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Canton à Genève

Geneva
Victoria Hall
01/27/2015 -  et 26 janvier 2015 (Zürich)
Guo Wenjing: Folk-Song Suite
Yin Chengzong/Chu Wanghua/Sheng Lihong/Liu Zhuang: Concerto pour piano “Le Fleuve Jaune”
Piotr Ilitch Tchaïkovski: Symphonie n° 5, opus 64

Mélodie Zhao (Piano)
Orchestre symphonique de Canton, Daye Lin (direction)


Il n’est plus besoin de rappeler l’importance de la musique classique en Chine. Celle-ci a toujours été présente dans ce pays ainsi que le rappelle l’excellent Rapshody in Red de Sheila Melvin et Jingdong Cai. Les musiciens chinois ont aujourd’hui des champions en la personne de nombreux solistes, pianistes ou violonistes, à la réputation internationale. Ce sont maintenant de façon naturelle leurs orchestres qui se développent ainsi que leurs nombreux compositeurs : Tan Dun, Chen Qigang ou Liu Yuan qui ont réussi à mélanger un style et des timbres chinois à des effectifs symphoniques classiques.


C’est le cas également de Guo Wenjing. Dans sa Folk-Song Suite se retrouvent des thèmes tirés de musiques folkloriques joués par un orchestre à cordes traditionnel. Wenjing fait preuve de beaucoup de maitrise et d’originalité dans l’orchestration de sa suite. Dans la première pièce, les thèmes sont énoncés par le premier pupitre tandis que les cordes divisées tissent en arrière le tissu harmonique. La deuxième plus sereine, présente des évocations de la nature, la troisième demande aux musiciens de taper sur leurs instruments comme s’il s’agissait de percussions. Enfin, la dernière avec ses rythmes décalés présente un thème de danse un peu ricanant à la manière d’un Chostakovitch. Les instrumentistes sont à leur aise dans cette pièce et les équilibres entre pupitres se mettent en place avec naturel. Certaines pages pourraient bénéficier d’un développement un peu plus conséquent mais voici en fin de compte une œuvre sympathique et originale.


Existe-t-il une œuvre plus chinoise que le concerto Fleuve jaune? Cette œuvre qui demande des moyens pianistiques plus que conséquents était une des pièces préférées de la veuve de Mao, qui y voyait une évocation musicale des valeurs de la Chine communiste. C’est également une œuvre qui a été jouée par rien moins que Claudio Abbado et l’Orchestre philharmonique de Vienne dès 1973, c’est-à-dire durant la Révolution culturelle. Il est possible d’être choqué par la débauche d’effets de cette pièce qui frôle le pompier, mais ce serait oublier ses très nombreux aspects mélodieux et surtout un certain optimisme naïf et enthousiaste d’un charme très réel. La pianiste helvético-chinoise Mélodie Zhao y brille par une technique de premier plan, avec en particulier un jeu d’octaves impressionnant et, au contraire de ce que font de nombreux pianistes d’origine asiatique, de bons gros fortissimos. En dépit de quelques décalages un peu inévitables avec la pianiste, l’orchestre est dans son élément et offre une exécution soignée, avec beaucoup de relief. Très applaudie par le public genevois, qui connaît bien cette artiste, elle donne un bis de sa composition, impressionnant par ses pyrotechnies pianistiques mais où justement manque cette poésie qui était présente dans le concerto.


La seconde partie est hélas un peu décevante. La fatigue et le décalage horaire se ressentent chez les musiciens pour qui cette soirée est la deuxième de leur tournée suisse. Dans l’introduction de la Cinquième Symphonie de Tchaïkovski, la justesse des contrebasses est mise à mal et à plusieurs reprises, les équilibres dérapent en faveur de cuivres un peu trop présents. Daye Lin, le chef principal de l’orchestre, a certes la maîtrise de l’architecture de cette symphonie et fait preuve d’une réelle autorité mais ses musiciens ne peuvent le suivre. Mais ne nous trompons pas, dans dix ans, la Chine continuera sur sa lancée et je vous parie que leurs orchestres joueront Tchaïkovski avec autant de maestria que leurs propres œuvres.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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