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Mahler en herbe

Paris
Philharmonie 1
05/06/2015 -  et 7 mai 2015
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 20, K. 466
Gustav Mahler : Das klagende Lied

David Fray (piano), Melanie Diener (soprano), Iris Vermillion (mezzo), Werner Güra (ténor), Ludwig Mittelhammer (baryton), Michelle Bréant, Fanny Dupont (solistes de la Maîtrise de Paris)
Chœur de l’Orchestre de Paris, Lionel Sow (chef de chœur), Orchestre de Paris, Jaap van Zweden (direction)


J. van Zweden (© Bert Hulselmans)


Certains programmes symphoniques ne laissent de susciter la perplexité. Il peut paraître étrange, alors que l’horaire des concerts a été retardé d’une demi-heure à la Philharmonie par rapport à Pleyel, ce qui est un clair aveu de la difficulté d’y accéder et ce dont le public commence à se plaindre, car l’heure de fin des concerts est trop tardive pour un lieu si excentré, que l’Orchestre de Paris programmant une œuvre de vastes proportions et effectif comme l’est Le Chant plaintif de Mahler dans sa version originale, y ajoute en préambule un concerto de Mozart. Les entractes et le fonctionnement des buvettes sont certes considérés comme indispensables à la fois par les organisateurs et une certaine partie du public, mais le but du concert n’est-il pas avant tout d’entendre de la musique avec le plus de cohérence possible dans la programmation?


Lors du premier des deux concerts dirigés par le chef néerlandais Jaap van Zweden, actuel directeur musical de l’Orchestre symphonique de Dallas, le Vingtième Concerto pour piano de Mozart laissait sur sa faim – manque de répétitions, absence de concertation entre chef et soliste, chef et orchestre, soliste et orchestre? on pouvait tout envisager. David Fray a joué ce monument du répertoire classique avec une froideur, une distance par rapport au texte, une sonorité étouffée, des phrasés pas toujours très précis et une certaine brutalité pour souligner les fins de phrases et dans les deux cadences très éloignées du style mozartien. La fraction d’orchestre présente semblait en pilotage automatique, peu concernée et à peine soucieuse d’équilibre et de précision. Le chef, embusqué derrière le piano, semblait battre la mesure sans plus. David Fray est revenu après le concerto avec une transcription du choral Nun komm, der Heiden Heiland de Bach tout à fait passionnante avec une sonorité éclatante et beaucoup de concentration...


Das klagende Lied, œuvre de jeunesse de Mahler, dans sa version originale en trois mouvements de 1880, est une œuvre idéale pour cette nouvelle salle. Elle fait appel à un énorme effectif orchestral et choral et à une distribution disproportionnée (quatre solistes dont deux enfants) par rapport à sa participation vocale. Jaap van Zweden a dirigé cette grande fresque postromantique avec beaucoup de passion, surtout dans le Hochzeitstück, peut être de façon moins analytique que ne l’avaient fait Pierre Boulez et Esa-Pekka Salonen à la tête du même Orchestre de Paris, respectivement en 1979 et 2008. Les qualités individuelles des instrumentistes étaient cependant tout à fait en valeur comme la cohésion générale dans les parties purement symphoniques. La distribution était luxueuse surtout pour les voix féminines avec le soprano Melanie Diener (une Isolde) et l’excellente et très engagée mezzo-soprano Iris Vermillion ainsi que le jeune soprano Michelle Bréant de la Maîtrise de Paris tout à fait claire et assurée dans ses interventions. Le ténor Werner Güra et le jeune baryton Ludwig Mittelhammer (récemment primé au concours de lied Hugo Wolf de Stuttgart et qui effectuait un remplacement de dernière minute) étaient également remarquables. Le Chœur de l’Orchestre de Paris donnait une magnifique unité et sa tonalité romantique et de conte de fées à cette œuvre rarement donnée au concert.



Olivier Brunel

 

 

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