About us / Contact

The Classical Music Network

Vienna

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

De l’esprit viennois

Vienna
Musikverein
12/04/2014 -  
Franz Schubert: Quatuor n° 8, D. 94
Antonín Dvorák: Quatuor n° 12, opus 96 «Américain»
Johannes Brahms: Quatuor à cordes n° 1, opus 51 n° 1

Quatuor Artis: Peter Schuhmayer, Johannes Meissl (violon), Herbert Kefer (alto), Othmar Müller (violoncelle)


O. Müller, H. Kefer, J. Meissl, P. Schuhmayer (© Lukas Beck)


Le Quatuor Artis fait partie de ces ensembles qui savent imprimer une pâte sonore reconnaissable entre mille. Tentons une comparaison avec un autre ensemble viennois, qui possède lui aussi cette caractéristique, le Wiener Streichsextett. Ces formations incarnent toutes deux ce qu’on pourrait décrire comme «l’esprit viennois», mais en jouant sur un registre antinomique; là où le sextuor semble à peine effleurer les cordes des instruments, mettant beaucoup d’air et de vitesse de crin dans les notes, le Quatuor Artis joue sur l’intensité, au fond de la corde, plus dans l’esprit terrien des ländler originels que celui éthéré des valses de salons. Comment ces qualités irréconciliables parviennent-elles à se fondre dans un même «esprit viennois»? Stefan Zweig nous éclaire à ce sujet dans ses Ecrits de voyage: «il existe une qualité propre à Vienne: elle n’était pas arrogante [...], et c’est bien pour cette raison que chacun de ses hôtes se laissait si volontiers gagner par elle. Mélanger les contraires et créer à partir de cette harmonisation constante un nouvel élément de culture européenne, tel fut le véritable génie de cette ville.» De fait, l’élément commun entre ces formations, c’est cette bonhommie un peu paresseuse qui irrigue chacune de leurs interprétations.


Le quatuor de Schubert qui ouvre le concert est une œuvre de jeunesse – le compositeur avait probablement 14 ans, les dates de composition sont incertaines – dont les développements sont relativement pauvres et déséquilibrés. Les fins de mouvements en particulier tombent à plat, comme des exercices dont l’élève ne sait comment les conclure. Le Quatuor Artis connaît bien le langage du compositeur, ayant donné à plusieurs reprises l’intégrale de ses Quatuors lors de cycles de concert, et on leur sait gré de sortir des sentiers battus.


Le Quatuor «Américain» de Dvorák est certainement d’une toute autre envergure, et il est mis en valeur par un traitement quasi symphonique de la partition. Relevons en particulier des solos d’alto d’exception, sur fonds de tremolos qui projettent une profondeur sur scène qui va bien au-delà de l’espace physique des quatre musiciens. Les tempi sont en général très rapides, un peu trop parfois quand c’est au détriment de respirations qui apporteraient des moments de répit dans la progression de l’œuvre.


La pièce de Brahms amène la variété qui pouvait manquer jusque-là; des thèmes plus relaxées, des changements de coloris plus riches (la modulation de la fin du deuxième mouvement, magnifiquement amenée et métamorphosant d’un coup les tons des instruments), et des nuances plus graduées dans les piani.


Le scherzo du Quatuor de Kreisler clôt la soirée avec humour et virtuosité, apportant une détente bienvenue à la suite de ce concert intense.


Le site du Quatuor Artis



Dimitri Finker

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com