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Pureté du mouvement

Lyon
Opéra
09/08/2015 -  et 9, 11*, 12, 13, 15, 16 septembre 2015
Jirí Kylián : Bella Figura
Lukas Foss : Salomon Rossi Suite: Lento & Andante
Giovanni Battista Pergolesi : Stabat Mater: Ouverture & Quando corpus
Alessandro Marcello : Concerto pour hautbois et cordes en ré mineur: Adagio
Antonio Vivaldi : Concerto pour deux mandolines et cordes, RV532: Andante
Giuseppe Torelli : Concerto grosso opus 8 n° 6: Grave
Kristina Bentz*, Dorothée Delabie*, Caelyn Knight*, Amandine Roque de la Cruz*, Julia Carnicer*, Tyler Galster*, Raúl Serrano Núnez*, Leoannis Pupo Guillen*, Edi Blloshmi*, Emiko Flanagan, Jacqueline Bâby, Noëllie Conjeaud, Annabelle Peintre, Ashley Wright, Pavel Trush, Adrien Delépine
Jirí Kylián (chorégraphie, scénographe et lumières), Joke Visser (costumes)


Jirí Kylián : Heart’s Labyrinth
Arnold Schoenberg : Begleitungsmusik zu einer Lichtspielszene, opus 34 – Ein Stelldichein
Anton Webern : Cinq pièces pour orchestre, opus 10
Antonín Dvorák : Nocturne en si majeur pour orchestre à cordes, opus 40
Aurélie Gaillard*, Adrien Delépine*, Raúl Serrano Núñez*, Ashley Wright, Ludovick Le Floc’h, Tyler Galster (trio), Dorothée Delabie*, Leoannis Pupo Guillen*, Kristina Bentz, Marco Merenda (premier duo), Caelyn Knight*, Adrien Delépine*, Raúl Serrano Núñez*, Tadayoshi Kokeguchi*, Graziella Lorriaux, Ludocick Le Floc’h, Tyler Galster, Simon Galvani (quartet), Annabelle Peintre*, Edi Blloshmi*, Jacqueline Bâby, Marco Merenda (second duo)
Jirí Kylián (chorégraphie, scénographie, lumières et costumes), Joop Caboort (réalisation des lumières)


Jirí Kylián : 27’52’’
Dirk Haubrich : Création inspirée de la Symphonie n° 10 de Gustav Mahler
Kristina Bentz*, Tadayoshi Kokeguchi*, Annabelle Peintre*, Raúl Serrano Núñez*, Caelyn Knight*, Adrien Delépine*, Aurélie Gaillard, Leoannis Pupo Guillen, Amandine Roque de la Cruz, Tyler Galster, Ashley Wright
Jirí Kylián (chorégraphie et décors), Joke Visser (costumes), Kees Tjebbes (lumières)


Bella Figura (© Michel Cavalca)


A l’Opéra de Lyon, la tradition de la rentrée ne connaît pas l’exception, et, selon l’usage, la maison inaugure sa saison avec un spectacle chorégraphique, en contrepoint de la Biennale, rendez-vous culturel majeur de chaque automne dans la Cité des Gaules – d’art contemporain cette année après celle de la danse en septembre dernier, au gré de l’alternance consacrée. Le programme proposé par le Ballet de l’Opéra est placé sous l’égide de Jirí Kylián, figure majeure de la scène contemporaine, depuis plusieurs décennies, et offre un remarquable aperçu du corpus de celui que l’on a aussi justement célébré comme directeur du Nederlands Dans Theater.


Ouvrant la soirée, Bella Figura condense précisément l’esthétique du créateur tchèque, synthèse entre pureté plastique et intensité expressive. Scandée par des effets de lourds rideaux lie-de-vin, la pièce magnifie une virtuosité décantée et fascinante, sur un spicilège de musique baroque – ou la pastichant, à l’image de la Salomon Rossi Suite de Lukas Foss – construit autour de deux extraits du Stabat Mater de Pergolèse. La modération des tempi – tous des andante, adagio ou lento – soutient une atmosphère d’intemporalité presque éthérée, à laquelle seul un duo où les mains se frôlent au ralenti à l’écoute du silence peut apporter une conclusion. La théâtralité économe de la dramaturgie dégage une pudeur empreinte de sincérité que l’Andante du Concerto pour deux mandolines de Vivaldi exprime avec toute la fragilité de pantins, aux mouvements affectés d’une sorte de bégaiement mécanique, auxquels l’ensemble de robes magenta uni-genres et torse nus vient offrir un écrin, à la manière d’un tutti reprenant la mélodie mélancolique des solistes. A n’en pas douter, l’écriture de Kylián démontre une musicalité qui n’a nul besoin de s’asservir au métronome des partitions sur laquelle elle s’élabore.



Heart’s Labyrinth (© Michel Cavalca)


On la retrouve dans Heart’s Labyrinth, qui se livre comme un carnet de notations à la suite du suicide d’une des danseuses de sa compagnie. Sculptant la pantomime à la façon de tableaux mobiles, l’ouvrage met, avec un admirable instinct narratif, des pas sur la Musique d’accompagnement pour une scène de film de Schoenberg ou sur l’Opus 10 de Webern. Le quatuor au sein duquel la vulnérabilité de Caelyn Knight se détache sur le trio masculin formé par Adrien Delépine, Raúl Sarrano Núñez et Tadayoshi Kokeguchi, en témoigne éloquemment, tandis que le duo sur le Nocturne pour cordes de Dvorák contraste, sans rupture, par ses élans intimistes qui tirent du vocabulaire romantique ses plus profondes ressources extatiques, dessinés avec conviction par Annabelle Peintre et Edi Blloshmi.



27’52’’ (© Michel Cavalca)


L’instinct de composition de l’artiste tchèque s’affirme encore davantage dans 27’52’’, qui, après la précédente l’année dernière, constitue la onzième pièce du chorégraphe à faire son entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon. Dirk Haubrich a imaginé un canevas hétéroclite à partir de deux motifs suspendus extraits de la Dixième Symphonie de Mahler, dans lequel on reconnaît les vers de L’Albatros de Baudelaire, le tout constellé de matière électroacoustique. La complexité des rapports humains affleure dans une scénographie minimaliste autour d’un tapis sous lequel les protagonistes glissent de temps à autre. Plus hétérogène que le reste de la soirée, plus direct peut-être aussi, 27’52’’ traduit les apports expérimentaux de modernités d’horizon divers dans un spectacle marqué du sceau d’une originalité irréductible, passeport pour un sorte de nouveau classicisme auquel on peut identifier Kylián, et qui sied si bien à la compagnie lyonnaise.



Gilles Charlassier

 

 

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