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Oui, oui ! C’est fini !

Strasbourg
Palais de la musique
02/05/2015 -  et 6 février 2015
Bohuslav Martinů : Fresques de Piero della Francesca, H. 352
Béla Bartók : Concerto pour alto, Sz. 120
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 6 en fa majeur, opus 68 «Pastorale»

Harold Hirtz (alto)
Orchestre philharmonique de Strasbourg, Carlo Rizzi (direction)


H. Hirtz (© J. Eberhart)


De pair avec ses fonctions de directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, Marko Letonja continue à mener une carrière internationale. C’est normal, mais quand il lui faut travailler loin, ses absences créent ici un vide que le cafouillage de certains concerts révèle cruellement.


Passons sous silence une Sixième Symphonie « Pastorale » de Beethoven qui pourtant devrait conserver une place plus que légitime à nos programmes de concert. Mais si c’est pour la jouer à ce degré d’indifférence voire de débandade généralisée (pitoyable deuxième mouvement, que l’on pourrait réintituler « Détente somnolente au bord du ruisseau »), mieux vaudrait s’abstenir. Est-ce bien là le même orchestre que celui dirigé l’an dernier par Marko Letonja dans une prodigieuse Septième Symphonie du même Beethoven ? Le public ne s’y trompe pas tant que cela : à la fin les applaudissements sont tellement isolés et ténus qu’au bout de quelques secondes ils s’arrêtent, circonspects. Resterait-il par hasard encore un mouvement à jouer ? Mais le chef se retourne vers la salle interloquée et l’apostrophe : « Oui, oui ! C’est fini ! » ce qui permet aux applaudissements de reprendre, avec guère plus d’enthousiasme.


La soirée nous aura permis au moins d’écouter les rares Fresques de Piero della Francesca, triptyque assez prolixe dans ses superpositions de lignes instrumentales et qui prend évidemment un tout autre sens pour qui a été confronté auparavant à l’explosion colorée des fresques originales qui ont suscité l’œuvre de Martinů, dans l’Eglise San Francesco d’Arezzo, en Toscane. A défaut il aurait été intéressant de reproduire certaines de ces fresques dans le programme, au risque d’augmenter les coûts d’impression, voire, pourquoi pas, d’oser les projeter sur écran derrière l’orchestre, sous réserve évidemment de disposer pour cela d’un vidéaste de talent. A défaut, la luxuriance instrumentale de l’écriture, assez bien défendue, encore qu’une baguette plus exigeante aurait pu la clarifier davantage, parvient à s’imposer d’elle-même, mais plutôt comme une musique à programme d’un propos un peu vague, dont le sens exact resterait codé.


On ne gardera ce concert en mémoire que pour une belle exécution du Concerto pour alto de Bartók par Harold Hirtz, premier alto de l’orchestre, qui parvient à trouver avec beaucoup de naturel les clés de cette partition tout à la fois construite et libre, où un certain esprit d’improvisation doit pouvoir être conservé. Ici l’équilibre est réussi, Carlo Rizzi se révélant par ailleurs sous un bien meilleur jour en tant qu’accompagnateur, toujours à l’écoute et prêt à rattraper son soliste après les passages les plus personnellement investis.



Laurent Barthel

 

 

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