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Amour de vacances

Bruxelles
Cirque royal
09/08/2015 -  et 9, 10, 11, 13*, 15, 16, 17, 18 septembre 2015
Gaetano Donizetti: L’elisir d’amore
Olga Peretyatko*/Anne-Catherine Gillet (Adina), Dmitry Korchak*/Antonio Poli (Nemorino), Aris Argiris*/Armando Noguera (Belcore), Simón Orfila*/Riccardo Novaro (Dulcamara), Maria Savastano (Giannetta)
Chœurs de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs), Académie de chœur de la Monnaie, Benoît Giaux (direction), Orchestre symphonique de la Monnaie, Thomas Rösner (direction musicale)
Damiano Michieletto (mise en scène), Paolo Fantin (décors), Silvia Aymonino (costumes), Alessandro Carletti (éclairages)


(© Karl et Monika Forster)


Les vacances se prolongent au Cirque royal où se tient le premier spectacle de la saison hors les murs de la Monnaie, fermée en raison des travaux de rénovation : L’Elixir d’amour (1832) selon Damiano Michieletto se déroule en effet sur une plage. La scénographie de cette production déjà montée à Valence et à Madrid a dû être adaptée à la configuration particulière de cette salle qui devrait être rénovée elle aussi. Le réalisme du décor, avec ce bar, ces palmiers, ces douches, ce poste de surveillance, cette piscine gonflable remplie de mousse, recrée d’admirable façon l’atmosphère décontractée des vacances. Même les sièges du parterre sont enveloppés d’une housse blanche et bleue pour qu’ils ressemblent à des transats. Est-ce bien raisonnable de consentir une telle dépense, alors que le programme ne comporte plus la biographie des artistes, sous le prétexte qu’elle est disponible sur le site du théâtre? Il s’agit d’une décision motivée de toute évidence par des raisons économiques mais sur laquelle la Monnaie ferait bien de revenir au lieu de continuer à fournir, en plus du programme, un livret toujours aussi malcommode, les traductions en français et en néerlandais figurant non à côté du texte original mais à la suite de celui-ci.


Les personnages principaux se détachent d’emblée parmi les vacanciers. Adina, imbue d’elle-même, ignore le timide Nemorino dont l’intelligence émotionnelle compense la maladresse et la naïveté. C’est que la belle préfère, comme souvent, un bellâtre, Belcore, officier de marine au sourire carnassier. Dulcamara, bonimenteur vendant des boissons énergisantes, a sans doute un passé peu reluisant puisque des policiers le recherchent – ils emporteront finalement Belcore. Ce spectacle intelligent et divertissant évite le piège de l’agitation et de la trivialité, encore que la scène d’humiliation de Nemorino, aspergé de bière par Belcore et les plagistes, rappelle le sort peu enviable du pauvre Wozzeck.


Les musiciens adoptent eux aussi une tenue estivale. A cause de leur emplacement inhabituel, derrière le plateau circulaire, le son paraît lointain dans l’acoustique de cette salle plus appropriée pour la variété, ce qui ne permet pas d’apprécier pleinement le soyeux des cordes, qui phrasent avec soin, et la saveur des bois, qui s’expriment avec finesse. Sous la direction appliquée de Thomas Rösner, qui se retourne souvent pour veiller à l’équilibre avec les chanteurs, l’orchestre se montre en tout cas suffisamment précis et enjoué, même s’il manque de temps à autre de grâce, de verve et d’éclat. Du beau travail mais vivement que son nouveau directeur musical, Alain Altinoglu, récemment nommé, prenne l’orchestre en main.


Une double distribution joue en alternance. Le personnage d’Adina convient à merveille à Olga Peretyatko, qui possède non seulement un corps de rêve, mis en valeur par une tenue légère, mais aussi une splendide voix, riche en couleurs. Conjuguant virtuosité et engagement théâtral, la soprano développe un chant ouvragé et sans faille sur le plan de l’intonation, du phrasé et de l’émission. Dmitry Korchak compose un Nemorino conforme aux attentes : à défaut de disposer d’un timbre exceptionnel, le ténor, qui réussit son «Una furtiva lagrima», délicat, sensible, bien tenu, chante avec beaucoup de souplesse et de nuance, de manière, cependant, plus mozartienne que belcantiste.


Aris Argiris incarne un Belcore vocalement honorable mais le Dulcamara de Simón Orfila satisfait davantage sur ce point: voix longue, timbre avenant, chant généreux, l’artiste n’accentuant pas exagérément le trait comique du personnage. Responsable du bar, Maria Savastano cabotine un peu en Giannetta, rôle en deçà de ses moyens vocaux, mais la soprano argentine, omniprésente, dégage un enthousiasme contagieux. Des choristes au point et en maillot de bain complètent cette distribution parfaitement ajustée.


Le site de la Monnaie



Sébastien Foucart

 

 

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