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Une reine du chant Paris Amphithéâtre Bastille 02/08/2015 - Giacomo Puccini : Sole e amore – E l`uccellino – Ad una morta Morire? – Salve Regina – Terra e Mare – Casa mia – Storiella d`amore
Alban Berg : Sieben frühe Lieder
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Ni slova, o drug moj, opus 6 n° 2 – Khotel by v jedinoje slovo Kolybel’naja pesnja, opus 54 n° 10 – To bylo ranneju vesnoj, opus 38 n° 2 – Ja li v pole da ne travushka byla, opus 47 n° 7 – Den’ li tsarit, opus 47 n° 6 – Snova, kak prezhd’e, adin, opus 73 n° 5
Serge Rachmaninov : Poljubila ja na pechal’svoju, opus 8 n° 4 – Son, opus 8 n° 5 – Notch’ju w sadu u menja, opus 38 n° 1 – Ja zhdu tebja, op. 14 n° 1 – Ne poj, krasavitsa, pri mne, opus 4 n° 4 – Vesennije vody, opus 14 n° 11 Krassimira Stoyanova (soprano), Jendrik Springer (piano)
K. Stoyanova
Qu’admirer le plus chez Krassimira Stoyanova ? La chair du timbre, aujourd’hui dans sa pleine maturité, la longueur du souffle, la souplesse de l’émission, l’art de la coloration et l’éventail dynamique ? Autant de qualités qui lui permettent de faire ce qu’elle veut de sa voix, comme on l’a pu vérifier à l’Amphi Bastille lors d’une de ces « Convergences » que le public affectionne toujours autant – elles disparaîtront malheureusement la saison prochaine. On connaissait la chanteuse d’opéra, qu’on brûle d’entendre bientôt en Marguerite de Faust, mais on a découvert la Liedersängerin, comme on dit en Allemagne.
Les mélodies de Puccini, dès un « Soleil et amour » plus tard recyclé dans La Bohème, révèlent un chant impeccable et habité, avec un « Oiselet » tout en légèreté, un très volubile « La terre et la mer », une « Petite histoire d’amour » où la voix s’épanouit jusqu’au grave. Les Sept Lieder de jeunesse de Berg sont beaucoup plus élaborés : la soprano bulgare excelle à restituer l’étroit lien entre les mots et les notes, aussi à l’aise dans l’expansion que dans la retenue ; elle fait passer à travers la voix tous ces clairs-obscurs que suggère le texte, fidèle à l’atmosphère rêveuse, presque onirique des poèmes, notamment d’un « Dans une auréole de rêve » extasié.
Les mélodies russes de la seconde partie sont superbes de naturel et d’évidence. Celles de Tchaïkovski trouvent l’équilibre entre la romance et l’air, la naïveté populaire et l’élaboration savante, les murmures de la « Berceuse » et les grands élans de « Que le jour règne », la voix déployant toute la richesse de sa tessiture dans « N’étais-je pas un petit brin d’herbe », où la jeune fille se plaint d’avoir été mariée de force à un vieillard : on croit souvent entendre Tatiana ou Lisa. Rachmaninov fait ensuite figure d’héritier : les quelques mesures de « Rêve » suffisent à la voix pour prodiguer son art de l’évocation, « Ma belle, ne dis plus tout bas » égrène des arabesques charmeuses, le célèbre « Les eaux du printemps » jubile dans un chant souverain. En bis, deux clins d’œil au pays, avec des mélodies bulgares.
Jendrik Springer a été l’assistant de chefs tels que Christian Thielemann ou Sir Simon Rattle : son piano est éloquent, a des couleurs parfois orchestrales, ne craint rien de la virtuosité de certaines mélodies, comme « Que le jour règne » de Tchaïkovski – il pourrait seulement être parfois plus inventif.
Le site de Krassimira Stoyanova
Didier van Moere
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