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Une inoubliable Desdemona Bruxelles Thèâtre royal de la Monnaie 02/16/2001 - et les 7, 10, 13, 20, 22 et 25 février 2001 Giuseppe Verdi: Otello Sergeï Naida (Otello), Susan Chilcott (Desdemona), Tom Fox (Iago), Kurt Streit (Cassio), Susanne Schimack (Emilia), John Cheek (Lodovico), Alfred Boe (Roderigo), Chris De Moor (Montano), Gerard Lavalle (Un Araldo), Willy Decker (mise en scène), Stefan Poprawka (dramaturgie), John Macfarlane (décors et costumes), Athol Farmer (chorégraphie), David Finn (éclairages), Renato Balsadonna (chef des choeurs), Antonio Pappano (direction musicale) Le cycle Verdi-Shakespeare se poursuit à la Monnaie avec la reprise de la superbe production de Willy Decker qui avait ouvert la saison 1997-1998. Nous retrouvons avec plaisir la patte de ce metteur en scène d’exception qui impose une vision très personnelle de l’avant-dernier opéra de Verdi. Plus que jamais en accord avec John Macfarlane, responsable des décors et des costumes, il ne s’attache qu’à l’essentiel, épurant l’œuvre de toute surcharge et se concentrant sur le drame des personnages. Ainsi la scène inclinée présente un grand miroir entouré de murs oppressants autour duquel toute l’action sera concentrée, l’autre élément essentiel du décor étant une grande croix blanche qu’Otello brisera et que Desdemona tentera vainement de rassembler avant d’y mourir. La direction d’acteur est comme d’habitude remarquable, même si l’interprète du rôle titre nous déçoit beaucoup à ce niveau. Decker sait également faire jouer le chœur : les mouvements de foule qui se font et se défont provoquent un impact émotionnel impressionnant (en particulier dans les premières mesures de l’acte premier). La direction d’Antonio Pappano convainc autant qu’en 1997 ; elle a gagné en précision et le souffle verdien l’anime totalement. Richard Margison était très attendu pour son premier Otello ; hélas ! il a déclaré forfait et son remplaçant était loin d’être à la hauteur de la tâche, d’autant que le souvenir de Vladimir Galouzine idéal titulaire du rôle en 1997 est encore présent ; ainsi le russe Sergei Naida passe complètement à côté des intentions de Decker avec un jeu balourd et peu inspiré ; le timbre est intéressant mais les problèmes techniques nombreux entraînent des difficultés, en particulier dans l’aigu. Susan Chilcott impose à nouveau sa belle et sensible Desdemona, encore plus affirmée qu’en 1997, même si l’acte trois présente encore des limites à une voix lyrique qui néanmoins résout de manière intelligente et musicale les difficultés qu’elle y rencontre ; l’acte suivant est tellement parfait, scéniquement, vocalement que toute réserve paraît vaine. Excellent acteur, Tom Fox est un Iago qui convainc mais dont la raucité de la voix finit par laisser. Kurt Streit est un Cassio d’une séduction physique et vocale qui permettent à Decker de souligner l’importance de ce personnage ordinairement secondaire. Les autres seconds rôles étaient également remarquablement tenus. Prochain rendez-vous avec le cycle Verdi inspiré par Shakespeare en juin avec Macbeth, malheureusement sans Willy Decker…
Christophe Vetter
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