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Les quatuors font vibrer le Luberon La Roque Abbaye de Silvacane 08/16/2015 - Ludwig van Beethoven : Quatuor n° 4 en ut mineur, opus 18 n° 4
Dimitri Chostakovitch : Quatuors n° 3 en fa majeur, opus 73, et n° 9 en mi bémol majeur, opus 117 Quatuor Mandelring: Sebastian Schmidt, Nanette Schmidt (violon), Roland Glassl (alto), Bernhard Schmidt (violoncelle)
Le festival international de quatuors à cordes du Luberon fête cette année son quarantième anniversaire. Les concerts sont programmés dans les églises de quelques-uns des beaux villages qui contribuent au charme de la Provence (Roussillon, La Roque d’Anthéron, Cabrières d’Avignon, Goult et Saignon). La manifestation fait la part belle non seulement aux formations les plus réputées, mais aussi aux valeurs montantes. Pendant deux semaines, l’édition 2015 verra ainsi défiler huit ensembles provenant de cinq pays européens, pour un total de 17 concerts. A côté des machines bien huilées que sont le festival de piano de La Roque d’Anthéron, le festival d’Aix-en-Provence ou encore les Chorégies d’Orange, le festival de Quatuors à cordes se caractérise par sa simplicité et sa convivialité. Une équipe polyvalente de bénévoles, dirigée par Hélène Caron-Salmona, assure avec enthousiasme la bonne marche de la manifestation. Cerise sur le gâteau (d’anniversaire) : une œuvre – qui sera créée le 21 août – a été commandée au compositeur français Frédéric Pattar (1969).
Le Quatuor Mandelring (© Thierry Salmona)
L’un des invités les plus prestigieux de cette quarantième édition est le Quatuor Mandelring. C’est dans le cloître de la magnifique abbaye cistercienne de Silvacane, au-dessus de La Roque d’Anthéron, qu’il a donné le premier de ses deux concerts. Spécialiste de Chostakovitch, dont elle a enregistré l’intégrale des quinze Quatuors, la formation allemande a choisi le Troisième Quatuor comme pièce de résistance de la soirée. Les musiciens ont ébloui le public par leur maîtrise technique, leur sonorité souple et chaude ainsi que par l’équilibre parfait entre les instruments. Paradoxalement pourtant, la perfection a empêché l’émotion : on aurait aimé ressentir davantage les souffrances et les tourments dépeints par le compositeur russe, même si on ne peut que s'incliner devant une telle beauté plastique. Pour la seconde partie, les musiciens ont réservé une surprise au public. L’année dernière, à Berlin, ils avaient laissé aux spectateurs le soin de choisir, parmi trente partitions différentes, une œuvre pour terminer un concert. A La Roque, ils ont proposé neuf ouvrages au choix (Brahms, Debussy, Dvorák, Mendelssohn, Mozart, Ravel et Chostakovitch). Celui qui a recueilli le plus de suffrages a été le Neuvième Quatuor de Chostakovitch, le public associant visiblement la formation allemande à la musique du compositeur russe. En bis, à nouveau Chostakovitch, avec une pièce (Allegretto) légère, ironique et enjouée, particulièrement bienvenue après les affres et la violence des partitions précédentes.
La veille, à Cabrières d’Avignon, la fougue et la jeunesse du Quatuor anglais Doric (composé d’Alex Redington et de Jonathan Stone au violon, d‘Hélène Clément à l’alto et de John Myerscough au violoncelle), ont fait forte impression dans le Premier Quatuor «Sonate à Kreutzer» de Janácek, aux accents particulièrement torturés. En seconde partie de soirée, accompagnés de Juliette Salmona au violoncelle, les musiciens ont interprété le Quintette à deux violoncelles en ut majeur de Schubert. Ils ont réussi à tenir l’auditoire en haleine avec une partition qui dure près d’une heure et leur performance a été chaleureusement applaudie par un public comblé. Le festival se poursuit jusqu’au 30 août.
Le site du festival international de Quatuors à cordes du Luberon
Le site du Quatuor Mandelring
Claudio Poloni
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