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Raffinements sonores

Paris
Radio France
02/17/2001 -  
Gérard Grisey: Accords perdus
Tristan Murail : La Barque mystique
François Paris : L’Empreinte du cygne (création)


Florian Lauridon (violoncelle), Dimitri Vassilakis (piano)
Ensemble Court-circuit, Orchestre philharmonique de Radio France, Laurent Cuniot (direction)

Concluant une journée intitulée non sans à propos "C’est pas juste" et consacrée à des tempéraments inhabituels, ce concert de "Présences 2001" associait, une fois n’est pas coutume, deux œuvres de "référence" de compositeurs emblématiques de l’école spectrale (Grisey, Murail) à la création du Double concerto pour violoncelle et piano de François Paris, d’ailleurs dédié à la mémoire du premier nommé.


Si le titre du recueil et de certaines des pièces qui le composent (Faux mouvement, Cor à cor) rappellent les jeux de mots de Florent Schmitt, Accords perdus (1987) de Grisey n’a évidemment rien à voir avec cette esthétique. Ces cinq études pour deux cors déclinent un vaste échantillon des différentes possibilités qu’offre cet instrument et exploitent avec un métier consommé les combinaisons, oppositions, fusions ou échos. Mais cette démonstration technique et compositionnelle a une portée bien plus que didactique. En effet, si l’on admire la manière inattendue dont Grisey intègre le cor à ses préoccupations sonores, ces pièces se suffisent parfaitement à elles-mêmes, avec un éventail complet de climats, depuis la contemplation jusqu’à la colère, en passant par l’humour et l’inquiétude.


La Barque mystique (1993) de Murail est écrite pour flûte, clarinette, violon, violoncelle et piano. La formation instrumentale suggère des rapprochements avec le Pierrot lunaire ou, de façon sans doute plus pertinente, avec le Quatuor pour la fin du temps. Mais cette œuvre d’une durée de quinze minutes affiche une ambition orchestrale, qui justifie d’ailleurs la présence d’un chef: l’évocation de l’élément liquide est particulièrement réussie, grâce à l’attention constante portée aux timbres et à la fluidité du discours. Ce qui frappe également dans cette musique, c’est un sens de l’équilibre et de la mesure, ainsi qu’une capacité somme toute assez rare à exprimer un propos d’une grande liberté qui n’en obéit pas moins à une logique immédiatement perceptible.


Si nombre de compositeurs, depuis Beethoven, ont conféré ses lettres de noblesse au dialogue entre le violoncelle et le piano, les concertos faisant appel à ces deux instruments ne courent pourtant pas les rues. François Paris, formé par Malec, Jolas et Grisey, a donné à cette "œuvre extrême", selon ses propres termes, un sous-titre énigmatique, L’Empreinte du cygne. Jusqu’à présent, le Cygne, associé au violoncelle et au piano, évoquait plutôt... Saint-Saëns. Nulle allusion ici, bien entendu, mais une pièce d’un seul tenant, d’une durée d’environ un quart d’heure, tour à tour chargée et subtile, forte et poétique, statique et rythmique. La performance des interprètes est à la hauteur de cette partition esthétiquement et techniquement exigeante, faisant largement appel aux micro-intervalles.


Concert diffusé sur France-Musiques le samedi 14 avril à 23 heures.




Simon Corley

 

 

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