About us / Contact

The Classical Music Network

Metz

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Verdi sur les pas du film noir

Metz
Opéra-Théâtre
06/05/2015 -  et 7, 9 juin 2015
Giuseppe Verdi : Un ballo in maschera
Jean-François Borras (Riccardo), Michele Govi (Renato), Francesca Tiburzi (Amelia), Jordanka Milkova (Ulrica), Carla Meloni (Oscar), Carlos Esquivel (Samuele), Daniel Mauerhofer (Tomaso), Vincent Gühlow (Silvano), Jean-Sébastien Frantz (Le juge, Le domestique), Dorian Fourny, Massimo Riggi, Alice Besson, Elsa Cernay, Isabelle Dominici, Pauline Gallouedec, Grace Mengue Me Mfa, Lou Roediger, Johanne Sauzade (figurants)
Chœur de l’Opéra-Théâtre de Metz-Métropole, Nathalie Marmeuse (direction), Chœur de l’Opéra national de Lorraine, Merion Powell (direction), Orchestre national de Lorraine, Roberto Rizzi Brignoli (direction musicale)
Paul-Emile Fourny (mise en scène), Benoit Dugardyn (décors), Bruno Schwengl (costumes), Patrick Méeüs (lumières)


(© Williams Bonbon/Metz Métropole)


C’est avec un Verdi que l’Opéra-Théâtre de Metz referme sa saison lyrique, et l’un des plus controversés à l’époque de sa création, sous l’œil sourcilleux d’une censure qui ne saurait voir un régicide sur scène. Un bal masqué a ainsi émigré de la Suède vers la côte est étasunienne, et Paul-Emile Fourny a choisi d’en tirer les conséquences. Avec une perspective de baies vitrées au fond flamboyant de bleu, ou de rouge lors du sanglant dénouement, par les lumières de Patrick Méeüs, les décors léchés et presque minimalistes de Benoit Dugardyn participent, comme les costumes de Bruno Schwengl, à une transposition dans l’univers du film noir américain. Sans doute faut-il ainsi comprendre pourquoi, pendant l’Ouverture, Ulrica, sous sa perruque de feu et contrainte en un frac androgyne, scelle un pacte avec Samuele et Tomaso, celui du destin sans doute, qui aura le comte pour victime. L’épée devient naturellement révolver, et Renato noie dans le whisky ce qu’il croit être un cocufiage. La consultation de la sorcière prend l’allure d’une fête sous la Prohibition, avec son content de prostituées et de porte-jarretelles, ce qui épargne au public les grimaces vaudous. A défaut d’explorer tous les ressorts de l’ouvrage, une telle lecture présente une indéniable cohérence visuelle.


Côté plateau, on peut se réjouir d’entendre avec le Riccardo de Jean-François Borras, l’un des ténors français les plus accomplis de sa génération. Le timbre exhale un lyrisme évident, lumineux et généreux, et n’a pas besoin de se plier à quelque contre-ut de tradition pour manifester son éclat. Du duo au deuxième acte à sa mort, la musicalité ne le cède en rien à la beauté vocale. Jeune encore, l’Amelia de Francesca Tiburzi n’en affirme pas moins une maturation remarquable. La couleur et la chair de ce soprano déjà robuste nourrissent un personnage dont ils éclairent l’inquiète psychologie. D’une solidité sans faiblesse, Michele Gorvi se révèle un Renato peut-être un rien monolithique dans sa soif de vengeance. Avec des graves présents sans ostentation et une homogénéité appréciable sur l’ensemble de la tessiture, Jordanka Milkova libère Ulrica de la caricature où la magicienne se trouve souvent enfermée. Clara Meloni exalte la légèreté rafraîchissante du babil virtuose d’Oscar. Carlos Esquivel et Daniel Mauerhofer forment en Samuele et Tomaso une paire convaincante, quand le Silvano de Vincent Gühlow dévoile des pectoraux aussi glabres que la voix. Mentionnons encore Jean-Sébastien Frantz en juge et domestique, et les chœurs réunissant les forces messines et nancéennes sous la direction efficace de Nathalie Marmeuse et Merion Powell. Enfin, à la tête de l’Orchestre national de Lorraine, Riccardo Rizzi Brignoli impulse, avec un métier dans la réputation n’est plus à établir, la dynamique idiomatique de la dramaturgie verdienne.



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com