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Quatre façons de faire danser Bach

Amsterdam
De Nationale Opera
10/11/2014 -  et 12, 14, 15, 17, 19 octobre 2014 (Amsterdam), 8 (Den Haag), 9 (Rotterdam), 11 (Utrecht), 12 (Groningen), 16 (Maastricht), 19 (Eindhoven), 21 (Arnhem), 22 (Heerlen), 23 (Breda) mai 2015

«Back to Bach»
Krzysztof Pastor: In Light and Shadow
Johann Sebastian Bach: Variations Goldberg, BWV 988: Aria – Suite pour orchestre n° 3, BWV 1068

Robert Greuter (piano)
Tatyana van Walsum (décors, costumes)


Hans van Manen: Fantasía
Johann Sebastian Bach : Prélude de choral «Ich ruf’ zu Dir, Herr Jesu Christ», BWV 639 – Prélude en la mineur, BWV 922 – Prélude de choral «Nun komm’ der Heiden Heiland», BWV 659 (transcription Ferruccio Busoni)

Olga Khoziainova (piano)
Keso Dekker (décor et costumes)


Pater Leung: Back 2 Bach
Altin Kaftira (conception et réalisation du film), Artur Trajko (violoncelle), Martin ten Kortenaar (danseur)
Johann Sebastian Bach: Suite pour violoncelle seul n° 6 en ré majeur, BWV 1012



Ernest Meisner: Axiom of Choice (création)
Johann Sebastian Bach: Concerto pour hautbois et violon en do mineur, BWV 1060 – Prélude de choral «Ich ruf’ zu Dir, Herr Jesu Christ», BWV 639

Jean-Marc Puissant (décors et costumes)


David Dawson: A Million Kisses to my Skin
Johann Sebastian Bach: Concerto pour clavier n° 1 en ré mineur, BWV 1052

Olga Khoziainova (piano)
Yumiko Takeshima (décors et costumes)
Het Nationale Ballet
Het Balletorkest, Ermanno Florio (direction musicale)


In Light and Shadow
V. Mazzeo, V. Ananyan
(© Angela Sterling)



Copieux programme que «Back to Bach» consacré par la compagnie de danse néerlandaise à la musique de J.S Bach! Et belle démonstration de comment danser avec la musique: quatre chorégraphes et autant de façons de mettre les corps en phase avec la musique. On ne répétera jamais assez le luxe que représente la danse exécutée sur une musique jouée dans la fosse. Ici un bel ensemble, Het Balletorkest, et deux pianistes sur scène, rien de moins! La danse y gagne en spontanéité même si parfois elle est un peu décalée par rapport à ce qui est joué par l’orchestre.


Il existe une tendance, non représentée dans ce très beau spectacle, consistant à danser sans tenir compte de la musique, qui passe alors au rang de prétexte ou, pire, de concept. L’exemple parfait actuel en est le chorégraphe israélien très en vogue Emanuel Gat, qui utilise beaucoup Bach avec force discours justificatifs, la musique étant souvent mixée à de la musique électronique (Four Dances, Preludes and Fugues, The Goldlanbergs). Le résultat, quoiqu’admirable sur le plan technique et purement chorégraphique, laisse souvent de marbre...


La manière du Polonais Krzysztof Pastor, chorégraphe associé au Nationale Ballet, formidablement illustrée dans la pièce qui ouvrait le programme, In Light and Shadow (Amsterdam, 2000), est de faire danser tout à fait en phase avec la musique, sans effets d’illustration excessifs, en une chorégraphie savamment réglée exploitant avec énergie et élégance toutes les possibilités rythmiques qu’offre généreusement la musique de la Troisième Suite pour orchestre, avec ses tubes que sont l’Ouverture si jubilatoire, la célébrissime Aria et sa Gigue finale. Les éclairages particulièrement raffinés donnent une petite touche évoquant la peinture flamande de l’époque contemporaine à ce baroque musical flamboyant. Une très belle pièce semblant influencée par les précédents de Jirí Kylián – et à qui on peut seulement reprocher un rien de monotonie dans le vocabulaire néoclassique – mais magnifiquement dansée par trois couples principaux.



A Million Kisses to my Skin
M. Makhateli, A. Shesterikov, S. Mukhamedov, I. de Jongh
(© Angela Sterling)



Autre chorégraphie crée en 2000 par cette compagnie pour un programme Bach par le Britannique David Dawson, A Million Kisses to my Skin, sur le Concerto pour clavier et cordes BWV 1052 , est un exemple de chorégraphie particulièrement brillante dans laquelle le danseur n’est plus tout à fait en phase avec la musique. Tout juste reste-t-il dans une rythmique qui colle à la musique mais la gestuelle est en décalage. C’est, malgré des idées très originales quant à l’utilisation de l’espace par neuf danseurs (l’original de 2000 en comportait quatorze), la seule pièce un peu datée de cette soirée.



Axiom of Choice
W. T. Guan, J. Stout
(© Angela Sterling)



Axiom of Choice d’Ernest Meisner, ancien danseur de la compagnie et actuel directeur artistique de la Junior Company, était la création mondiale de ce programme. Sur le Concerto pour hautbois et violon et le choral Ich ruf’ zu Dir, sa pièce succédait difficilement, même après un entracte, à la très jubilatoire chorégraphie de Pastor. Quoique tout à fait réglée sur la musique, sa danse ne semble pas coller a la peau des danseurs. Les mouvements sont compliqués, les portés très savants mais rien de cela n’exulte la joie de danser sur une musique aussi... dansante. Peut-être est-ce l’utilisation de l’espace mal maîtrisée par les six couples mais on avait l’impression de quelque chose d’inachevé.


On peut s’interroger sur l’opportunité dans une soirée assez longue dans sa programmation de projeter un film, court certes mais n’apportant rien au propos. Un danseur de la Junior Company (Martin ten Kortenaar) danse torse nu dans des dunes sur des extraits de la Sixième Suite pour violoncelle seul de Bach tandis que, à distance dans un studio, le violoncelliste Artur Trajko est filmé sous tous les angles. Curieux et inutile intermède!



Fantasía
I. de Jongh, Casey Herd
(© Angela Sterling)



Une autre manière de danser sur la musique, probablement la plus convaincante, est de s’inspirer des idées du compositeur pour régler les mouvements. La musique de Bach est à cela particulièrement propice et les idées fusent à chaque seconde. C’est évidemment celle qu’a toujours privilégiée le vieux maître néerlandais Hans van Manen à qui la compagnie rendait hommage en créant sa Fantasía, imaginée en 1993 pour le Nederlands Dans Theater 1. Superbe pièce qui, avec trois couples seulement (choisis par van Manen parmi les danseurs les plus grands et athlétiques, disons de format national), remplit immédiatement l’espace de la grande scène. Dans ce programme très varié, c’est la seule pièce dans laquelle on a l’impression qu’il se déroule une action passionnelle et pas seulement décorative entre les danseurs. Le choix des couleurs chaudes des costumes et l’excellence des interprètes y sont bien sûr pour quelque chose mais l’essentiel est ailleurs, dans une qualité de la chorégraphie et une adéquation parfaite au geste musical. Du grand art! A 82 ans, toujours chorégraphe résident de cette compagnie nationale, van Manen suit dans la longévité créatrice, les traces des grands chorégraphes du siècle dernier qu’étaient Martha Graham, Catherine Dunham ou Ninette de Valois.



Olivier Brunel

 

 

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