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L’inusable Butterfly de Bob Wilson

Paris
Opéra Bastille
09/08/2015 -  et 11, 15, 17, 22, 24, 27, 30 septembre, 3, 7, 10 octobre 2015
Giacomo Puccini : Madama Butterfly
Oksana Dyka*/Ermonela Jaho (Cio-Cio San), Annalisa Stroppa (Suzuki), Piero Pretti (B.F. Pinkerton), Gabriele Viviani (Sharpless), Nicola Pamio (Goro), Tiomasz Kumięga (Principe Yamadori), Joanna Jakubas (Kate Pinkerton), Mikhail Kolelishvili (Lo Zio Bonzo), Slawomir Szychowlak (Yakuside), Lucio Prete (Il Commissario Imperiale), Daejing Bang (L’Ufficiale del Registro), Marina Haller (La Madre di Cio-Cio San), Anne-Sophie Ducret (La Zia), Sohee Lee (La Cugina)
Chœur et Orchestre de l’Opéra national de Paris, Daniele Rustioni (direction musicale)
Robert Wilson (mise en scène et décors)


(© Agathe Poupeney/Opera national de Paris)


Un mouvement social ayant conduit à l’annulation de l’ouverture de la saison, le 5 septembre dernier, cette représentation donnée trois jours plus tard fait office de «première», tant pour la reprise de la Butterfly de Bob Wilson (22 ans déjà!) que pour la première année de Stéphane Lissner seul aux commandes de la Grande Boutique. Une saison dont on guettera certains spectacles plus spécialement attendus – à commencer par le Moïse et Aaron programmé le mois prochain et qui sert de prétexte à une question placardée en lettres gigantesques sur la façade de Bastille: «Verdi ou Schönberg, pourquoi choisir?».


Le mois de septembre évite toutefois de choisir, l’affiche étant partagée entre Rameau, Mozart et Puccini – avec, à chaque fois, d’anciennes productions. Celle de Bob Wilson pour Madame Butterfly demeure conforme au souvenir de sa création (en 1993) comme de ses reprises successives (à l’image de celles de 1998, 2006 ou 2014). Le rodage du spectacle devrait permettre de parfaire les automatismes et la coordination scéniques –pas toujours irréprochables dans la première partie. Mais l’on reste séduit par la beauté des éclairages – reflets pudiques des lumières changeantes du sentiment – et par la cohérence de la gestuelle.


Daniele Rustioni pourrait gesticuler avec moins d’emphase qu’il obtiendrait en fosse la même qualité instrumentale de la part des musiciens de l’Orchestre de l’Opéra de Paris – à l’assurance et à la fiabilité globalement incontestables (avec une mention spéciale pour les cuivres, dont les tonitruances parviennent à ne jamais couvrir les voix). Mais le jeune chef italien – futur chef permanent de l’Opéra de Lyon – réussit l’essentiel: diriger cette œuvre avec justesse et passion.


La distribution est plutôt homogène (dans les ensembles notamment), mais sans magie aucune. La faute notamment à la Cio-Cio San d’Oksana Dyka, à l’intonation nasale et parfois étranglée (pas plus séduisante ici qu’en Aïda ou Giorgetta). Manquant partout de moelleux dans la puissance, la soprano d’origine ukrainienne rate franchement son premier acte. Elle se rattrape fort heureusement dans les deux suivants, dont elle se sort avec les honneurs – sans oublier d’émouvoir. La Suzuki d’Annalisa Stroppa assume, en revanche, parfaitement la tessiture de son rôle.


Faisant, comme cette dernière, ses débuts sur la scène parisienne, le ténor italien Piero Pretti campe un Pinkerton à la voix chaude et souple. La belle italianité du timbre compense – du moins, en partie – la puissance insuffisante de la projection, qui peine parfois à remplir l’acoustique de Bastille. Maîtrisant complètement un rôle qu’il a souvent chanté, Gabriele Viviani est, lui aussi, un Sharpless convaincant et très assuré. Tout l’inverse du Goro ordinaire de Nicola Pamio – qui expose par moments certaines failles dans la voix –, du Bonze sans relief de Mikhail Kolemishvili – englouti par la masse orchestrale – et des prestations anonymes des autres seconds rôles. Quant aux chœurs, s’ils manquent d’un soupçon d’homogénéité – dans le chant tout autant que dans les déplacements sur scène –, ils sont bien au rendez-vous des délicieux murmures de la fin du deuxième acte. Une reprise sans risque.



Gilles d’Heyres

 

 

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