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Olga Peretyatko enflamme l’Opéra de Lausanne

Lausanne
Opéra
02/06/2015 -  et 8, 11*, 13, 15 février 2015
Giuseppe Verdi : La traviata
Olga Peretyatko (Violetta Valery), Ismael Jordi (Alfredo Germont), Roberto Frontali (Giorgio Germont), Marie Karall (Flora Bervoix), Karine Mkrtchyan (Annina), Jérémie Brocard (Dottore Grenvil), Pablo Garcìa López (Gastone), Sacha Michon (Barone Douphol), Patrice Berger (Marchese d’Obigny), Pier-Yves Têtu (Giuseppe), Florent Blaser (Commissionario), Jean-Raphaël Lavandier (Un servo)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Salvo Sgrò (préparation), Orchestre de Chambre de Lausanne, Corrado Rovaris (direction musicale)
Jean-Louis Grinda (mise en scène), Vanessa d’Ayral de Sérignac (réalisation de la mise en scène), Rudy Sabounghi (décors), Jorge Jara (costumes), Laurent Castaingt (lumières), Eugénie Andrin (chorégraphie)


(© Marc Vanappelghem)


Olga Peretyatko a mis le feu à l’Opéra de Lausanne : sa prise de rôle dans La Traviata a été accueillie par les ovations d’un public particulièrement enthousiaste, du jamais vu ni entendu ici. La chanteuse russe a réussi son pari haut la main. Il faut dire qu’avec sa plastique de rêve, son indéniable charisme scénique et sa maîtrise vocale, elle avait de nombreux atouts en main pour relever le défi avec brio. Dès son apparition sur scène dans une magnifique robe fuchsia, on n’a d’yeux et d’oreilles que pour sa Violetta. Comme on pouvait s’y attendre, les vocalises du premier acte ne lui posent aucun problème : la ligne de chant est souverainement tenue sur toute la tessiture, l’intonation est impeccable et la soprano ose des « pianissimi » ébouriffants, qui rendent sa Violetta languissante et ardente à la fois. A l’acte II, dans la confrontation avec Germont père, son « Dite alla giovine » est d’une douceur inouïe, lancé dans un souffle de voix. Et lorsqu’elle retrouve son amant, son « Amami Alfredo » douloureux est un véritable cri du cœur. Au dernier acte, le « E tardi », particulièrement impérieux, résonne des accents poignants du désespoir. Une grande Violetta est née, à n’en pas douter. Une réserve, tout de même : l’incarnation éblouit, mais ne bouleverse pas. La faute peut-être à une mise en scène reprise par une assistante, qui donne l’impression de se réduire à une simple mise en place, avec de grands gestes stéréotypés. Espérons qu’Olga Peretyatko mûrira son personnage avec l’aide de metteurs en scène inspirés par le potentiel énorme de cette magnifique artiste.


Non pas que la production présentée à Lausanne soit indigne, mais elle pêche par sa direction d’acteurs sommaire, laissant les solistes livrés à eux-mêmes. Le spectacle créé à Monaco par Jean-Louis Grinda en janvier 2013, de facture classique, est surtout une réussite esthétique, avec des décors et des costumes chatoyants ; la mort et le temps qui passe en sont les deux fils conducteurs. Il contient néanmoins quelques idées originales, comme l’apparition de la sœur d’Alfredo échangeant de longs regards avec Violetta à l’acte II, le flash-back du Prélude, où l’héroïne, vautrée sur le lit d’un bordel glauque, est rachetée à sa maquerelle par le Baron Douphol, ou encore, pendant le chœur des bohémiennes, la présence d’une danseuse humiliée puis violentée par un groupe d’hommes, comme un préambule à l’affront que subira Violetta de la part d’Alfredo. Le plateau vocal réuni autour d’Olga Peretyatko est de grande qualité. Ismael Jordi incarne un Alfredo noble et ardent, même si la voix semble parfois un peu serrée. Roberto Frontali est un Germont père à la voix sonore et bien projetée, mais on regrette que son personnage soit si peu nuancé, se résumant à celui d’un homme autoritaire et hautain, pas le moins du monde ému par les suppliques de Violetta à l’acte II. Dans la fosse, Corrado Rovaris, à la tête de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, sert le drame avec précision et passion. Grâce à Olga Peretyatko, cette Traviata restera assurément dans les annales de l’Opéra de Lausanne.



Claudio Poloni

 

 

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