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L’autre Américain à Paris

Paris
Théâtre national de Chaillot
12/05/2014 -  et 18, 19, 20 juin 2013 (London), 11, 12, 13, 14, 17, 18, 19, 20 (Dresden), 28, 29 (Lyon) septembre, 17, 18 octobre (Essen), 6, 9, 10, 11, 12* (Paris) décembre 2014
Study # 3
The Forsythe Company
William Forsythe (chorégraphie), Thom Willems (musique), Dietrich Krueger et Sebastian Rietz (son), Ulf Neuermann (lumières)


(© Umberto Favretto)


Tout est bien qui finit bien pour ce portrait William Forsythe, clou du festival d’Automne à Paris 2014 (voir par ailleurs ici et ici. La rétrospective s’achève avec une nouvelle pièce, la seule dansée par sa compagnie dans son état actuel, The Forsythe Company Dresden-Frankfurt, sur laquelle on ne misait pas beaucoup tant le dernier Forsythe a pu souvent nous décevoir en comparaison de ses pièces du siècle dernier. Et pourtant Study # 3, dans un style tout à fait nouveau, arrive à égaliser en esthétisme les plus grandes pièces de danse pure et formelle du chorégraphe américain en y ajoutant, comme dans son chef-d’œuvre Impressing the Czar, une très forte composante humoristique. Et quel vertige, car tout ce que Forsythe a calculé, computé, imaginé au millimètre près, donne bien souvent l’illusion de l’improvisation. Chapeau pour ce talent-là!


Pour l’anecdote, car franchement rien dans cette pièce de quatre-vingts minutes pour dix-huit danseurs en tenue de sport, créée au Teatro Grande de Brescia en avril 2012, n’en porte la moindre trace, le programme nous apprend que Forsythe a été très inspiré par le four que fit Madama Butterfly à sa création milanaise. Puccini avait ete accusé de recycler des motifs de ses opéras précédents et quand il le reprit, remanié, à Brescia quelques mois plus tard, ce fut un succès total. Dont acte! Certes, Forsythe, pour Study # 3, a puisé dans trente années de son vocabulaire gestuel tout à fait singulier (la beauté du travail des bras éclate à chaque seconde), mais le parallèle s’arrête là. Cela n’empêche pas la pièce d’être d’une profonde originalité, laissant une liberté individuelle à chacun des danseurs qui circulent tels des électrons libres, chacun apportant sa parcelle stylistique ou une référence bien précise. Si Forsythe pratique l’autocitation, on n’a aucunement l’idée d’un quelconque collage. Deux microphones installés sur la scène quasi nue permettent à certains des participants de venir tour à tour qui chanter, qui parler, qui faire des numéros souvent désopilants pendant que les danseurs en solo ou par petits groupes exécutent des exercices d’une virtuosité toute forsythienne parfois à la limite du dansable.


Est-ce le chaos du monde que Forsythe a voulu montrer dans cette pièce, est-ce une épure totale de son œuvre à quelques mois d’une retraite irrévocablement annoncée pour 2015? C’est en tous cas un concentré de son art, une grande leçon de danse et de style et une perfusion d’énergie, grâce en partie à la musique de Thom Willems et aux éclairages savants d’Ulf Naumann, dont on ressort revigoré. Tout comme on ressort enrichi de ces trois mois de rétrospective avec un cri de reconnaissance pour le festival d’Automne qui nous a fait, autant qu’au chorégraphe, un formidable cadeau.


Le site de la Compagnie Forsythe



Olivier Brunel

 

 

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