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Clermont-Ferrand

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Tragique et poignant

Clermont-Ferrand
Opéra Théâtre
01/14/2015 -  et 17 (Clermont-Ferrand), 22 (Abbeville), 24 (Moulins), 25 (Nevers), 28 (Romans-sur-Isère), 30 (Béziers) janvier, 1er (Compiègne), 3 février (Neuilly-sur-Seine), 7 (Corbeil-Essonnes), 10 (Miramas), 14 (Saint-Maur-des-Fossés) mars 2015
Giuseppe Verdi : Rigoletto
Lars Fosser*/Pierre-Yves Pruvot (Rigoletto), Mercedes Arcuri (Gilda), Alex Tsilogiannis (Le Duc de Mantoue), Federico Benetti (Sparafucile), Juliette de Banes Gardonne (Maddalena), Ping Zhang (Le Comte Monterone), Matthias Rossbach (Marullo), Pablo Ramos Monroy (Matteo Borsa), Ronan Airault (Le Comte Ceprano), Emmanuelle Monier (Giovanna), Héloïse Koempgen-Bramy (La Comtesse Ceprano)
Orchestre Opéra Nomade, Amaury du Closel (direction musicale)
Pierre Thirion-Vallet (mise en scène), Frank Aracil (décors) Véronique Henriot (costumes), Véronique Marsy (lumières)


(© Ludovic Combe)


Le principe de la coproduction (et surtout de la tournée) – ici entre le Centre lyrique Clermont-Auvergne et Opéra Nomade, qui va porter prochainement cette nouvelle production de Rigoletto dans de très nombreuses villes françaises – présente quelquefois un avantage non négligeable. La mise en scène, devant s’adapter à des plateaux différents, doit s’astreindre à une certaine sobriété et s’interdire toute extravagance. Ce qui ne l’empêche pas forcément de laisser parler l’imaginaire...


C’est bien le cas de ce Rigoletto, signé par le maître des lieux, Pierre Thirion-Vallet, qui livre là une production de sobre facture et de ton parfaitement juste. Dans ces éléments de décor (conçus par Frank Aracil) raréfiés – deux panneaux coulissants laissant apercevoir une plateforme au I (intérieur de la maison de Rigoletto), une immense reproduction (coupée en deux...) du tableau Biblis de William Bouguereau au II –, des costumes d’un superbe raffinement (imaginés par Véronique Henriot) nous plongent dans les années 1930, période trouble pendant laquelle Thirion-Vallet a choisi de transposer l’action. Celle-ci débute par une macabre image: celle du duc, qui porte un masque mortuaire, poussant l’héroïne vers son funeste destin – la même image clôt la soirée. Car la marque de l’homme de théâtre clermontois, nommé directeur général et artistique du Centre lyrique Clermont-Auvergne en 2013 (mais qui en est le régisseur général depuis 1997), on la retrouve surtout dans le souci porté au jeu d’acteurs: tout est crédible ici, sinon les situations du livret, à l’impossible nul n’est tenu, du moins le dessin des caractères et le déploiement des mouvements du cœur et de l’âme. On se sent concerné par ces personnages, et on se prend notamment à aimer ce Rigoletto – d’abord grimé en Charlot, mais pourtant dépourvu de tout histrionisme – personnage que dessine admirablement le baryton danois Lars Fosser, voix puissante et nuancée, qui apparaît brûlé de l’intérieur, dévasté, et dont la souffrance n’est jamais si douloureusement exprimée que par l’intériorisation de l’expression.


On sera plus sévère quant au duc de Mantoue du ténor kenyan Alex Tsilogiannis. Belle voix généreuse, mais absence de style ou, du moins – mais peut-être était-ce là les conséquences d’un trop fort trac? – un style sommaire, qui l’amène souvent à détonner. Quelques joies inespérées: «La donna è mobile» est parfaitement conduit – même si l’aigu final n’est pas tenu... – mais le début du quatuor est lui bien douteux... Aucune réserve, en revanche, pour la lumineuse Gilda de Mercedes Arcuri. Jeune, belle, la cantatrice argentine possède une indéniable présence scénique, et de superbes qualités de timbre. Elle délivre le fameux «Caro nome» avec un formidable luxe de suraigus émis pianissimo, et des vocalises de haut vol. Elle est la révélation de la soirée.


Les autres rôles sont dans l’ensemble bien tenus du côté masculin, l’excellent Sparafucile de la basse romaine Federico Benetti, le Monterone aux graves profonds du baryton chinois Ping Zhang, et, du côté féminin, une Maddalena à la voix pulpeuse, la mezzo Juliette de Banes Gardonne, dont le rire illumine le quatuor.


Enfin, citons l’artisan de cette belle cohésion, le chef français Amaury du Closel qui, à la tête de son fort bien sonnant Orchestre Opéra Nomade, s’avère d’une autorité sans faille, refuse toute facilité, et se montre toujours à l’écoute des chanteurs.


Le site d’Opéra Nomade



Emmanuel Andrieu

 

 

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