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Dans les profondeurs de Mahler Vienna Konzerthaus 02/22/2001 - Gustav Mahler : Symphonie Nr.9 Wiener Symphoniker, David Zinman (direction) Alors que se déroulait au même moment le Bal de l’Opéra de Vienne, entraînant dans son cortège les manifestations contre le gouvernement, les courageux qui avaient réussi à braver les barrages de la police (aux dernières nouvelles, 800 manifestants pour ... 1200 policiers !) ont finalement pu savourer une bien belle neuvième symphonie de Malher. Dès les premières notes de cette symphonie-fleuve, dernier numéro achevé du compositeur, on se sent embarqué pour une grande aventure : le matériau mélodique, en renouvellement constant, oblige l’auditeur qui s’attendait une structure plus traditionnelle à suivre aveuglement les circonvolutions de l’esprit du compositeur. David Zinman sait manifestement où il va, et sait montrer la voie à l’orchestre.
Il semble en permanence démonter les techniques d’écriture utilisées par Mahler, sans que cette radiographie de la partition ne se transforme en inutile tour de force. On pourrait certes lui reprocher de perdre en poésie - mais la musique y gagne tant en franchise de ton, en héroïsme et en modernité que la critique s’oublie rapidement. Cette lecture très personnelle met particulièrement en évidence le côté néoclassique de certains passages ; et si l’orchestre des Symphoniker ne possède pas toujours la subtilité des timbres de leurs confrères du Philharmoniker, leur perfection technique et leur ample sonorité rendaient idéalement justice à la vision de David Zinman.
On peut être étonné par les timbres du début très présents, très terrestres, mais les motifs d’accompagnement prennent subitement tout leur sens dans la thématique général du premier mouvement. Sous la direction du chef américain, le second mouvement sonne comme une mécanique absurde qui se parodie elle-même. Et c’est bizarrement dans le fugato permanent du Rondo-Burleske que l’on retrouve à nouveau un semblant de fluidité et de flexibilité. Le public retient son souffle alors que la musique se raréfie dans la coda du dernier mouvement lorsque la symphonie semble renoncer à se conclure.
Dimitri Finker
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