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Festival de Savonlinna

Savonlinna
Olavinlinna
07/03/1999 -  Du 3 au 31 juillet


Ilot verdoyant perdu au milieu d’une multitude de lacs, la ville de Savonlinna est une invite au dépaysement. Une bouffée de fraîcheur incitant au délassement, à la paresse. Riche de ces atouts estivaux, la petite bourgade finlandaise accueille depuis bientôt un siècle les amateurs d’art lyrique pour un festival tout entier dédié au chant. Comble de magie, les représentations ont lieu tantôt dans une grotte gigantesque (Retretti) tantôt dans la cour d’une forteresse médiévale (Olavinlinna). Arborant l’un et l’autre de somptueux murs de roches ou de pierre, ces sites sont des décors rêvés par tout metteur en scène. Il ne manque alors plus rien au plaisir que la musique, savamment orchestrée dans ces précieux écrins.

Outre ses productions nationales, Savonlinna reçoit chaque été en résidence un opéra étranger. Cette année, l’Opéra National du Rhin est venu présenter son admirable Dialogues des Carmélites (mis en scène par Marthe Keller) ainsi que le Freischütz, deux spectacles qui viennent compléter une programmation intéressante et éclectique.

L’édition 2000 :
Pour l’an 2000, le festival réserve à ses fidèles la création d’un triptyque opératique dont la composition est assurée par Kalevi Aho, Olli Kortekangas et Hermann Rechberger. Chacun des ces artistes a écrit un ouvrage séparé devant être représenté la même soirée sous le nom de " L’âge des rêves " (The Age of dreams). Les différentes parties de cette trilogie sont reliées par le livret de Paavo Rintala qui a imaginé les pérégrinations au coeur de l’Europe d’un voyageur. L’opéra invité sera le nouvel opéra d’Israël, qui viendra avec deux productions : l’Elixir d’amour de Donizetti et Elektra de Richard Strauss. Pour compléter ce programme, le festival reprendra Faust, La Force du Destin, ainsi que La Flûte Enchantée (production de 1973).

Olavinkatu 27, FIN-57130 Savonlinna
Tel. +358-15-476 750
Fax. +358-15-476 7540
www.operafestival.fi
Email :
info@operafestival.fi


5, 9, 14, 17, 21 juillet 1999
Château d’Olavinlinna
Pietro Mascagni : Cavalleria Rusticana
Malgorzata Walewska (Santuzza), Kaludi Kaludow (Turiddu), Eeva-Liisa Saarinen (Lucia), Juhan Kotilainen (Alfio), Riita-Maija Ahonen (Lola)
Ruggiero Leoncavallo : Pagliacci
Jyrki Niskanen (Canio, Pagliaccio), Karen Parks (Nedda, Colombine), Jukka Rasilainen (Tonio, Taddeo), Alamikkotervo (Beppe, Harlequin), Brett Polegato (Silvio)
Orchestre du Festival de Savonlinna, Eri Klas (direction musicale)
Kari Heiskanen (mise en scène)

Exploitant résolument le parti du spectacle unique en réunissant comme de coutume les deux courtes pages véristes de Mascagni et Leoncavallo, Kari Heiskanen mise sur l’identité des décors et la similarité de l’approche. Parti pris à la fois facile et audacieux qui dessert autant Cavalleria qu’il dynamise Pagliacci. Dans le premier, les existences de Lucia, Santuzza et Turiddu semblent bien morne et ennuyeux, perdus dans une foule de danseurs et de choeurs qui ne cessent de tournoyer, courir, s’agiter. On ne s’attache pas à ces personnages qui traînent désespérément, à renfort de gestes inutiles, un vide existentiel et une incapacité à exprimer la douleur et le combat dans son intériorité. Faute au metteur en scène qui s’est davantage intéressé aux mouvements de foules qu’aux destins particuliers. Faute aux chanteurs qui peinent à incarner des personnages qui les dépassent et dont ils s’appliquent trop à vaincre les failles vocales. Reste toutefois, une jolie performance de la mezzo Eeva-Liisa Saarinen, au timbre charnue et puissant.

La fantaisie et l’abondance sient mieux au burlesque de Pagliacci, notamment dans une pantomime échevelée et irrésistible. Si les puristes crient au désastre, il n’empêche que la musique n’est jamais sacrifiée et que l’ensemble fonctionne parfaitement bien. Côté chanteurs, les performances demeurent modestes, avec une soprano qui n’a aucunement les moyens de Nedda mais qui s’intègre naturellement à la mise en scène. Chez les hommes, on ne cessera de vanter les mérites des voix finlandaises, solides et timbrés, résistant à toutes les épreuves sans toutefois faire preuve ici d’une finesse absolue. Les choeurs, en revanche, sont véritablement exceptionnels, arborant des couleurs absolument magnifiques dans tous les pupitres, chantant comme une seule voix, avec nuances, inspiration et puissance. Un réel bonheur. Quant à la direction d’Eri Klas, elle se contente d’être correcte, manquant parfois de précision et de rythmes, se laissant trop emporter par l’enthousiasme au détriment de la justesse d’intention.


3, 7, 12, 15, 20, 23 juillet 1999
Château d’Olavinlinna
Giuseppe Verdi : La Force du destin
Elena Zelenskaya (Leonora di Vargas), Raimo Laukka (Don Carlo di Vargas), Raimo Sirkiä (Alvaro), Julian Konstantinov (Padre Guardiano)
Orchestre du Festival de Savonlinna, Pertti Pekkanen (direction musicale)
Michael Hampe (mise en scène)

Décor sobre, sans recherche de modernité à tout prix, le théâtre de La Force du destin respecte les codes d’un classicisme dépouillé. Un dénuement qui renforce le caractère noir et dramatique de l’oeuvre. Un minimalisme qui souligne le tempérament baroque d’une intrigue dans laquelle le sentiment n’existe pas sans flamme. Au coeur de cette tourmente, Elena Zelenskaya est une Leonora ardente dont l’incarnation impeccable fait oublier que la voix n’a que des aigus, le reste de la tessiture s’avérant terne et décoloré. Fragilité technique encore accentuée par une absence de legato, produisant un désagréable enchaînement de sons martelés. Alvaro bénéficie quant à lui du ténor solide au timbre acide et puissant de Raimo Sirkiä, tandis que le baryton sain aux couleurs sombres de Don Carlo complète une distribution parfaitement à la hauteur de l’oeuvre. L’ensemble pèche toutefois par un manque de rythme théâtral et de fluidité musicale. En favorisant la précision et la clarté orchestrale, Pertti Pekkanen s’abandonne à une battue trop métronomique et sèche, oubliant une souplesse que l’on retrouve qu’au sein d’un choeur homogène et somptueux.

10, 13, 16, 19, 22, 24 juillet 1999
Château d’Olavinlinna
Charles Gounod : Faust
Jianyi Zhang (Faust), Robert Hale (Mephisto), Lena Nurdin (Marguerite), Gabriel Suovanen (Valentin), Dan Karlström (Siebel), Taru Valjakka (Marthe)
Orchestre du Festival de Savonlinna, Vello Pähn (direction musicale)
Vilppu Kiljunen (mise en scène)

Avant que ne débute le spectacle, avant que la musique ne hante la fosse de son grondement, trois spectres féminins vêtus de blancs se livrent à de convulsives contorsions. Sortes de vierges folles, ces trois silhouettes ne cesseront d’êtres les ombres de Méphisto pendant l’ensemble de l’opéra. On ne comprend pas vraiment pourquoi, on ne saisit pas la justification de cette inquiétante présence et finalement, on finit par l’oublier. Pour se concentrer sur le reste de l’oeuvre, plongée dans un Moyen-âge millénariste peuplée de sorcières et de squelettes. Période violente et sombre, teintée par la mort et le sang, fréquentée par des militaires vêtus de cuir et de clou. Approche vénéneuse et esthétique au service d’une direction d’acteurs par ailleurs relativement classique bien qu’elle soit éclairée par quelques idées originales. Comme celle de confier le rôle de Siebel à un ténor juvénile et léger ou celle de transformer Valentin en brute sanguinaire parce qu’il est brisé et rongé par le déshonneur de sa soeur.

Sur le plan musical, l’orchestre ne brille hélas que par sa fadeur et son manque de cohésion, par cette absence d’intensité dramatique qui fait la force de l’opéra. La distribution quant à elle est de bonne facture. Remplaçant au pied levé une Soile Isokoski souffrante, la Suédoise Lena Nurdin campe une Marguerite fragile mais déterminée, la voix se pliant sans difficulté aux exigences d’un rôle riche et passionnant. Le Faust de Jianyi Zhang est solide mais trop effacé théâtralement, le chanteur ne parvenant pas à suggérer toutes les ombres d’un personnage aux facettes infinies. Quant à Méphisto, incarné par un Robert Hale habitué du rôle, il brûle la scène de sa présence maléfique en arborant une voix saine et sure.




Katia Choquer

 

 

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