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Jeux de rôle musicaux

Vienna
Konzerthaus
11/05/2014 -  et 4 novembre 2014 (Basel)
Joseph Haydn : Concerto pour violoncelle n° 1, Hob.VIIb/1
Béla Bartók: Divertimento pour orchestre à cordes, sz. 113
Modeste Moussorgski : Tableaux d’une exposition (arrangement pour orchestre de chambre de Jacques Cohen)
Astor Piazzolla : Le Grand Tango (arrangement pour violoncelle et cordes d’Andrei Pushkarev)

Nicolas Altstaedt (violoncelle)
Kremerata Baltica


N. Altstaedt (© Marco Borggreve)


Lorsque l’ensemble Kremerata Baltica se produit sur scène, son fondateur Gidon Kremer n’est jamais bien loin: dans l’approche musicale, et parfois dans les rangs du public, en auditeur consciencieux – comme c’était le cas ce soir.


Ouvrant le programme, le classique Concerto pour violoncelle en ut majeur de Haydn joue la carte des contrastes; contrastes spatiaux d’une part (les pupitres se donnent à cœur joie de se différencier entre eux, en juxtaposant des dynamiques ou accents antinomiques), contrastes temporels d’autre part (quelle extraordinaire ductilité des nuances au sein d’une même phrase!). La transparence de l’orchestre l’autorise à tous ces abus, et de fait la partition se laisse merveilleusement malmenée de la sorte. On pourrait frôler le maniérisme, mais il en ressort une vision renouvelée et fascinante. Il y a une jouissance anachronique à pouvoir passer en un clin d’œil d’un expressionisme baroque à un mysticisme post-moderniste. Le soliste Nicolas Altstaedt est en absolue harmonie avec cette approche, et survole les cordes de son violoncelle avec un mélange de désinvolture et de passion. Il dirige autant qu’il écoute et joue, ce qui l’autorise à réagir instantanément à toutes les inflexions de l’orchestre. Les grincheux seront agacés par ce cirque de postures et de mimiques sur scène, mais la musique étant bien là, ils n’auront qu’à fermer les yeux pour apprécier une interprétation de premier rang.


A l’opposé, la lecture du Divertimento pour cordes de Bartók révèle un aspect dansant et souple. Les enchaînements de tempo sont menés avec une cohérence organique, chose remarquablement difficile à réaliser sans la présence d’un chef sur le podium. Le dernier mouvement rappelle effrontément l’ancrage folklorique de la partition, sans jamais compromettre la précision des archets.


En seconde partie, on peut entendre une transcription assez inattendue des Tableaux d’une exposition pour cordes et percussions. Intuitivement, l’oreille établit la comparaison avec la version orchestrale plus qu’avec celle, originale, pour piano. A grand renfort d’effets divers – harmoniques, pizzicati, ponticello, sonorités blanches... – les cordes parviennent assez habilement à se substituer aux solos d’instruments gravés dans nos esprits. Prenons pour exemple le quatrième tableau, «Bydlo», dans lequel le solo des altos incarne de manière géniale la marche lourde et obtuse du bétail. D’autres passages tournent un peu plus au jeu de rôle démonstratif, mais on ne peut qu’apprécier la créativité de la démarche.


Que serait un programme krémerien sans son tango obligatoire? On retrouve le violoncelliste, très crédible dans le rôle de danseur ténébreux, dans un arrangement du Grand Tango d’Astor Piazzolla. Gidon Kremer sourit, et applaudit: ses musiciens ont une fois de plus assuré le spectacle.


Le site de Nicolas Altstaedt
Le site de Kremerata Baltica



Dimitri Finker

 

 

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