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Aristocratie musicale

Vienna
Musikverein
01/27/2015 -  
Joseph Haydn: Trio n° 45, Hob.XV:29
George Enescu : Trio en la mineur
Franz Schubert : Trio n° 2, opus 100, D. 929

Trio Altenberg: Christopher Hinterhuber (piano), Amiram Ganz (violon), Christoph Stradner (violoncelle)


Le Trio Altenberg (© Nancy Horowitz)


Le Trio Altenberg fait partie des habitués des salles du Musikverein. Il possède depuis de nombreuses années son propre cycle d’abonnement, et draine un public varié et enthousiaste composé aussi bien d’étudiants du conservatoire que de mélomanes viennois. Après une longue période de stabilité de deux décennies, le trio a connu une importante rotation en 2012, Christopher Hinterhuber (piano) et Christoph Stradner (violoncelle) prenant la suite respectivement de Claus-Christian Schuster et d’Alexander Gebert. Le violoniste Amiram Ganz, au parcours le moins viennois des trois, reste aux commandes – certains se souviendront de son passage en France, notamment comme premier violon solo du Philharmonique de Strasbourg (voir ici).


L’ensemble propose un trio de Haydn de facture impeccablement classique, tout en élégance, qui frappe par sa sérénité et le contrôle des phrasés. Les petites irrégularités humoristiques qui sillonnent la musique de Haydn sont mises en relief sans extravagances. Et les unissons, parfois si délicats à réaliser en trio, sont impressionnants de cohérence.


L’œuvre d’Enesco offre l’occasion aux musiciens de déployer au cours de chaque mouvement une palette de timbres variée, plus expressionnistes que précédemment mais conservant la sobriété de ton déjà observée. L’épisode fantastique central du deuxième mouvement est traversé d’émouvants silences qui se propagent d’un instrument à l’autre.


Le trio de Schubert, aux dimensions quasi symphoniques, occupe l’intégralité de la seconde partie du concert. Le Trio Altenberg l’amorce avec délicatesse, sans minauderie ni grandiloquence; à l’écoute des première mesures, on pourrait croire à une miniature. C’est au fur et à mesure que les Altenberg en façonnent l’architecture, donnant de l’ampleur aux répétitions et de la profondeur au développement. Le deuxième mouvement parvient à véhiculer le voyage intérieur du compositeur (le domaine du Wanderer) par son inexorable scansion, mais introduisant des détails de phrasés qui tiennent à l’écart un côté mécanique qui nuirait à la poésie. Le troisième mouvement pâtit d’une baisse de tension temporaire, vite oubliée dans l’enchevêtrement explosif des thèmes du Finale.


On admire durant tout le concert l’autorité souveraine des musiciens, avec une mention particulière pour le violon d’Amiram Ganz, qui exhale un je-ne-sais-quoi de parfum aristocratique.


Le site du Trio Altenberg



Dimitri Finker

 

 

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