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Une bouffée d’air frais

Strasbourg
Palais de la musique
12/18/2014 -  et 19 décembre 2014
Franz Schubert : Symphonie n° 3 en ré majeur, D. 200
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour violon n° 3 en sol majeur, K. 216
Franz Schubert Gesang der Geister über den Wassern, D. 714
Francis Poulenc : Gloria

Ray Chen (violon), Kristina Bitenc (soprano)
Chœur de l'Orchestre philharmonique de Strasbourg, Catherine Bolzinger (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Strasbourg, Marko Letonja (direction)


R. Chen


Connaissez-vous Ray Chen ? Taïwanais élevé en Australie puis étudiant à Philadelphie, ce jeune homme de 25 ans est déjà un tout frais citoyen du monde, qui saute d’un avion à l’autre et vous demande naïvement en privé, après le concert, si ici, à Strasbourg, on est loin de Paris ? Question à laquelle on répond d’un embarrassé « oui et non », puisqu’après tout c’est juste une question d’échelle... Au passage une petite exploration du site Internet voire de la page Facebook de ce jeune prodige souriant est recommandée : il y souffle un appréciable vent de jeunesse non conformiste et on y découvre entre autres de réelles préoccupations d’extirper le concert classique de ses raideurs et de ses angoissantes rangées de public aux cheveux d’argent. Puissent d’autres cas de ce genre faire école !


En tout cas c’est avec un plaisir sans nuages que l’on écoute le Troisième Concerto de Mozart de Ray Chen, archet bondissant, sonorités fruitées, sens inné du cantabile dans un Adagio très retenu et pourtant bien habité. Aucune recherche particulière, pas la moindre de trace de ces détimbrages et autres déhanchements que nous ont inculqués là-dedans les baroques, et pourtant un discours dont l’autorité tranquille s’impose. Au pupitre, Marko Letonja écoute, l’orchestre est sous le charme, et Mozart passe. On aime !


De la même eau limpide, la jolie Troisième Symphonie de Schubert, œuvre rappelons-le d’un jeune homme de 18 ans. En petit effectif, l’Orchestre philharmonique de Strasbourg y fait preuve d’une appréciable souplesse. Tout coule de source, y compris le joli sertissage de cordes du solo de clarinette du second mouvement.


Le Gesang der Geister über den Wassern nous ramène à un Schubert plus mûr, qui se confronte une fois encore à un célèbre texte de Goethe en y révélant d’angoissants abîmes. Les couleurs sont sombres, avec seulement des cordes graves et un choeur d’hommes. C’est là une oeuvre dont seul l’effectif particulier limite la diffusion mais qu’il faut absolument connaître. Déplorons simplement ce soir-là quelques manques de finition dans le travail honorable du Chœur de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg. Mais il est vrai que cette partition de 12 minutes seulement surexpose sans pitié les souffles et les timbres : une mise en danger permanente à laquelle ce groupe d’amateurs de haut niveau a eu au moins le louable courage de se confronter.


La formation de Catherine Bolzinger prend sa revanche dans un Gloria de Poulenc qui garnit cette fois les gradins de l’estrade du Palais de la musique du haut en bas. L’heure est à une exubérance de bon aloi, magnifiée par un Marko Letonja qui se prend au jeu, serre les tempi et fait avancer la machine sans coup férir. La religiosité suave de Poulenc, ses ruptures de ton, son enthousiasme ludique achèvent de vous emballer l’affaire, le charme un rien désuet de l’ensemble continuant à opérer avec une belle efficacité. Joli soli de Kristina Bitenc, soprano lyrique d’un certain gabarit qui s’accommode comme elle peut des saut vertigineux vers l’aigu que l’écriture de Poulenc lui impose, sans défaillance et sans tricher.



Laurent Barthel

 

 

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