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Hommage à Caffarelli

Versailles
Opéra royal
06/09/2015 -  et 7 juin 2015 (Halle)
Domenico Sarro : Demofoonte: Sinfonia
Nicola Antonio Porpora : Semiramide Riconosciuta: «Passagier che sulla sponda»
Johann Adolf Hasse : Siroe: «Ebbi da te la vita» & «Fra l’orror della tempesta»
Giuseppe Avitrano : Sonate en ré majeur n° 2, opus 3, «L’Aragona»
Leonardo Leo : Demofoonte: «Misero pargoletto» – Il Ciro riconosciuto: Ouverture
Leonardo Vinci : Semiramide riconosciuta: «In braccio a mille furie»
Giovanni Battista Pergolesi : Adriano in Siria: «Lieto così talvolta»
Angelo Ragazzi : Sonate en fa mineur n° 4, opus 1, «Imitatio in Salve Regina, Mater Misericordiae»
Pasquale Cafaro : Ipermestra: «Gonfio tu vedi il fiume»
Gennaro Manna : Lucio Papirio: «Od oil suono di tromba guerriera»

Franco Fagioli (contre-ténor)
Il Pomo d’Oro, Riccardo Minasi (violon solo et direction)


F. Fagioli (© Julian Laidig)


«Naples est la capitale du monde musicien; c’est des séminaires nombreux où l’on élève la jeunesse en cet art que sont sortis la plupart des fameux compositeurs, Scarlatti, Léo Vinci le vrai dieu de la musique, les Zinaldo, Latilla et mon charmant Pergolese» écrivait le Président de Brosses dans une de ses fameuses Lettres d’Italie (lettre n° 31, Mercure de France, page 448). Le concert de ce soir était justement un hommage au passé glorieux de cette ville qu’incarnèrent tant le castrat Caffarelli, grand rival sur les scènes européennes du non moins connu Farinelli, et les différents compositeurs à l’honneur, nombre d’entre eux ayant en effet vu leurs œuvres créées sur la scène du théâtre San Carlo.


A bien des égards, le succès du concert de ce soir était évident et l’enthousiasme du public, gratifié par trois bis, l’a amplement confirmé. Car Franco Fagioli est aujourd’hui un jeune haute-contre (né en 1981) au sommet de son art qui, s’il est moins médiatique que certains de ses confrères, n’en est pas moins également recherché sur toutes les scènes du monde. En outre, pour qui a écouté son disque consacré aux «Arie per Caffarelli», le récital de cette soirée ne pouvait a priori que procurer de nouveau cet éventail d’émotions, la voix passant de la technique la plus époustouflante à la retenue la plus intime. Enfin, le fait que Fagioli soit accompagné par l’ensemble Il Pomo d’Oro, un des ensembles les plus intéressants de la scène baroque actuelle, était également un gage de réussite.


Et le fait est que le public de l’Opéra royal de Versailles aura vécu là un grand concert en hommage au célèbre castrat Gaetano Caffarelli (1710-1783). Il Pomo d’Oro a de nouveau prouvé sa valeur – si tant est que cela fût nécessaire – dans un répertoire qu’il aborde avec à la fois naturel et enthousiasme. Certes, la direction de Riccardo Minasi a parfois été un peu outrée et spectaculaire – il fallait le voir sauter en l’air dans le second extrait de Siroe de Hasse – mais quelle énergie, quelle pêche pourrait-on dire! L’ensemble qui, compta au plus quinze musiciens seulement, rend parfaitement justice à la délicatesse d’une partition (le jeu des violons dans l’extrait d’Ipermestra de Cafaro), à l’héroïsme d’une autre (les trompettes ou les cors, parfaitement tenus par Herbert Walser et Bernard Lampert) et surtout à la voix, qu’il accompagne au plus près.


Dans les divers rôles endossés, Franco Fagioli a été superbe: là encore, on n’en attendait pas moins. Notons au passage qu’on peut lui savoir gré de ne pas seulement s’en être tenu à des extraits issus de son disque mais d’avoir de nouveau diversifié ce répertoire en y ajoutant des extraits d’opéras que beaucoup de mélomanes devaient découvrir ce soir car, soyons honnête, qui connaît aujourd’hui Angelo Ragazzi (1680-1750) ou Gennaro Manna (1715-1779)? Irréprochable du point de vue technique, Fagioli a démontré qu’il était non seulement capable de faire face aux pyrotechnies les plus exigeantes (l’extrait «Passagier che sulla sponda» de Nicola Porpora ou l’enthousiasmant «In braccio a mille furie» composé par Leonardo Vinci) mais qu’il savait également parfaitement maîtriser la moindre émotion, sachant muer son chant en une sorte de murmure des plus délicats (dans l’air «Ebbi da te la vita» extrait de Siroe ou, encore une fois, dans l’air «Gonfio tu vedi il fiume» extrait d’Ipermestra – une révélation!). La voix est agile, les arpèges sont engloutis avec délectation et l’énergie bondit à chaque instant, la prestation de Fagioli finissant saluée par un public debout et enthousiaste.


Face aux sollicitations, le contre-ténor offrit au public trois bis (respectivement tirés d’Ariodante de Händel avec le célèbre «Dopo notte» et de Siroe de Hasse, reprenant à cette occasion l’air «Fra l’orror della tempesta» déjà donné au début du concert) qui conclurent avec éclat un récotam des plus brillants. Pour les amateurs, les ors du château de Versailles accueilleront de nouveau Franco Fagioli et Riccardo Minasi (rejoints notamment par Max Emanuel Cencic) les 16, 19 et 21 juin, qui donneront à cette occasion l’opéra Catone in Utica de Leonardo Vinci.


Le site de Franco Fagioli
Le site de l’ensemble Il Pomo d’Oro



Sébastien Gauthier

 

 

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