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Décantation napolitaine

Tours
Grand Théâtre
02/13/2015 -  et 17, 18 octobre (Reims), 23 novembre (Metz), 5, 7 décembre (Massy) 2014, 29, 30, 31 janvier, 1er (Marseille), 15, 17 (Tours) février, 23, 25, 27 mars (Rennes), 12, 14 avril (Avignon) 2015
Henri Sauguet : Les Caprices de Marianne
Zuzana Marková (Marianne), Sarah Laulan (Hermia), Philippe-Nicolas Martin (Octave), François Rougier (Coelio), Norman D. Patzke (Claudio), Raphaël Brémard (Tibia), Jean-Christophe Born (L’aubergiste), Guillaume Andrieux (Le chanteur de sérénade), Julien Bréan (La duègne)
Orchestre symphonique Région Centre-Tours, Claude Schnitzler (direction musicale)
Oriol Tomas (mise en scène), Patricia Ruel (décors), Laurence Mongeau (costumes), Etienne Boucher (lumières)


(© François Berthon)


Répondant à sa mission de soutien auprès des jeunes chanteurs, le Centre français de promotion lyrique, lancé en 1970 par nombre de directeurs d’opéra en France, renouvelle l’aventure du Voyage à Reims – en 2008, 2009 et 2010 – avec Les Caprices de Marianne, ouvrage de Sauguet, compositeur aujourd’hui négligé. Après avoir été porté sur les fonds baptismaux par la maison rémoise, le spectacle s’est ainsi rendu à Metz, Massy et Marseille, avant de venir sur la scène de Tours, alternant deux distributions au fil de la tournée dans les quinze maisons coproductrices.


L’on pourra certes discuter l’intérêt de l’œuvre, inspirée par une pièce de Musset. D’une écriture qui s’apparente à une conversation en musique, elle témoigne d’une facture orchestrale jouant avec agilité de légèreté et de transparence, fidèle à une certaine tradition française. Si la première partie montre çà et là des longueurs, liées sans doute à quelques formules redondantes requises par l’exposition de l’intrigue, le resserrement dramatique de la conclusion réussit son effet, distillant une authentique émotion, tempérée de manière équilibrée par une distante élégance. Le raffinement évite ainsi la vanité qui pourrait menacer, et touche une expressive vérité.


Ce génie de la partition, Oriol Tomas l’a visiblement compris, inscrivant le drame dans une réplique en contreplongée de la galerie Umberto I, qui s’insère habilement dans les dimensions du plateau tourangeau. Nul besoin pour les décors de Patricia Ruel d’accentuer l’exotisme topographique: la pluie de cendres à la scène finale, sur fond rougeoyant, signale le désastre des sentiments après le meurtre de Coelio, autant qu’il rappelle le voisinage du Vésuve – soulignons la décantation évocatrice des lumières d’Etienne Boucher. Et à l’aune de la fidélité non servile de cet artisanat humble et intelligent, les baisses de régime, essentiellement au premier acte, ne retiendront pas la mémoire.


Le vivier de jeunes voix où a été puisée la distribution répond favorablement aux attendus des personnages, qu’ils caractérisent de manière convaincante. En Marianne, Zuzana Marková affirme un timbre fêle et juvénile où, sous la coquetterie de façade pointe un délicat soupçon de sentimentalité. Octave d’une indéniable solidité, Philippe-Nicolas Martin démontre une présence certaine au fil de la soirée, d’où émerge un sens de la nuance qui habille le rôle, et contraste avec la touchante fragilité du Coelio de François Rougier. Norman D. Patzke affirme l’autorité de Claudio, parfois aux limites de la subtilité, quand Raphaël Brémard affecte un Tibia réjouissant d’artifice. Guillaume Andrieux fait une notable apparition en Chanteur de sérénade au début du spectacle. Mentionnons encore l’Hermia de Sarah Laulan, la Duègne toute de bouffe de Julien Bréan et l’Aubergiste de Jean-Christophe Born.


A la tête de l’Orchestre symphonique Région Centre-Tours, Claude Schnitzler soutient la finesse de la partition avec une égale attention au plateau et à l’équilibre d’ensemble, permettant de sortir du purgatoire un opéra oublié d’un compositeur qui ne l’est pas moins. Le retour au répertoire n’est sans doute pas à l’issue de la tournée, mais au moins aura-t-elle justement servi l’ouvrage.



Gilles Charlassier

 

 

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