About us / Contact

The Classical Music Network

Toulouse

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un classique contemporain

Toulouse
Théâtre du Capitole
02/22/2015 -  et 24, 25, 26, 27, 28* février 2015
Kader Belarbi : La Reine morte
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Capriccio italien, opus 45 – Suite n° 1 en ré mineur, opus 43: – Divertimento, Marche miniature & Introduction et fugue – Suite n° 3 en sol majeur, opus 55: Tema con variazioni – Hamlet, opus 67: Fanfare, Marche finale & Mélodrame – Les Saisons, opus 37b: «Février» («Le Carnaval»), «Mars» («Chant de l’alouette») – Suite n° 4 en sol majeur, opus 61 «Mozartiana»: Thème et variations, Prière & Gigue – La Belle au bois dormant, opus 66: Acte III, Sarabande – Suite n° 2 en do majeur, opus 53 «Suite caractéristique»: Rêves d’enfant – Roméo et Juliette (version originale de 1869 et version définitive) (extraits) – Francesca da Rimini, opus 32 (extraits)

Valerio Mangianti*/Artyom Maksakov (Le Roi Ferrante), Maria Gutierrez*/Julie Charlet (Dona Inès de Castro), Davit Galstyan*/Avetik Karapetyan (Don Pedro), Juliette Thélin*/Beatrice Carbone (L’Infante), Matthew Astley*/Takafumi Watanabe*/Evgueni Dokoukine/Shizen Kazama (Les bouffons), Caroline Betancourt*/Kayo Nakazato*/Tiphaine Prévost/Eukene Sagues Abad (Les bouffonnes), Lauren Kennedy*/Juliette Thélin, Julie Loria, Virginie Baïet-Dartigalongue, Emilia Cadorin, Sofia Caminiti, Solène Monnereau (Les courtisanes), Demian Vargas, Maxim Clefos, Minoru Kanedo, Shizen Kazama*/Matthew Astley, Jérémy Leydier, Maksat Sydykov (Les courtisans), Taisha Barton Rowledge (Une dame d’honneur de l’Infante), Nicolas Rombaut (Un lieutenant des gardes), Artyom Maksakov*/Valerio Mangianti (Un proche conseiller du roi), Demian Vargas*, Shizen Kazama*/Matthew Astley, Maxim Clefos, Evgueni Dokoukine, Minoru Kanedo, Jérémy Leydier, Nicolas Rombaut, Maksat Sydykov (Les conseillers), Andrea Morelli (Le prêtre), Lauren Kenedy, Julie Loria, Beatrice Carbone*/Juliette Thélin, Virginie Baïet-Dartigalongue, Taisha Barton Rowledge, Caroline Betancourt, Emilia Cadorin, Sofia Caminiti, Vanessa Dirven, Solène Monnereau, Kayo Nakazato, Tiphaine Prévost (Les mariées défuntes), Andrea Morelli, Takafumi Watanabe (Les exécuteurs), Ballet du Capitole
Orchestre national du Capitole, Koen Kessels (direction musicale)
Kader Belarbi (chorégraphie et mise en scène), Bruno de Lavenière (décors), Olivier Bériot (costumes), Sylvain Chevallot (lumières)


M. Gutierrez, D. Galstyan (© David Herrero)


Si Roméo et Juliette ou Tristan et Yseult ont largement investi le répertoire lyrique et chorégraphique, les amours de Pedro et Inès ont sensiblement moins franchi les frontières de leur Portugal natal. La légende a été enfantée par l’Histoire elle-même – comme celle d’Héloïse et Abélard, autre couple mythique voué à la malédiction terrestre. Cela se passe au XIVe siècle, alors que la Portugal vient de sortir du joug de la Castille. Promis à l’Infante de Navarre par son père le roi Ferrante, Pedro défie ces projets politiques par son amour pour Inès, jusqu’à la mort. L’éternel combat entre la raison du cœur et celle de l’Etat a inspiré à Henry de Montherlant une de ses plus remarquables pièces – pour laquelle il a librement puisé dans un corpus du Siècle d’or ibérique – qui se maintient d’ailleurs régulièrement au répertoire: La Reine morte. Kader Belarbi en a tiré un ballet homonyme, créé en 2011 au Théâtre du Capitole pour la compagnie toulousaine, et repris en ce mois de février.


Plutôt qu’un retour périlleux à la musique d’époque, le chorégraphe a élaboré une dramaturgie s’appuyant uniquement sur de pièces de Tchaïkovski. L’apparent morcellement ne nuit pas à la continuité du discours, grâce à un admirable sens de la construction où reviennent en récurrence des motifs, à l’instar du Roméo et Juliette – dans ses deux versions – ou du Tema con variazioni de la Troisième Suite, dont le sens et la portée évoluent au fil de la trame narrative. A partir d’un matériel resserré qui n’a rien d’un pot-pourri, cette symphonie de thèmes constitue ainsi un puissant support pour le drame autant que pour les pas, et pour ne pas être sans reproche, l’Orchestre national du Capitole, placé sous la direction de Koen Kessels, le fait vivre efficacement.


L’allure classique du ballet ne tient pas seulement à ce seul patronage de Tchaïkovski. La danse assume l’héritage pantomimique, quand bien même celui subit une indéniable décantation, à l’image des décors de Bruno de Lavenière, panneaux mobiles et versatiles, tour à tour tapisserie de cour et prison, mues par la force des bras. Semblable fluidité du cadre, comme la force expressive du langage chorégraphique, peut, par exemple, faire songer à Mats Ek. Les duos entre les amants, ou encore la solitude du souverain, juché comme un arbitre, en témoignent, sans oublier la violence des conseillers du roi, presque picturale, qui contraste avec la transparence des mariées mortes. La conclusion avec la reine morte dans sa robe nuptiale comme un linceul marque singulièrement.


Une telle danse sollicite généreusement les ressources des interprètes, et ceux-ci le lui rendent bien, au premier rang desquels le couple amoureux. Maria Gutierrez libère rapidement Inès de la gangue de concentration dans laquelle elle fait son entrée, affirmant une belle fluidité de jeu et de geste, et forme avec le Pedro de Davit Galtsyan un duo émouvant de complicité harmonieuse. Le soliste arménien affiche une admirable vigueur qui magnifie l’impulsivité juvénile et affective de son personnage. Valerio Mangianti incarne la vulnérable autorité du roi Ferrante, quand Juliette Thélin souligne, comme il convient, la raideur de l’Infante. Mentionnons également la virtuosité colorée des deux duos bouffons – Matthew Astley et Caroline Betancourt, Takafumi Watanabe et Kayo Nakazato. Taillé sur mesure pour un Ballet du Capitole justement flatté, le spectacle intemporel de Kader Belarbi peut désormais prétendre à une légitime place au répertoire.



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com