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Gut ding will weile haben

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
04/15/2015 -  et 17 avril 2015 (Linz)
Johannes Brahms : Concerto pour violon, opus 77 – Symphonie n° 1, opus 68
Leonidas Kavakos (violon)
Wiener Philharmoniker, Christoph Eschenbach (direction)


L. Kavakos (© Marco Borggreve)


Après la déception du concert de la veille, on retrouve avec une certaine inquiétude le Philharmonique de Vienne, qui boucle aux Champs-Elysées son «mini-cycle» Brahms avec Christoph Eschenbach (né en 1940).


Le Concerto pour violon (1878) confirme ces craintes, le chef parvenant à rendre totalement anonyme la sonorité de Viennois qu’on peine à reconnaître tant le souffle est court, la rondeur absente, la rythmique molle. Eschenbach va même jusqu’à transformer l’Allegro giocoso en badinerie mièvre, la battue se faisant d’une navrante trivialité. Asséchant partout les dynamiques, il refuse d’habiter Brahms dans la longueur et désépaissit à ce point l’accompagnement qu’il en paraîtrait presque squelettique par instants.


Deux mois après son concert à la Philharmonie, Leonidas Kavakos (né en 1967) revient à Paris pour une œuvre qu’il avait déjà interprétée en 2008 à Pleyel (avec Chailly et le Concertgebouw) ou, plus récemment, à Genève (avec Oramo et la BBC). Il en demeure un interprète d’exception. Non pas que son approche séduise de bout en bout – pas toujours infaillible, exigeante par son ascétisme intransigeant et son émotivité refusant le pathos et parfois même le vibrato (un geste plus troublant encore dans les deux Bach donnés en bis, qui donnent le sentiment d’être face à un instrument baroque).


Mais la cadence de l’Allegro ma non troppo constitue un moment de grâce au cours duquel, par sa science de l’archet comme par son art de l’interprétation, Leonidas Kavakos détache l’émotion d’un fil instrumental tranchant comme l’acier, un fil qu’on suit ébahi voire hypnotisé, même lorsque l’orchestre réapparaît et tente de s’interposer sans jamais parvenir à le détacher... Quant au geste dansant de l’Allegro giocoso – aussi tenu que libre –, il dégage un parfum tzigane follement conquérant.


Contre toute attente, la seconde partie permet – enfin – de retrouver le feu viennois. Dans la chaleur des cordes de la Première Danse hongroise offerte à l’issue du concert (...malgré quelques minauderies sur l’estrade) et, davantage encore, dans une Première Symphonie (1876) d’une étonnante cohérence. Une interprétation certes pas incontestable (les cuivres pourraient être plus percutants parfois, la puissance plus souveraine) mais portée par une vision unitaire et une direction compacte, qui s’impose dès le Un poco sostenuto.


Eschenbach démontre de réelles affinités avec cette partition. Là où on lui reproche généralement de s’égarer dans des tempos lâches et des ralentis coupables, on a la bonne surprise de voir le chef allemand s’abandonner enfin à des fulgurances (Un poco allegretto e grazioso), accélérer subitement pour maintenir la tension (Andante sostenuto), embraser Brahms en somme (Allegro non troppo, ma con brio). Cela rassure grandement, en tout cas, sur la valeur d’un orchestre qui avait inquiété la veille mais dont les cordes savent toujours rugir et brûler quand on sait les stimuler.


Le site de Leonidas Kavakos



Gilles d’Heyres

 

 

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