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Esthétique mais sclérosé Lille
Opéra
11/12/2014 - et 13, 15, 16* novembre 2014
Leos Janácek: Orání – Vinek – Výhruzka – O, lásko – Ach, vojna! – Krásné oci tvé – Loucení – Holubicka – Láska opravdivá – Po zarostlém chodnícku: «Frýdecká Panna Maria» – Zápisník zmizelého
Paul O’Neill (Janik, le narrateur), Marie Karall (Zefka), Anne-Cécile Laurent (soprano), Donatienne Milpied, Charlotte Baillot (mezzo-sopranos)
Chśur de l’Opéra de Lille, Yves Parmentier (chef de chśur), Alain Plančs (piano)
Christian Rizzo (mise en scčne, scénographie, costumes), Frédéric Casanova (scénographie), Michaela Buerger costumes), Sophie Laly (vidéo), Caty Olive (lumičres)
Alain Plančs est au clavier pour le Journal d’un disparu (1917) de Janácek dans une nouvelle mise en scčne, treize ans aprčs celle de Claude Régy au Festival d’Aix-en-Provence. Le cycle est précédé de quelques chśurs a cappella du compositeur tchčque qui constituent la premičre partie d’un spectacle en forme de diptyque ininterrompu. Les choristes de l’Opéra de Lille, sous la conduite d’Yves Parmentier, présent sur la scčne, se déplacent lentement d’un point ŕ un autre en restant groupés tandis que quatre techniciens changent réguličrement de place des éléments du décor. Bien que le dispositif scénique en bois, abstrait et dépouillé, permette de beaux effets évocateurs, le début plonge dans un état soporifique.
Installé sur une estrade posée côté jardin, Alain Plančs joue «La Vierge de Frýdek», extrait de Sur un sentier recouvert, avant de débuter le Journal. Le rythme de la représentation ne s’accélčre pas davantage, la mise en scčne de Christian Rizzo demeurant tout aussi économe. Le ténor bouge peu et doucement, la gitane dont s’éprend Janik reste figée. Le spectacle présente un bel aspect grâce ŕ un éclairage favorisant l’intimité et ŕ la projection d’images animées qui illustrent la foręt et la campagne. Bien que cohérent, il peine toutefois ŕ convaincre, męme si le programme de salle témoigne de la profondeur de la réflexion du pianiste et du metteur en scčne.
La réalisation musicale suscite en revanche peu de réserves. Le chśur épouse les inflexions du langage du compositeur, modčre la puissance et peaufine la ligne. Remarqué en Laca l’année passée, Paul O’Neill, qui possčde un timbre avantageux, tempčre son comportement tout en restant expressif, qualités ŕ porter également ŕ l’actif de Marie Karall qui se distingue par la beauté de sa voix sombre et opulente. Alain Plančs, qui développe un jeu impeccablement articulé, parvient ŕ conférer de la poésie, de l’émotion mais aussi un peu d’aspérité ŕ ce spectacle esthétique mais sclérosé. Mettre en scčne un cycle de mélodies constitue décidément une gageure.
Sébastien Foucart
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