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A la découverte d’horizons nouveaux

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Victoria Hall
10/07/2015 -  et 8 octobre 2015 (Lausanne)
Robert Schumann: Concerto pour piano, opus 54
Anton Bruckner: Symphonie n° 7

Alexander Gavrylyuk (piano)
Orchestre de la Suisse Romande, Cornelius Meister (direction)


C. Meister (© Marco Borggreve)


Les archives des concerts de l’Orchestre de la Suisse Romande montrent qu’ils sont familiers du Concerto pour piano de Robert Schumann pour l’avoir joué avec en solistes des pianistes comme Clara Haskil, Dinu Lipatti, Radu Lupu, Nelson Freire et plus près de nous Nikolaï Lugansky.


Il est hélas à craindre que la prestation d’Alexander Gavrylyuk ne reste pas dans les mémoires. Le pianiste ukrainien avait démontré ses capacités techniques il y a deux saisons avec une intégrale des Concertos de Rachmaninov. Mais celui de Schumann est une œuvre autrement plus profonde. La multiplication de subito – presto, rallentandos, piano, forte... rend la lecture maniérée à l’extrême et les décalages avec un orchestre à la pulsation régulière déforment le discours musical. Le lyrisme et la poésie de l’œuvre ne peuvent se développer et il faut admettre que cette exécution est en dessous de ce que l’on est en droit d’attendre des concerts d’un ensemble comme l’OSR. En bis, Alexander Gavrylyuk joue la transcription par Horowitz d’après Liszt de la Marche nuptiale de Mendelssohn. La cascade de notes et la vélocité extrême impressionnent une partie du public mais le don de la musique est-il vraiment là dans cet exercice de haute voltige?


La seconde partie est bien plus intéressante. Elle nous permet de découvrir le jeune chef allemand Cornelius Meister qui, à 35 ans, est le directeur musical de l’Orchestre de la Radio autrichienne. Même si l’intégrale des Symphonies de Bruckner gravée par l’OSR et Marek Janowski est à marquer d’une pierre blanche (voir ici), ce compositeur n’est pas dans l’ADN de cet orchestre. La rencontre avec un style et une tradition austro-germaniques s’avère fascinante. Cornelius Meister est particulièrement attentif à une certaine longueur de ligne et de phrasé. Le soin donné à l’introduction aux violoncelles du premier thème de l’Allegro moderato initial est particulièrement remarquable. Les équilibres orchestraux ne se font pas au détriment des cordes, qui gardent plus de couleurs que par habitude. Pris à un tempo plutôt modéré, l’Adagio respire avec naturel et dégage une réelle profondeur. Les musiciens marquent cependant un peu le pas dans le Scherzo et les musiciens sont peut-être un pu fatigués dans un Finale où les équilibres sont un peu moins travaillés. Mais en dépit de ces petites imperfections, la dimension ce chef-d’œuvre est vraiment là.


Il sera passionnant de voir au cours des saisons si comment le son et le style de l’OSR va évoluer, le style de leur futur directeur musical Jonathan Nott, étant probablement assez proche de celui d’un Cornelius Meister. Mais au même titre qu’il est passionnant d’entendre des orchestres allemands, russes, asiatiques... jouer de la musique française, il est également passionnant de voir comment un orchestre de tradition française s’approprie la musique de Bruckner au contact d’un chef talentueux et stimulant comme Cornelius Meister.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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