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Bacon, assiette éclectique

Paris
Opéra Bastille
07/04/2015 -  et 5, 7*, 8, 10, 11, 14, 16 juillet 2015
Wayne McGregor : L’Anatomie de la sensation – Pour Francis Bacon
Mark Anthony Turnage : Blood on the Floor

Juliette Hilaire, Dorothée Gilbert, Alice Renavand*, Aurélie Dupont, Héloïse Bourdon, Laurène Lévy, Alexandre Gasse, Mathias Heymann, Florent Melac, Josua Hoffalt, Mélanie Hurel*, Laura Hecquet*, Valentine Colasante*, Jennifer Visocchi*, Charlotte Ranson*, Hugo Marchand*, Yannick Bittencourt*, Yvon Demol*, Vincent Chaillet*, Ballet de l’Opéra national de Paris
John Parricelli (guitare électrique), Peter Erskine (batterie jazz), Martin Roberston (saxophone, clarinette), Michel Benita (guitare basse), Ensemble intercontemporain, Willy Bopp (son), Peter Rundel (direction musicale)
Wayne McGregor (chorégraphie), John Pawson (scénographie), Moritz Junge (costumes), Lucy Carter (lumières)


A. Renavand (© Agathe Poupeney/Opéra national de Paris)


Créé en 2011 pour l’Opéra Bastille, L’Anatomie de la sensation de Wayne McGregor se veut un hommage à Francis Bacon et ses fascinants portraits de distorsion de la perspective corporelle. Telle doit en tous cas être la lecture du sous-titre de l’ouvrage. Pour autant, le projet ne se réduit nullement à une illustration servile ou conceptuelle de l’œuvre du peintre britannique. Séquencée en neuf mouvements, la chorégraphie se tient à l’écart de certains canons de la danse, classique comme contemporaine, pour proposer une scénographie globale, où geste, musique, visuel et virtuosité technique se fondent en un langage original, du moins unique. Dans cette optique, on pourrait songer à Signes de Carlson, quand bien même la puissance poétique de cette dernière, soutenue par les toiles d’Olivier Debré, reste sans commune mesure avec ce qui relève ici davantage de la performance.


Le matériel musical reprend la partition de Mark-Anthony Turnage, Blood on the floor, écrite dix-sept ans plus tôt, et qui informe l’organisation de l’ensemble. Confiée à l’Intercontemporain, placé sous la direction de Peter Rundel, elle affirme un éclectisme assumé, mêlant accents de jazz et de pop à des sonorités plus académiques. Les solos de saxophone ne manquent pas de suggestivité évocatrice, accompagnant au demeurant des scènes intimistes dignes d’intérêt – on retiendra tout particulièrement la deuxième partie, «Junior Addict», confiée à Alice Renavand, admirable dans le répertoire d’aujourd’hui, et qui irradie de sa présence cette page aux allures pensives. L’homogénéité de la balance, plutôt au niveau forte, frustre cependant souvent l’oreille de dynamiques qui pourraient être plus pertinentes, et confine plus d’une fois à la musique d’ambiance.


Les décors sobres et très léchés de John Pawson n’y sont peut-être pas étrangers, quand bien même l’on reconnaîtra leur perfection plastique, mise en valeur par les lumières de Lucy Carter, qui sculptent remarquablement les espaces, au diapason de la vastitude de Bastille, où ils s’inscrivent presque comme des installations. On ne reniera aucunement l’énergie qui se dégage de plus d’un tableau, à l’image de l’inaugural «Blood on the floor», où les physiques torsions entre Yannick Bittencourt et Hugo Marchand se souviennent sans doute de la biographie de Bacon, dont on peut aussi trouver des échos au fil de l’heure vingt que dure le spectacle, à l’instar d’«Elegy for Andy» – où l’on devine Warhol. Le remplissage de l’auditorium – à coups d’incitations diverses – a vaincu les craintes réticences initiales du public. La concision a parfois des vertus qu’elle démontre ici de manière évidente.



Gilles Charlassier

 

 

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