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Universo Barroco à Madrid

Madrid
Auditorio Nacional
01/18/2015 -  
18 janvier 2015 – et 20 (Mérignac), 22 (Versailles), 24 (Paris), 27 (Amsterdam), 29 (Toulouse), 31 (Dortmund) janvier 2015
Agostino Steffani: Niobe, Regina di Tebe
Karina Gauvin (Niobe), Philippe Jaroussky (Anfione), Teresa Wakim (Manto), Christian Immler (Tiresias), Aaron Sheehan (Clearte), Jesse Blumberg (Poliferno), Colin Balzer (Tiberino), José Lemos (Nerea), Maarten Engeltjes (Creonte)
Boston Early Music Festival Orchestra, Paul O’Dette & Stephen Stubbs (direction)


26 janvier 2015 – et 25 janvier 2015 (Valencia)
Francesco Maria Veracini: Adriano in Siria
Sonia Prina (Adriano), Vivica Genaux (Farnaspe), Roberta Invernizzi (Emirena), Kristina Hammarström (Sabina), Lucia Cirillo (Idalma), Ugo Guagliardo (Osroa)
L’Europa Galante, Fabio Biondi (direction)


F. Biondi et L’Europe Galante


Deux journées baroques à Madrid, à huit jours d’intervalle. Le retour de «Philou», pas tout seul, mais avec l’Orchestre du festival de musique ancienne de Boston, et l’arrivée lumineuse de Fabio Biondi avec des divas comme Sonia Prina, Vivica Genaux et Roberta Invernizzi. Deux succès, incontestablement, pour deux opéras inconnus, des redécouvertes du passé baroque.


Stravinsky disait en substance, dans un de ses livres d’entretiens avec Robert Craft, en se souvenant des années de son premier néoclassicisme: «torniamo a l’antico e sarà un progresso». Et l’un des progrès du répertoire d’opéra dans les dernières décennies a bien été le retour de nombreux joyaux du passé, et ce à une époque où le public n’accueille pas toujours favorablement les compositeurs d’opéra contemporains – sans que l’on puisse toujours prétendre qu’il s’agirait d’un public réac, conservateur ou philistin car un tel alibi ne fonctionne plus vraiment aujourd’hui. La défaite de la génération de l’avant-garde dans le domaine de l’opéra est éclatante... et fait rêver. Ce rattrapage du passé donne plus souvent lieu à des versions de concert qu’à des mises en scène, ou bien à des enregistrements audio. Et les minorités mélomanes, ce public qu’on trouve toujours dans les villes les plus importantes du continent, apprécient beaucoup de tels concerts d’opéra en tournée.


Niobe, Regina di Tebe d’Agostino Steffani (1654-1728) date de la fin du XVIIe siècle (Munich, janvier 1688), une période dont on ne connaît quasiment que Lully. C’est une époque baroque «moyenne», tandis qu’Adriano in Siria de Veracini (Vienne, Cour Impériale, 1732, puis remanié pour Londres, 1735) est un produit typiquement XVIIIe siècle, du baroque tardif, avec une nouvelle illustration d’un des livrets de Métastase, revisités souvent, trop souvent, pendant plus de cent ans par les musiciens. C’est aussi la création d’un contemporain et rival de Haendel. Il convient de préciser que les importants récitatifs d’Adriano ont été perdus et ont donc été composés par Fabio Biondi lui-même à partir du texte de Métastase, peut-être par cette espèce de sagesse qui donne la perception profonde d’une œuvre, d’un compositeur, et qu’on peut considérer comme de l’intuition – dans la mesure où une intuition est le contraire d’un éclat d’improvisation, mais le fruit de la véritable connaissance.


Que dire des distributions, des interprétations, des ensembles et des chefs? On a affaire dans les deux cas à des spécialistes de la période considérée. A Madrid, Philippe Jaroussky est accueilli à bras ouverts mais son triomphe incontesté, comme un mois plus tôt, n’a pas occulté celui de ses partenaires, comme les formidables Karina Gauvin, Teresa Wakim et le désopilant José Lemos, contre-ténor dans le rôle travesti de Nerea, dans la tradition comique de l’Arnalta du Couronnement de Poppée.


Biondi, avec un ensemble moins nombreux (quatorze cordes, y compris lui-même, quatre cuivres, tous naturels, bien sûr, théorbe, clavecin), est confronté à un opéra très postérieur, dont les imbroglios de l’action dramatique ne sont pas plus compliqués que chez Veracini et sa Niobe, malgré Métastase et ses procédés. Une petite distribution de six voix suffit pour cette longue et belle soirée où l’on raconte une histoire, comme toujours chez cet auteur dramatique de premier ordre, dont les récits sont aujourd’hui inconcevables sans la musique et où les Romains ne sont qu’un déguisement de ce que l’époque prenait par sa sensibilité. Dans cette distribution, le succès fut incontestable pour les trois chanteurs précédemment mentionnés: la mezzo Vivica Genaux, avec une agilité supérieure, une couleur et des aigus proches du soprano mais avec de remarquables incursions dans le registre grave; le formidable contralto Sonia Prina en Adriano, une voix dense, épaisse, dont l’émail et la profondeur sont rares aujourd’hui; la charmante soprano Roberta Invernizzi, une voix claire, parfois très jeune, voire enfantine, mais pas soubrette, toujours princesse. Ont également reçu un triomphe mérité les trois autres voix, les mezzos Kristina Hammarström et Lucia Cirillo, et la basse Ugo Guagliardo.


Deux journées très belles. Deux nouveau succès du cycle «Universo Barroco» du Centre national de diffusion musicale du ministère de la culture.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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