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Une Turandot de grandes dimensions

Roma
Terme di Caracalla
07/15/2015 -  et 18, 20, 24, 28*, 31 juillet, 4, 8 août 2015
Giacomo Puccini : Turandot
Iréne Theorin*/Maria Billeri (Turandot), Max Renè Cosotti (L’Empereur Altoum), Marco Spotti (Timur), Jorge de León*/Antonello Palombi (Calaf), Rocío Ignacio*/Maria Katzarava (Liù), Igor Gnidii (Ping), Massimiliano Chiarolla (Pong), Gianluca Floris (Pang), Gianfranco Montresor (Un mandarin)
Coro del Teatro dell’Opera, Roberto Gabbiani (chef du chœur), Orchestra del Teatro dell’Opera, Juraj Valcuha*/Carlo Donadio (direction musicale)
Denis Krief (mise en scène, scénographie, costumes et lumières)


I. Theorin (© Yasuko Kageyama/Opera di Roma)


L’été lyrique romain se donne rendez-vous dans les Thermes de Caracalla, et le public peut jouir ainsi, entre les cyprès, de la compagnie attentive et silencieuse du clair de lune, où s’amortissent les rumeurs de la ville. Les dimensions manifestement plus vastes que celles de la salle du Teatro Costanzi induisent des adaptations auxquelles la pompe de Turandot s’est souvent pliée au fil de l’histoire de l’institution italienne. Après avoir signé la mise en scène de Rusalka en ouverture de saison fin novembre l’année dernière, Denis Krief fait avec l’ultime opus de Puccini une nouvelle démonstration de son talent scénographique. Aux commandes de l’ensemble des paramètres théâtraux de la production, il sait prendre en compte les particularités du plein air comme de la monumentalité résiduelle de l’Antiquité. Sur des linéaments en tons boisés, le décor unique ne s’abîme point dans l’exotisme ni la pacotille, sans pour autant se limiter à une expression minimaliste de l’oppression politique. On pourra toujours remarquer l’ascendance d’un Chirico dans les visages vides en têtes de quilles blanches, qui participent de l’intention d’abord visuelle de l’ensemble, tandis que les éclairages ne manquent pas d’efficacité poétique, à l’image de la mort de Liù baignée dans d’émouvantes teintes nocturnes.


C’est justement sur les dernières notes de la main du compositeur que s’achève le spectacle, à rebours de tentatives d’achèvement, toutes sujettes à discussion – d’Alfano à Berio. Plutôt que paresse musicologique, la solution s’inscrit ici dans l’économie générale du spectacle et ne souffre aucune impression d’artifice ou d’orthodoxie textuelle. Souvent confié à des «lasers» wagnériens, le rôle-titre trouve en Iréne Theorin l’illustration d’une puissance impérieuse à l’impact évident qui n’a nul besoin de s’encombrer d’inutiles lourdes vocales. En Calaf, Jorge de León affirme une indéniable présence. Marco Spotti ne démérite aucunement en Timur, et l’Empereur Altoum confié à Max Renè Cosotti se révèle à l’avenant. Rocío Ignacio dévoile une touchante vulnérabilité en Liù, sans jamais sacrifier l’intégrité des moyens vocaux. On appréciera le trio Ping, Pong et Pang, à travers les gosiers respectifs d’Igor Gnidii, Massimiliano Chiarolla et Gianluca Floris, sans oublier l’apparition de Gianfranco Montresor en Mandarin. Parachevant le métier du chœur préparé par Roberto Gabbiani, Juraj Valcuha exalte les couleurs et les textures de l’orchestre, et se confirme comme une des plus attachantes baguettes de fosse d’aujourd’hui. On en pardonnera les surprises de l’homogénéisation acoustique par amplification – en particulier des chanteurs – auxquelles l’oreille accepte en fin de compte de s’habituer.



Gilles Charlassier

 

 

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