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Début de saison luxueux

Madrid
Auditorio Nacional
10/14/2014 -  et 10 (London), 12 (Pamplona), 17 (Wien), 20 (Paris), 26 (New York) octobre 2014
Georg Friedrich Händel : Alcina, HWV 34
Joyce DiDonato (Alcina), Alice Coote (Ruggiero), Anna Christy (Morgana), Christine Rice (Bradamante), Anna Devin (Oberto), Ben Johnson (Oronte), Wojtek Gierlach (Melisso)
The English Concert. Harry Bicket (direction musicale, clavecin)


J. DiDonato (© Simon Pauly)


Le cycle Universo Barroco du Centre national de diffusion musicale est très prometteur cette année, et on commence avec un spectacle plein de beautés, une Alcina de Haendel avec une distribution insurpassable pour une mise en espace très bien contrôlée, avec une direction d’acteurs (d’actrices, surtout) assez adéquate. La mezzo américaine Joyce DiDonato est bien connue et aimée à Madrid, où elle s’est produite au Teatro Real. Elle joue une Alcina parfois émouvante, parfois redoutable, une voix perçante, pleine de nuances, aux aigus acérés, aux graves poignants, et en plus elle domine l’art de fléchir et maigrir le son, le filato, le ritardando, l’éclat et aussi son contraire – ou peut-être son correspondant – le drame; et le drame va toujours vers les profondeurs, tandis que l’éclat monte vers les aigus, les grands tensions du vibrato, voire le cri, mais celui-ci dominé par un autre art, l’art de suggérer le cri avec le contraire du cri: le chant.


Joyce DiDonato a été la grande triunfadora de la soirée, mais le reste de la distribution, surtout les voix féminines, a offert des rôles frôlant l’excellence d’un point de vue tant vocal qu’interprétatif. Les mezzos britanniques Alice Coote, dans le rôle travesti de Ruggiero, et Christine Rice, en Bradamante, ont placé le niveau de la soirée trop haut pour que celle-ci ne demeure qu’une expérience haendélienne quelconque: on n’oubliera pas ces personnages si vivants, si agiles, ces voix si pleines de bravoure. L’Américaine Anna Christy, soprano à la belle agilité, construit une Morgana adaptée à son aspect un peu trop jeune. Mais quelle surprise en entendant tout à coup l’aria du deuxième acte d’Oberto, rôle travesti aussi, chanté par Anna Devin, soprano irlandaise! On n’attend généralement pas un air comme celui-ci pour un rôle secondaire, mais son effort, sa grâce et son éclat ont obtenu la même récompense méritée par ses collègues de la soirée, des applaudissements nourris, pleins de sympathie pour une jeune artiste au futur lumineux.


L’English Concert s’est produit avec un peu plus d’une vingtaine de musiciens, surtout des cordes, avec un premier violon incroyable, la jeune Nadja Zwiener, des instruments anciens (bien sûr) et une direction exacte, sage, embrassant tout (trois heures et dix minutes de musique, sans compter les deux entractes): Harry Bicket, depuis son clavecin, a dirigé pour l’éclat des dames, mais d’une façon moins évidente, mais exacte, pour le sens de cet opéra de l’aveuglement, de l’illusion, de l’aliénation et des amours maudits et sauvés.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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