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Un Mahler virtuose

Paris
Opéra Bastille
04/04/2015 -  
Gustav Mahler : Symphonie n° 7
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Cornelius Meister (direction)


C. Meister (© Rosa Frank)


C’est sans doute la moins accessible, la moins populaire des Symphonies de Mahler, la plus noire, la plus expressionniste aussi, avec les Sixième et Neuvième. Mais cette Septième n’est pas la moins structurée, même si le finale reste problématique : les mouvements extrêmes se répondent, encadrant deux « Musiques nocturnes » qui enserrent un Scherzo étrange, à la fois danse macabre et valse viennoise, où passent et repassent des ombres inquiétantes. L’audace des combinaisons de timbres, des effets sonores, des distorsions harmoniques, anticipe l’Ecole de Vienne, dont Mahler a rarement été aussi proche – un Schoenberg ne s’y trompa pas.


Autant dire que la diriger tient du défi, que le jeune Cornelius Meister vient de relever, au moins musicalement. Son concert avec l’Orchestre de Paris, il y a un an, avait marqué les esprits : on était impatient de l’entendre passer de Mendelssohn à Mahler – il y a un monde entre l’Ecossaise et cette Septième. La baguette est vive et souple, la direction très pensée : alors qu’on la dit parfois éclatée, l’œuvre semble très unitaire, comme si, au fond, elle ne constituait qu’un seul mouvement, tant tout s’enchaîne et avance naturellement. Peu porté sur le pathos, Cornelius Meister jette la lumière de l’évidence sur les complexités de la polyphonie, en particulier dans les premier et dernier mouvements. Et l’Orchestre de l’Opéra déploie une virtuosité sans faille – superbes solos – alors que le chef dirige parfois très vite. Mais il assume, impressionnant par sa maîtrise.


Reste à savoir si cette direction décapée nous a restitué le message de la Symphonie. Tempos trop rapides, justement ? Trop de clarté ? Sonorité trop sèche ? Pas assez d’ironie, de second degré, notamment dans les emprunts populaires ? Pas assez de noirceur, d’inquiétude, de tragique pour une Symphonie qui commence par un cauchemar et s’achève par un carnaval ? Bref, on sort plus ébloui qu’ému. On n’en continuera pas moins à suivre de très près un chef aussi brillant.



Didier van Moere

 

 

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