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Un concentré d’émotion

Bruxelles
La Monnaie
02/27/2015 -  et 1er*, 3, 4, 6, 7 mars 2015
Wolfgang Rihm: Jakob Lenz
Georg Nigl (Lenz), Henry Waddington (Oberlin), John Graham-Hall (Kaufmann), Irma Mihelic, Olga Heikkilä, Maria Fiselier, Stine Marie Fischer, Dominic Grosse, Eric Ander (voix)
Orchestre symphonique de la Monnaie, Franck Ollu (direction)
Andrea Breth (mise en scène), Martin Zehetgruber (décor), Eva Dessecker (costumes), Alexander Koppelmann (éclairages)


(© Bernd Uhlig)


Un vent favorable à la musique contemporaine souffle sur la Monnaie. Avant de créer Penthesilea de Pascal Dusapin, du 31 mars au 18 avril, l’institution fédérale représente Jakob Lenz (1977-1978) pour la première fois. Déjà monté à Bruxelles, au Kaaitheater, il y a neuf ans, l’opéra de chambre de Wolfgang Rihm (né en 1952), d’après une nouvelle de Georg Büchner, relate le séjour de cet écrivain atteint de graves troubles mentaux chez le pasteur Oberlin (1740-1826). Régulièrement à l’affiche en Allemagne depuis sa création à Hambourg en 1979, il utilise peu de moyens – onze instrumentistes, trois solistes, six chanteurs complémentaires – mais cette coproduction avec l’Opéra de Stuttgart et le Staatsoper de Berlin nécessite un grand espace pour héberger le décor sur deux niveaux – un espace concret, un espace mental – de Martin Zehetgruber. Les murs au papier peint défraîchi et les éclairages d’Alexander Koppelmann renforcent la dimension sinistre et tragique de cet épisode de la courte vie (1751-1792) de cette importante figure du Sturm und Drang.


Après avoir suscité la polémique dans La Traviata il y a deux ans, Andrea Breth propose une mise en scène cette fois moins contestable mais encore plus saisissante. Le spectacle repose avant tout sur les épaules de Georg Nigl, qui affronte les périls de cette œuvre courte – une heure et quart – mais exigeante à cause notamment de l’étendue du registre du rôle-titre et des techniques de chant – coloratures, sprechgesang. Le baryton autrichien signe une composition épatante de ce personnage schizophrénique qui rappelle un peu Wozzeck, un de ses rôles de prédilection. L’opéra de Rihm partage d’ailleurs quelques points communs avec celui de Berg – livret tiré d’une œuvre du même auteur, découpe en courts tableaux, musique expressive au fort impact dramatique – mais il s’agit d’une œuvre personnelle, malgré les quelques réminiscences qui la parcourent, notamment de Bach.


Henry Waddington et John Graham-Hall livrent une prestation tout aussi convaincante dans les rôles d’Oberlin et de Kaufmann tandis que six voix interviennent en coulisse pour signifier qu’elles n’apparaissent que dans l’esprit dérangé de Lenz. Rihm a conçu cette œuvre concentrée pour une petite formation inhabituellement constituée de trois violoncelles, de quelques bois, de deux cuivres, de percussions et d’un clavecin, ce dernier apportant une coloration qui rappelle le XVIIIe siècle. En charge de la création de Penthesilea dans un mois, Frank Ollu dirige avec compétence et en gardant la tête froide un orchestre précis et percutant qui rend justice à cette musique sans concession, puissante et maîtrisée. Ovationné lors de saluts, le compositeur a écrit à moins de trente ans une œuvre qui mérite de figurer en bonne place au répertoire en dehors d’Allemagne. Néanmoins, à cause de sa brièveté, le spectacle laisse un goût de trop peu, même si le prix des places a été revu à la baisse, mais avec quelle autre opéra associer Jakob Lenz ?



Sébastien Foucart

 

 

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