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Sesto le lapin

Montpellier
Opéra-Comédie
04/03/2015 -  et 5, 7, 9, 12* avril 2015
Wolfgang Amadeus Mozart : La clemenza di Tito, K. 621
Brendan Tuohy (Tito), Marie-Adeline Henry (Vitellia), Kangmin Justin Kim (Sesto), Christina Gansch (Servilia), Antoinette Dennefeld (Annio), David Bizic (Publio)
Chœur de l’Opéra national Montpellier Languedoc-Roussillon, Noëlle Gény (chef de chœur), Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon, Julien Masmondet (direction musicale)
Jorinde Keesmaat (mise en scène), Ascon de Nijs (scénographie et costumes), Floriaan Ganzevoort (lumières), Koen Bollen (dramaturgie), IDSCENES, Julien Cano (vidéo et captation graphique)


(© Marc Ginot)


Longtemps négligée par les maisons d’opéra, La Clémence de Titus revient en force sur le devant de la scène, et nul ne saurait manquer d’en programmer sa lecture. Celle que propose Jorinde Keesmaat à l’Opéra de Montpellier rompt avec le marbre antique. S’il faut généralement observer au moins une certaine circonspection à l’égard des longs propos introductifs censés livrer les clefs de la production, celui du dramaturge reproduit dans le programme constitue un cas d’école en termes de pédagogisme suffisant et verbeux, béquille affaiblissant encore davantage des intentions herméneutiques déjà bien discutables.


Il y est donc question de la relation sentimentale que Sesto et l’empereur auraient entretenue dans le passé – sans doute faut-il juger à cette aune la distribution du rôle du patricien à un contre-ténor. Mais était-il besoin de les dénuder autour d’haltères, sinon pour signaler des fantasmes passablement exogènes au propos du livret? On apprend par ailleurs que les oreilles de lapin symbolisent l’autisme du jeune homme – que l’on devine plus ami d’enfance qu’amant dans l’esquisse vidéo finale – ainsi que la signification des fougères au cœur d’une sémiologie de la nature censée se tenir en relation avec la pensée stoïcienne. Creuser la caractérisation des personnages est toujours une louable tentative, à condition de ne pas s’éparpiller dans un commentaire aux allures pseudo-universitaires, et la chute des lapins en peluche carbonisés qui a tant fait couler d’encre n’en constituent qu’un élément parmi d’autres – rapprochant les cendres du Vésuve et celles du Capitole.


Dans ce choix de biais interprétatif marginaux, on reconnaît l’influence de Warlikowski, avec lequel les membres de la régie ont travaillé, et des productions duquel Jorinde Keesmaat a assumé la reprise montpelliéraine, tandis que l’esthétique scénographique ne cache pas non plus ses parentés, sans pour autant que le résultat dépasse le fade exercice d’imitation: on ne s’arrêtera pas sur un vestiaire très fluorescent, et l’on s’épargnera le souvenir d’un chœur – au demeurant préparé honnêtement par Noëlle Gény – parfois réduit à la vocifération de la plèbe. La copie ne possède guère la force et cohérence de l’original.


On retrouve en Tito l’Idoménée de décembre dernier, Brendan Tuohy, qui témoigne d’une indéniable carrure. En Sesto, Kangmin Justin Kim fait valoir la vélocité qui lui a valu les projecteurs, plus aboutie dans son second air que le «Parto», où le matériau vocal manque un peu de corps. Marie-Adeline Henry campe une Vitellia solide, sans se révéler absolument mémorable. Christina Gansch fait retentir le babil léger attendu en Servilia, quand Antoinette Dennefeld ne démérite point en Annio. Avec pertinence, David Bizic épargne à Publio la caricature où on le relègue souvent. A la tête d’un Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon qui ne méconnaît pas le style mozartien, Julien Masmondet impulse une dynamique plutôt vivante, quitte à souligner des couleurs étrangement métalliques au début du finale du second acte.



Gilles Charlassier

 

 

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