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Un équilibre idéal Paris
Midis musicaux du Châtelet
03/26/2001 -
Joseph Haydn
Trio n° 25 en mi mineur, Hob XV. 12 ;trio n° 32 en la majeur, Hob. XV. 18 ; trio n° 42 en mi bémol majeur, Hob. XV. 30.
Patrick Cohen, pianoforte, Erich Höbarth, violon, Christophe Coin, violoncelle.
S'il l'on est aujourd'hui convaincu que les tout premiers trios de Haydn furent écrits pour clavecin, on ne doute plus que l'essentiel de son abondante production en ce domaine (le musicologue H.C. Robbins Landon en dénombre 45) le fut pour Hammerflügel,autrement dit pour le pianoforte. Or de nos jours, ils sont souvent interprétés avec un piano, comme par exemple dans l'enregistrement intégral du Beaux-Arts Trio.
Dès les premières mesures, l'option pianoforte démontre toute son intelligence ! L'équilibre paraît idéal entre les trois instruments. Christophe Coin, initiateur de ce cycle Haydn de trois concerts aux Midis Musicaux du Châtelet, a brièvement pris la parole pour expliquer ce choix et celui de l'instrument, une copie par Christopher Clarke d'un instrument très semblable à celui qui aurait appartenu à Haydn, un modèle d'Anton Walter des années 1790. Dans ces œuvres, Haydn tend souvent à fondre les trois instruments en un seul par la nature même de son écriture, avec la main gauche du clavier doublée par le violoncelle et la main droite par le violon. L'équilibre est donc sans doute mieux atteint avec le son plus feutré, plus doux, plus fragile du pianoforte qu'avec un grand piano de concert moderne.
Toute la saveur de la musique de Haydn, son inventivité mélodique et rythmique, ressort alors. Le dialogue et l'écoute entre les trois instrumentistes est parfait, qu'il s'agisse de graduer un crescendo, de mettre en valeur les passages contrapuntiques, de scander les sections homorythmiques. L'instrument-trio passe du murmure à une puissance tout à fait impressionnante, sous-tendue par la basse chaleureuse du violoncelle de Christophe Coin. Pas une minute d'ennui ou de redondance dans cette musique qui va constamment de l'avant, avec un sens inné du ressort dramatique, des contrastes. Les merveilleux andante avec leur thème initial joué au pianoforte, appuyé par les pizzicati des cordes, s'enchaînent sans transition avec des finals endiablés, tels l'allegro du trio n° 32 ou le presto du trio n° 42 qui évoque tout à fait un scherzo beethovénien. En bis, l'ensemble a joué le brillantissime Rondo du trio en sol majeur n°39, Hob. XV n° 25, intitulé dans une édition de 1795 Rondo in the Gypsie's stile !
Une fois encore les Midis musicaux démontrent la qualité de leur programmation avec cette série Haydn qui se poursuit avec le quatuor Mosaïques de Christophe Coin, en deux concerts, ce mercredi 28 mars et ce vendredi 30 mars. Le premier explorera l'influence populaire et tzigane, le second évoquera le printemps avec les quatuors Lever de soleil et L'Oiseau. A ne pas manquer.
Florence Trocmé
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