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Valeurs sûres

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Teatro alla Scala
10/14/2015 -  et 16, 19, 21, 24, 26, 28 octobre, 4 novembre 2015
Giuseppe Verdi: Falstaff
Nicola Alaimo (Falstaff), Massimo Cavalletti (Ford), Francesco Demuro (Fenton), Carlo Bosi (Cajus), Patrizio Saudelli (Bardolfo), Giovanni Parodi (Pistola), Eva Mei (Alice Ford), Eva Liebau (Nannetta), Marie-Nicole Lemieux (Mrs. Quickly), Laura Polverelli (Meg Page)
Choeur et Orchestre du Théâtre de la Scala, Daniele Gatti (direction)
Robert Carsen (mise en scène, lumières), Paul Steinberg (décors), Brigitte Reiffenstuel (costumes), Peter van Praet (lumières)


E. Mei, N. Alaimo (© Marco Brescia et Rudy Amisano)


Avant d’achever la saison 2014-2015 avec une reprise de Wozzeck, mis en scène par Jürgen Flimm et dirigé par Ingo Metzmacher (du 29 octobre au 13 novembre), le Théâtre de la Scala remonte le Falstaff (1893) de Robert Carsen, créé en janvier 2013 et coproduit avec le Covent Garden de Londres, la Canadian Opera Company de Toronto, le Metropolitan Opera de New York et le Nationale Opera d’Amsterdam.


Voici, par excellence, le genre de spectacle conçu pour durer. Les décors, pour commencer, sont magnifiques: un hôtel aux chaleureuses boiseries, une cuisine équipée typique des années 1950, comme dans Ma Sorcière bien aimée, une écurie, dans laquelle Falstaff se remet de sa mésaventure à côté d’un cheval broutant du foin mais c’est la seconde moitié du troisième acte qui porte le plus la marque du metteur en scène canadien – de la féerie, de la fantaisie et de beaux effets. Venu saluer le soir de la première, Carsen livre de l’ultime opéra de Verdi une interprétation traditionnelle par certains aspects – Falstaff portant, par exemple, des cornes à la fin –, peu audacieuse, encore moins provocatrice, mais bien pensée. Les idées amusantes agrémentent l’action sans détourner l’attention de l’essentiel. Et qu’elle est belle, celle, toute simple, consistant à faire défiler, sur une longue table recouverte d’une nappe blanche, les invités au banquet final.


La distribution forme un ensemble vif et harmonieux mais dont n’émergent que deux fortes personnalités: le Falstaff de Nicola Alaimo, d’abord, corpulent et débonnaire, comme prévu, mais plus jeune d’aspect qu’à l’accoutumée. Répondant parfaitement au profil du rôle, le baryton, qui joue la comédie sans forcer le trait, met en valeur un timbre accrocheur et conduit sa voix de belle façon, peaufinant le phrasé, l’intonation, l’émission. Comme le suggèrent les applaudissements qu’il reçoit lors des saluts, le public de la première ne semble pas regretter Ambrogio Maestri, qui a incarné le rôle durant les précédentes représentations de la production in loco. La Quickly de Marie-Nicole Lemieux, ensuite: cette authentique bête de scène, au sourire toujours aussi malicieux, déploie son mezzo glorieux dans ce rôle qui lui convient à la perfection. Massimo Cavalletti paraît, lui aussi, trop jeune en Ford, habillé comme un Texan lors de sa rencontre avec Falstaff, mais il en a la présence et l’autorité bourgeoise: une voix séduisante, un chant travaillé, mais plus un maillon inébranlable qu’une entité marquante. L’idylle entre Fenton (un des serveurs de l’hôtel) et Nanetta passe quelque peu au second plan, malgré, paradoxalement, un habile jeu de lumières destiné à les mettre en évidence lors de leurs furtives rencontres. Francesco Demuro et Eva Liebau forment un couple harmonieusement apparié mais ce ténor au joli timbre et ce soprano délicat chantent sans dépasser la ligne, comme si la passion laissait déjà la place à la tendresse.


Carlo Bosi, Patrizio Saudelli et Giovanni Parodi se montrent, quant à eux, bon comédiens en Cajus, Bardolfo et Pistola, et vocalement à la hauteur. Parmi les commères, enfin, la Meg Page de Laura Polverelli laisse peu de souvenirs, au contraire de l’Alice Ford d’Eva Mei grâce à un tempérament affirmé et à une belle voix, à la large tessiture. Dans la fosse, que des merveilles: Daniele Gatti dirige un orchestre magnifique de précision, de nuance, de vitalité, de limpidité, de souplesse, de tranchant. Bien qu’une interprétation plus palpitante et resserrée demeure envisageable, et même, par moments préférable, au risque de compromettre la beauté de la sonorité, entendre pour la première fois cet orchestre dans l’acoustique de cette salle mythique, où l’œuvre a été créée, constitue une expérience extraordinaire.



Sébastien Foucart

 

 

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