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Three men show Mons Théâtre royal 10/29/2015 - Antonio Vivaldi: Concerto pour quatre violons, opus 3 n° 10, RV580: Allegro – Concerto pour deux violons, opus 3 n° 8, RV 522: Allegro
Niccolò Paganini: Mosè-Fantasia
Piotr Ilyitch Tchaïkovski: Valse-Scherzo, opus 34
Maurice Ravel: Tzigane (transcription David Walter)
Camille Saint-Saëns: Introduction et Rondo capriccioso, opus 28
Nino Rota: Concerto per archi
Johannes Brahms: Danse hongroise n° 1
Georges Bizet: Carmen: extraits (transcription David Walter) Trilogy: Lorenzo Gatto, Yossif Ivanov, Hrachya Avanesyan (violon)
Orchestre royal de chambre de Wallonie, Jean-François Chamberlan (violon et direction)
Bien connus en Belgique suite à leur participation au concours Reine Elisabeth, couronnée de succès pour deux d’entre eux, Hrachya Avanesyan, Lorenzo Gatto et Yossif Ivanov forment l’ensemble Trilogy depuis 2011. Jeunesse, amitié et excitation, voilà la raison d’être de ce trio et ce à quoi le public a eu droit, ce jeudi soir, au Théâtre royal de Mons, loin d’avoir affiché complet malgré une affiche pour le moins cool. Augustin Dumay a dû renoncer à se produire avec ses anciens élèves à cause d’un «cas de force majeure». La confrontation entre ces violonistes de générations différentes n’aurait pas manqué de sel.
Le trio apparait d’abord au complet dans l’Allegro du Concerto pour quatre violons de Vivaldi, avec Jean-François Chamberlan, le violon conducteur, qui regagne ensuite sa place habituelle pour l’Allegro du Concerto pour deux violons du Prete rosso, joué à trois violons. Fluide et animée, convenable sur la forme comme sur le fond, la prestation atteste, sans surprise, de la complicité entre les jeunes gens. Lorenzo Gatto raconte ensuite une histoire, à moins qu’il ne s’agisse d’une légende, à propos de Paganini qui, en prison, continua à jouer du violon sans disposer de cordes de rechange, celles de son instrument se cassant au fur et à mesure. Il n’en utilise ainsi qu’une seule, la plus grave, dans Mosè-Fantasia, d’après l’opéra de Rossini. Une telle pièce semble constituer un véritable tour de force pour l’interprète, un peu comme lorsqu’un pianiste joue une œuvre pour la main gauche en tentant d’immobiliser la droite. L’exécution a de quoi intriguer et, telle une esquisse, laisse imaginer comment l’œuvre sonnerait si toutes les cordes étaient sollicitées.
Yossif Ivanov enlève ensuite la Valse-Scherzo de Tchaïkovski avec une facilité apparente et autant de légèreté que d’élégance mais l’accompagnement comporte de fâcheux décalages. Au tour, maintenant, de Hrachya Avanesyan de jouer sans ses comparses, dans une transcription par David Walter de Tzigane de Ravel. Le violoniste, au jeu intense et chaleureux, mais sans esbroufe, a le mérite de susciter de l’intérêt dans une œuvre que l’on n’écoute plus vraiment à force d’être trop souvent exécutée: discours élaboré et à flux tendu mais accompagnement manquant, à nouveau, de rigueur. Autre ouvrage trop fréquemment joué, l’Introduction et Allegro appassionato de Saint-Saëns se présente sous un aspect inhabituel, les trois violonistes s’échangeant la partie soliste avec complicité, élégance et décontraction – Lorenzo Gatto l’a déjà interprété avec l’orchestre, dans cette salle, il y a cinq ans, presque jour pour jour. Fluidité et virtuosité caractérisent également la Première Danse hongroise de Brahms, abordée avec toujours autant d’aisance et de bon goût. Les extraits de Carmen, transcrits, une fois de plus, par David Walter, et qui figuraient aussi au programme du concert d’il y a cinq ans, se caractérisent par un enthousiasme contagieux.
Les comparses ont également disséminé des surprises dans le programme, en l’occurrence de la musique de film: Pulp Fiction, d’une épatante virtuosité, La Liste de Schindler, joué avec juste ce qu’il faut de profondeur et d’émotion, et Il était une fois dans l’Ouest, entamé tout de suite après la pause, les violonistes se dirigeant lentement et mystérieusement vers la scène à partir de différents côtés de la salle pour produire un effet sonore assez surprenant. Lorenzo Gatto, Yossif Ivanov et Hrachya Avanesyan prennent manifestement du plaisir et mettent le public dans leur poche tout en livrant une prestation soignée qui atteste la formation de haut vol qu’ils ont reçue. L’orchestre, toutefois, ne démérite pas. En milieu de seconde partie, le Concerto pour cordes de Rota témoigne d’un travail approfondi – mise en place précise, sonorité homogène – qui compense les faiblesses relevées précédemment.
Le site de Trilogy
Sébastien Foucart
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