage et élégance parfaite même si l’on pourrait attendre un travail des bras un peu plus fouillé pour incarner une danseuse hindoue. Dans ce trio de tête, c’est cette très jolie danseuse qui s’imposait et a donné un véritable fil conducteur à la représentation.


Mais la réussite de l’ensemble tient aussi à des nombreux rôles secondaires qui étaient tous parfaitement tenus tant le Rajah et le Grand Brahmane tous deux de grande classe par Bruno Bouché et Yann Saïz, l’Esclave d’Audric Bezard, L’Idole dorée de Pierre-Arthur Raveau et les trois Ombres solistes Marion Barbeau, Mélanie Hurel et Fanny Gorce, qui ont dansé ces difficiles variations avec beaucoup de grâce et de virtuosité. Le corps de ballet a donné à la descente des ombres lors du rêve opiacé de Solor, tableau le plus impressionnant de ce ballet, toute sa solennité et son mystère. L’Orchestre Colonne dirigé par Fayçal Karoui a, parfois avec un peu trop de lenteur mais sans complaisances pour le caractère orientalisant de la musique de Minkus, donné toute son unité à ce grand et légendaire spectacle.



Olivier Brunel

 

 

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