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Merveilles françaises

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
06/01/2015 -  et 2* juin 2015




Rendez-vous désormais bien installé dans le panorama parisien de fin de saison, le festival Bru Zane aux Bouffes du Nord a articulé, en partie, sa troisième édition autour du compositeur George Onslow, auquel un portrait déjà été consacré au cours de ce printemps par l’institution vénitienne – la référence désormais incontournable dans la redécouverte de la musique française romantique plus ou moins oubliée. Après une inauguration festive composée d’airs et d’ensembles d’opérettes réglée par Arnaud Marzorati et Florent Siaud le vendredi 29 mai et la recréation d’Uthal de Méhul le lendemain à Versailles, on revient au répertoire de chambre, pour une semaine alternant raretés et chefs-d’œuvre établis.


1er juin
George Onslow : Sonate pour violoncelle et piano en fa majeur, opus 16 n° 1
Camille Saint-Saëns : Sonate pour violoncelle et piano en ut mineur, opus 32
Charles-Valentin Alkan : Barcarolle, opus 65 n° 6
Frédéric Chopin : Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur, opus 65

Emmanuelle Bertrand (violoncelle), Pascal Amoyel (piano)



E. Bertrand, P. Amoyel (© Alvaro Yanez)


Le lundi, Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel mettent à l’honneur le corpus pour violoncelle et piano. La soirée s’ouvre sur la Sonate opus 16 n° 1 d’Onslow. Après un Allegro à l’allure de conversation entre les deux instruments, l’Andante central impressionne par l’intensité de son inspiration, dont les deux solistes révèlent l’émouvante intimité, teintée d’une délicate mélancolie, sans jamais faire mentir un sens consommé de la forme. Le contraste avec le finale, çà et là rehaussé d’espiègle, ne saurait le contredire. Avec la Première Sonate de Saint-Saëns, l’écriture prend un visage nettement plus tumultueux, et le premier mouvement en témoigne éloquemment, tout autant que le finale; ils encadrent un Andante aux allures de choral, reprenant une improvisation du compositeur français sur l’orgue de Saint-Augustin, et dont on ne peut manquer le recueillement méditatif qui parcourt le duo autant que l’auditoire. La Barcarolle opus 65 n° 6 d’Alkan se distingue par une singularité feutrée qui, sous les doigts sensibles de Pascal Amoyel, ne verse jamais dans l’extravagance, tandis que l’on peut reconnaitre dans les trilles suspendus l’empreinte de l’Opus 111 de Beethoven. La Sonate de Chopin qui referme le concert achève de convaincre l’authentique complicité qui unit les deux instrumentistes, sur l’autel d’un format inhabituel pour celui que l’on a d’abord associé aux mazurkas, nocturnes et autres merveilles du clavier.


2 juin
George Onslow : Quatuor à cordes n° 30 en ut mineur, opus 56
Guillaume Lekeu : Molto adagio pour quatuor à cordes «Mon âme est triste jusqu’à la mort»
Claude Debussy : Quatuor à cordes, opus 10

Quatuor Diotima: Yun-Pen Zhao, Constance Ronzatti (violon), Franck Chevalier (alto), Pierre Morlet (violoncelle)



Le Quatuor Diotima (© Verena Chen)


Le lendemain, c’est au tour du quatuor à cordes, avec les Diotima. L’Opus 56 d’Onslow, en ut mineur, ose des effets expressifs, dans le menuet comme dans le finale, que la formation française éclaire avec esprit et virtuosité. La profondeur du Molto adagio «Mon âme est triste jusqu’à la mort» de Lekeu saisit par son dépouillement extrême d’où il tire toute son étrange et fascinante puissance. La rythmique habituelle semble être abolie au profit d’un étirement du temps innervé d’une tension que les quatre solistes ne relâchent jamais. En conclusion, le Quatuor de Debussy éclate d’une variété de climats, de couleurs et de tournures dont on goûte l’inimitable et iconoclaste modernité, jouant des codes de la tradition avec un plaisir sérieux que les Diotima savent rendre communicatif.



Gilles Charlassier

 

 

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