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Bravo l’orchestre !

Bruxelles
La Monnaie
05/12/2015 -  et 13, 15, 16, 17, 19, 20, 21, 23, 24*, 26, 27 mai 2015
Giuseppe Verdi: Un ballo in maschera
Stefano Secco/Riccardo Massi* (Gustav III), George Petean/Scott Hendrickx* (René Ankarström), Maria José Siri/Monica Zanettin* (Amelia), Marie-Nicole Lemieux (Ulrica Arfidsson), Kathleen Kim/Ilse Eerens* (Oscar), Roberto Accurso (Cristiano), Tijl Faveyts (Ribbing), Carlo Cigni (Horn), Zeno Popescu (Un giudice), Pierre Derhet (Un servo)
Chœurs de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Carlo Rizzi (direction musicale)
Alex Ollé (mise en scène), Alfons Flores (décors), Lluc Castells (costumes), Urs Schönebaum (éclairages), Emmanuel Carlier (vidéo)


(© Johan Jacobs/La Monnaie)


Le public réserve ses plus chaleureux applaudissements à l’orchestre, rarement aussi somptueux et éloquent : richesse de la sonorité, précision des attaques, finesse des interventions, les qualités abondent. Ajustée en permanence avec le plateau, la direction noble et enlevée de Carlo Rizzi s’appuie sur une dynamique impeccable et des tempi ajustés pour éviter à la musique de s’enliser ou de progresser trop précipitamment. L’orchestre a trop souvent déçu dans la fosse de la Monnaie, ces derniers temps, pour ne pas d’abord se réjouir de l’excellent travail qu’il a accompli. Une exécution de la sorte devrait cependant constituer le pain quotidien dans une maison aussi réputée.


Une double distribution se partage les représentations de ce Bal masqué (1859), déjà monté à Sidney et Buenos Aires, respectivement en janvier et octobre 2013. A défaut de comporter des voix d’exception, celle de ce dimanche s’avère équilibrée et opérante – à noter, par ailleurs, que le programme indique de façon quelque peu incongrue le nom des personnages d’avant la censure (Gustav III, Ulrica Arfidsson au lieu de Ulrica tout court, René Ankarström). Le Gustav (en fait, Riccardo) de Riccardo Massi manque de panache mais le ténor modèle le phrasé avec style. Scott Hendrickx livre une prestation du même calibre – le legato et l’émission, notamment, ne souffrent d’aucun reproche – mais son Renato (ici, René) manque d’épaisseur, le baryton ayant laissé un meilleur souvenir en Macbeth sur cette même scène en 2010. Monica Zanettin possède le format vocal d’Amelia: suffisamment ample, puissante et opulente, la voix séduit dans le medium, épanoui, et les graves, solides, mais le personnage touche à peine, malgré la sincérité de l’engagement.


Pour Ulrica, revoici Marie-Nicole Lemieux, forte personnalité bien connue du public bruxellois. Toujours aussi exubérante, et pas uniquement lors des saluts, durant lesquels elle manque de trébucher, la contralto évolue avec aisance dans ce rôle qu’elle interprète pour la première fois: l’engagement théâtral, entier, et la voix, charpentée, forcent l’admiration. Brève mais intense, son apparition ravive le souvenir de sa Sphinge dans Œdipe en 2011. Oscar revêt, dans cette production, des traits éminemment féminins de secrétaire de direction en la personne d’Ilse Eerens, voix agile, légère, parfumée. Le reste de la distribution interprète les rôles secondaires avec tenue sans qu’aucun chanteur ne se détache. Préparés par Martino Faggiani, absent lors des saluts, alors qu’il aurait mérité d’être applaudi, les chœurs se montrent sous leur meilleur jour, aussi investis et rigoureux que l’orchestre.


Alex Ollé, un des directeurs artistiques de La Fura dels Baus, a choisi comme référence 1984 de George Orwell: l’action se déroule dans un futur proche et dans un Etat totalitaire et bureaucratique mais la dimension politique du concept n’acquiert toute sa force que suite à l’assassinat de Gustav, après lequel le camp adverse meurt asphyxié au gaz. Les personnages se détachent peu et suscitent guère d’empathie, probablement à cause de cette sorte de bonnet d’aviateur leur ôtant quasiment toute humanité, et qu’ils portent presque en permanence, mais le jeu d’acteur demeure trop ordinaire et stéréotypé. Plutôt impressionnante, la scénographie porte l’empreinte du collectif catalan, notamment le recourt à la technologie, bien que la projection vidéo durant le Prélude n’apporte pas grand-chose: des colonnes amovibles et à l’aspect de béton forment un décor austère et pesant qui donne l’impression d’écraser et d’enfermer les protagonistes. Réalisée avec métier mais peu enthousiasmante, cette production ne renouvelle pas la réussite du Grand Macabre (2009) et même d’Œdipe.


La Monnaie ferme maintenant ses portes au public durant un peu moins d’un an pour réaliser des travaux de rénovation. Les représentations de la prochaine production, le triplé Aleko, Le Chevalier avare et Francesca da Rimini de Rachmaninov, se dérouleront par conséquent au Théâtre National, du 16 au 30 juin.



Sébastien Foucart

 

 

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