About us / Contact

The Classical Music Network

Luxembourg

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Ivresse sonore

Luxembourg
Philharmonie
02/09/2015 -  et 8 (Bruxelles), 11 (Madrid), 14 (Freiburg), 16 (Milano), 19 (Köln), 22 (Dortmund) février 2015
Felix Mendelssohn : Concerto pour violon n° 2 en mi mineur, opus 64
Gustav Mahler : Symphonie n° 1 «Titan»

Julian Rachlin (violon)
Gewandhausorchester Leipzig, Riccardo Chailly (direction)


R. Chailly (© Gerd Mothes)


Affluence des grands soirs à la Philharmonie de Luxembourg – grand vaisseau spatial en forme de lyre conçu par l’architecte star Christian de Portzamparc – pour entendre le mythique Orchestre du Gewandhaus de Leipzig – le plus vieil orchestre du monde – dirigé par son chef permanent depuis 2005 (prolongé jusqu’en 2020), Riccardo Chailly, au deuxième jour d’une tournée européenne de deux semaines.


Aussi difficile qu’incontournable, le Second Concerto pour violon de Mendelssohn donné en première partie trouve en Julian Rachlin un styliste hors pair: une technique brillante et facile, une ligne d’archet compacte et veloutée lui permettent une variété de tons et de couleurs qui font merveille ici. A l’instar du soliste, le Gewandhaus s’applique à trouver une pâte sonore transparente et dépouillée, et cette poursuite de la simplicité et de la légèreté met intelligemment en exergue toute la candeur de l’ouvrage. Le finale – enlevé et fougueux (peut-être un peu trop?) – donne la mesure des facilités du violoniste lituanien, dont l’impétuosité ne fait qu’une bouchée de cet Allegro molto vivace. Deux bémols à cette première partie néanmoins, l’artiste grimace à longueur de temps (de manière fort disgracieuse) et n’est pas très généreux puisqu’il n’a pas répondu favorablement aux longues acclamations du public en quête d’un bis.


Après l’entracte, place à la Première Symphonie «Titan» de Mahler, où l’auditeur peut encore mieux goûter à la qualité exceptionnelle, l’homogénéité sans faille et la perfection technique du Gewandhaus: rien ne dépasse ici, tout est joué au cordeau, sans le moindre accroc. Irréprochable, donc, et superbement investie, la phalange germanique impose d’emblée une concentration et une poésie de l’écoute, en faisant vibrer et scintiller les «bruits de nature». Amoureux du son, Chailly dirige sans partition, avec une précision quasi analytique, mais jamais austère, qui laisse apprécier toutes les subtilités de timbre et les hardiesses de l’orchestration mahlérienne; l’orchestre est tout simplement somptueux, opulent dans la texture des cordes, caressant dans ses soli respectifs – la contrebasse de Christian Ockert, la harpe de Gabriela Victoria... –, saisissant par la cohésion de ses pupitres. Et lorsque Chailly lâche la bride – dans le dernier mouvement («Dall’inferno», comme précisé par Mahler) –, les pupitres se mettent à sonner dans une plénitude sonore qui ne se réalise jamais au détriment des composantes de l’écriture orchestrale. Saluons l’endurance et l’infaillibilité des cuivres, et notamment les huit cors qui – selon la prescription d’un Mahler soucieux de projection dans l’espace – achèvent debout (et en héros) cette Titan, dans une puissance et une ivresse du son qui resteront longtemps dans la mémoire (et les «tripes») du public luxembourgeois.



Emmanuel Andrieu

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com