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Couleurs françaises Montreux Auditorium Stravinski 09/06/2015 - Engelbert Humperdinck : Hänsel et Gretel: Prélude
Camille Saint-Saëns : Concerto pour piano n° 2 en sol mineur, opus 22
Hector Berlioz : Symphonie fantastique, opus 14 Bertrand Chamayou (piano)
Orchestre national de France, Emmanuel Krivine (direction)
(© Yunus Durukan)
Fondé en 1946, le Septembre musical de Montreux a vécu sa soixante-dixième édition du 27 août au 10 septembre 2015. On sait d’ores et déjà que l'anniversaire sera fêté comme il se doit l’été prochain, pour la soixante-et-onzième édition donc. Cette année, Tobias Richter, directeur de la manifestation et par ailleurs responsable du Grand Théâtre de Genève, a invité un orchestre de jeunes musiciens, comme il l’avait déjà fait en 2014 avec le YOBA du Brésil. Cette fois, ce fut au tour du European Philharmonic of Switzerland (EPOS) d'être sous les feux de la rampe, sous la baguette de John Fiore. La formation, créée à Zurich en 2011, regroupe essentiellement des musiciens du Gustav Mahler Jugendorchester (GMJO), lesquels ont souhaité continuer à jouer ensemble une fois la limite d’âge atteinte (26 ans) pour retrouver l’ambiance vécue avec Claudio Abbado, qui avait fondé le GMJO en 1987. Prévu à l’origine pour un unique concert, l’EPOS a ravivé des liens tellement forts entre les musiciens que l’aventure se poursuit quatre ans plus tard, et pourrait encore durer... A Montreux, les solistes des concerts de l’EPOS étaient tous des lauréats récents de concours, ce qui prouve que le Septembre musical mise désormais sur la jeunesse. Outre l’EPOS, l’Orchestre national de Russie, l’Orchestre national de France et l’Orchestre français des Jeunes ont fait le déplacement cette année, sans parler des nombreux musiciens invités pour les concerts de musique de chambre, qui composent un volet important de l’affiche du célèbre festival helvétique.
La venue à Montreux d’Emmanuel Krivine et de l’Orchestre national de France a constitué l'un des moments forts du Septembre musical 2015. Le concert a débuté par une mise en bouche vive et facétieuse avec le Prélude de Hänsel et Gretel d’Engelbert Humperdinck. Le pianiste Bertrand Chamayou a ensuite interprété le Deuxième Concerto pour piano de Camille Saint-Saëns. S’il a déjà beaucoup joué avec le chef, le jeune soliste (34 ans) n’avait encore jamais donné avec lui l’ouvrage de Saint-Saëns. On l’a senti très à l’aise et particulièrement inspiré par cette partition, faisant preuve d’une grande sensibilité et de beaucoup de finesse. Dans le mouvement lent introductif, l’émotion et la poésie étaient au rendez-vous, alors que les deux mouvements suivants, plus légers et joyeux, ont permis d’apprécier sa maîtrise technique, sa précision et son toucher cristallin. En seconde partie, Emmanuel Krivine a offert une lecture équilibrée, élégante et sensuelle de la Symphonie fantastique de Berlioz, rendant avec goût et nuances mais sans excès les exacerbations d’une partition qui n’en manque pourtant pas. Une lecture très française en fin de compte. En bis, la célèbre « Barcarolle » des Contes d’Hoffmann, un choix curieux pour terminer un concert symphonique où les voix étaient absentes, mais le public n’a pas boudé son plaisir et la soirée s’est terminée sous des applaudissements enthousiastes.
Claudio Poloni
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