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Le retour de Stéphane Denève dans sa patrie

Paris
Maison de la radio (Auditorium)
11/27/2014 -  
Felix Mendelssohn: Symphonie n° 5, opus 107 «Reformation»
Francis Poulenc: Concerto pour deux pianos et orchestre
Albert Roussel: Symphonie n° 3, opus 42

Franck Braley, Eric Le Sage (piano)
Orchestre national de France, Stéphane Denève (direction)


S. Denève (© Drew Farrell)


Etrange programme à la Maison de la radio ce jeudi soir: quel rapport entre la Cinquième Symphonie (1830) de Mendelssohn en première partie et les œuvres de Poulenc et de Roussel en seconde? Stéphane Denève opte, dans la «Reformation», pour des tempi plutôt relâchés, la symphonie paraissant de ce fait déliée et mesurée. Le successeur de Michel Tabachnik à la direction du Brussels Philharmonic à compter de la prochaine saison en livre une interprétation aérienne dans laquelle les contrastes s’avèrent faiblement marqués et les couleurs peu prononcées. Le chef traduit en revanche la dimension noble et spirituelle de cette œuvre que La Chambre philharmonique reprendra différemment le lendemain à la Cité de la Musique. Les cordes de l’Orchestre national de France paraissent douces, les cuivres s’expriment majestueusement, mais sans impression d’écrasement, les bois interviennent avec finesse, en particulier le hautbois, tandis que les percussions se montrent discrètes. Le chef veille à équilibrer les forces en présence et à dégager les voix intermédiaires, qualités relevées également après la pause.


L’orchestre aborde ensuite le Concerto pour deux pianos (1932) de Poulenc avec une finition toujours aussi remarquable. Malgré sa légèreté et sa fraîcheur, son tranchant et sa poésie, l’interprétation ne manque ni de caractère ni de lyrisme mais sans doute d’un peu de folie. Franck Braley et Eric Le Sage n’ont plus rien à prouver depuis longtemps dans cette musique qu’ils jouent avec brillant et franchise tout en apportant de la profondeur au Larghetto – l’évidence même. Les deux pianistes, qui n’accordent pas de bis, rejoignent le public du nouvel Auditorium pour écouter la Troisième Symphonie (1930) de Roussel, presque contemporaine du concerto.


Stéphane Denève, qui a livré chez Naxos de magnifiques interprétations de l’œuvre symphonique de ce compositeur né, comme lui, à Tourcoing, refuse le moindre débordement dans cette symphonie aussi exaltante qu’originale dans laquelle il ne laisse rien au hasard mais le contrôle n’exclut pas la spontanéité. Grâce à une gestion remarquable de la dynamique, à un choix pertinent des tempi et à une restitution précise des transitions, la musique progresse avec vitalité mais sans précipitation et irradie dans les passages animés. Les cordes, souples, homogènes et bien articulées, se distinguent une fois de plus, Sarah Nemtanu affichant beaucoup de tenue dans l’Adagio. Quand les autres symphonies de Roussel figureront-elles enfin à l’affiche des concerts à Paris (et ailleurs)?


Chaleureusement applaudi, Stéphane Denève prend la parole pour exprimer sa joie de diriger en France après une si longue absence. Qu’un chef français en vienne à tenir de tel propos dans son propre pays laisse croire que la République échoue à garder ses talents à l’intérieur de ses frontières. A propos, l’Orchestre national de France ne cherche-t-il pas un successeur à Daniele Gatti, qui prendra ses fonctions à Amsterdam en 2016? En attendant, la formation ferait bien de jouer les Symphonies de Magnard, pourquoi pas avec ce chef invité.



Sébastien Foucart

 

 

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