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Au cœur de la Russie

Paris
Philharmonie 1
11/19/2015 -  et 13 (Plaisir), 15 (Sarcelles), 21 (Rueil-Malmaison) novembre 2015
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2, opus 18
Anna Clyne : This Midnight Hour
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 2 «Petite-Russienne», opus 17

Jean-Efflam Bavouzet (piano)
Orchestre national d’Ile-de-France, Enrique Mazzola (direction)


J.-E. Bavouzet (© Benjamin Ealovega)


Avant de donner le programme russe prévu pour son deuxième concert à la Philharmonie, l’orchestre francilien tient d’abord à rendre hommage aux victimes des attentats du 13 novembre : Enrique Mazzola dirige l’Adagio pour cordes de Samuel Barber, où il obtient de ses musiciens une belle homogénéité pour une lecture d’un lyrisme fervent, mais jamais larmoyant.


Jean-Efflam Bavouzet s’impose ensuite, dès les premiers accords, dans un Deuxième Concerto de Rachmaninov à la fois lumineux et inventif, trouvant l’équilibre entre la liberté rhapsodique et le sens de la forme. Ce n’est pas avec lui que la partition s’engluera dans la guimauve ou exhibera une virtuosité creuse : il suit fidèlement les traces du compositeur lui-même, à travers aussi la profondeur colorée du toucher. On regrette seulement que l’orchestre, sans doute à cause de l’acoustique, avale parfois le clavier dans le premier mouvement, alors qu’Enrique Mazzola rejoint le pianiste pour refuser un romantisme de pacotille : la musique de Rachmaninov retrouve son lyrisme flamboyant et généreux. Bis poétique, aux contours subtils, pas évanescents : « La Fille aux cheveux de lin » de Debussy.


Prévue en ouverture, la création de la jeune Anglaise Anna Clyne, associée à l’orchestre depuis la saison précédente, inaugure la seconde partie du concert. Mais This Midnight Hour, inspiré de « Harmonie du soir » de Baudelaire et de « En miroir » de Juan Ramón Jiménez, ne laisse guère de souvenir, malgré une maîtrise certaine, parfois même brillante, de l’écriture orchestrale. Pas seulement parce qu’une tonalité assez régressive y revient souvent à grand pas : on y sent plus la digestion que l’invention, avec, notamment, une fin où l’ombre de Sibelius devient envahissante.


Mazzola jette enfin une lumière crue sur la Deuxième Symphonie, la « Petite-Russienne » de Tchaïkovski, qu’il empoigne littéralement, dans un geste très physique, très dramatique aussi : loin de la traiter en œuvre mineure, il l’apparente aux grandes symphonies de la maturité. Très axée sur le rythme, la direction est narrative, chorégraphique même, comme si le compositeur de ballet perçait sans cesse sous le symphoniste. Lecture tendue, acérée, aux angles droits, aux couleurs vives, presque moussorgskienne, très loin de l’image du Tchaïkovski « occidentalisé ». Ce n’est pas une Ukraine de carte postale, c’est celle de la steppe embrasée par le soleil, celle de Tarass Boulba, que le Finale emporte dans un tourbillon dionysiaque. Second bis pour terminer le concert : un éblouissant « Krakowiak », troisième volet de la suite Polonia d’Andrzej Panufnik, qui témoigne, comme le reste du programme, de la qualité du travail accompli par le directeur musical de l’ONDIF.



Didier van Moere

 

 

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