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Enlevé

Avignon
Opéra
01/25/2015 -  et 27* janvier 2015
Gaetano Donizetti : Don Pasquale
Simone del Savio (Don Pasquale), Anna Sohn (Norina), Alex Martini (Docteur Malatesta), Sergueï Romanovsky (Ernesto), Jean Vendassi (Le notaire), Olivier Parot (Le majordome), Constance Mathillon (Une femme de chambre, La modiste), Cédric Veschambre (Un valet, Le coiffeur)
Chœurs de l’Opéra Grand Avignon, Aurore Marchand (chef de chœur), Orchestre régional Avignon-Provence, Roberto Forés Veses (direction musicale)
Andrea Cigni (mise en scène), Roberto Catalano (assistant à la mise en scène), Lorenzo Cutùli (décors et costumes), Fiammetta Baldiserri (lumières)


Depuis qu’elle a été créée en janvier 2014 à Clermont-Ferrand, résultat du concours qui se tient tous les deux ans dans la capitale auvergnate, la production de Don Pasquale réglée par Andrea Cigni a commencé une généreuse tournée hexagonale avec Limoges, Rouen, Reims et Saint-Etienne, avant d’arriver en ce mois de janvier à Avignon, puis de continuer vers Massy, Vichy – où le spectacle sera enregistré – et enfin la péninsule italienne.


Depuis les premières représentations, le dispositif imaginé par Lorenzo Cutùli, placé sous l’égide du héros immortalisé en un vrai-faux tableau de maître, n’a pas perdu une once de saveur. Le plateau est scandé par une symbolique porte de coffre-fort, derrière laquelle s’accumulent lingots, écus et assignats, fortune du barbon qui sera dilapidée par l’épouse en une pluie de billets réglée pour le chœur, ménageant une irrésistible connivence avec le public – lequel pourra repartir avec des ersatz de mille lires. Fondant sa crédibilité sur une authentique théâtralité, la mise en scène joue des artifices et des archétypes, à l’instar de l’accumulation de rides sur le front du personnage éponyme de la pièce ou du Malatesta en bleu Klein à lunettes rondes. L’œil retrouve la verve de la partition, que le rythme enlevé de la direction d’acteurs restitue délicieusement. Pas davantage qu’à Limoges, la césure la fin du premier acte ne recueille d’autre assentiment que les contraintes techniques – le finale du deuxième, avec son panache rossinien, aurait suffit à la ponctuation du spectacle, d’autant que la rupture dramatique y est bien plus nette d’avec le dernier.


Fruit du palmarès clermontois de 2013, la distribution entendue l’année dernier revient presqu’inchangée, à l’exception notable de l’Ernesto de Sergueï Romanovsky, qui a progressivement pris ses marques au fil des représentations. L’élan ne lui fait point défaut, même si l’éclat latin pourrait s’affirmer davantage. Dans le rôle-titre, Simone del Savio dissimule, par une vocalité saine et naturelle, sa jeunesse dans le caractère bouffe du personnage, ridicule et pitoyable dans un aveuglement jamais caricaturé. Une fois franchies des notes acidulées en début de soirée, Anna Sohn gratifie d’une Norina aussi fraîche que volubile, minaudant comme il se doit la niaise timidité de façade de la pseudo-Sofronia, avant d’étourdir en matrone aussi capricieuse qu’impitoyable. Dans la continuité des précédentes tournées, le docteur Malatesta d’Alex Martini privilégie la présence et la solidité à un nuancier de couleurs encore balbutiant. A la tête de l’Orchestre régional Avignon-Provence, Roberto Forés Veses pétille d’énergie dans une lecture intelligente qui, nonobstant une relative prudence bridant le bel canto non écrit, éclaire la position de l’ouvrage dans l’histoire musicale, inimitable jalon entre Rossini et Verdi.



Gilles Charlassier

 

 

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