About us / Contact

The Classical Music Network

Saint-Jean-de-Luz

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Sous le signe de l’Espagne

Saint-Jean-de-Luz
Eglise Saint-Jean-Baptiste
09/05/2014 -  
Gabriel Fauré : Pavane, opus 50
Manuel de Falla : Noches en los jardines de Espana
Maurice Ravel : Ma Mère l’Oye
Nikolaï Rimski-Korsakov : Capriccio espagnol, opus 34

Miguel Ituarte (piano)
Euskadiko Orkestra Sinfonikoa, José Miguel Pérez Sierra (direction musicale)




Avec sa baie et la douceur de son climat, visitée par l’Histoire, Saint-Jean-de-Luz invite à la halte. Louis XIV s’y était marié en 1660 et pour célébrer le bicentenaire des noces du roi de France avec Marie-Thérèse d’Espagne – scellant au passage la paix avec le voisin hispanique –, un festival de musique, mais aussi de théâtre et de danse, fut imaginé. Au tournant des années 1970, la Grande Semaine de Saint-Jean-de-Luz s’est recentrée sous le patronage d’Euterpe, et a, quelques été plus tard, commencé à essaimer sur la côte basque, d’où le nom dont elle n’a plus changé depuis trente-quatre ans.


La soirée d’ouverture de cette cinquante-cinquième édition ne pouvait se tenir ailleurs qu’en l’église Saint-Jean-Baptiste, font baptismal de Musique en côte basque et de royale mémoire, avec la première phalange de la région, l’Orchestre symphonique d’Euskadi, sous la baguette de son directeur musical, José Miguel Pérez Sierra, dans un programme aux couleurs de la péninsule ibérique, qui administre la preuve que les réputations ont parfois le tort de s’arrêter à la barrière des Pyrénées. Sur un tempo délibérément modéré, la Pavane de Fauré respire ainsi une tendresse bercée par l’acoustique des lieux. Le chef madrilène s’attache à faire chanter avec une belle souplesse les pupitres de bois, clarinettes, hautbois et bassons, comme autant d’apartés ou de confidences dans le flux mélodique. Véritable concerto pour piano, les Nuits dans les jardins d’Espagne de Falla scintillent de mystères et de générosité auxquels répond le clavier de Miguel Ituarte, équilibrant une coloration très impressionniste que n’aurait pas reniée Debussy avec une assurance rythmique au diapason d’un folklore suspendu entre imaginaire et réalité, à l’image de l’ensemble de la partition. En bis, le soliste rend hommage à Ohana avec une remarquable Etude aux échos assourdis d’habanera.



J. M. Pérez Sierra (© Euskadiko Orkestra Sinfonikoa)


Tribut légitime à l’enfant du pays, le cycle Ma Mère l’Oye de Ravel déploie de d’exquises qualités narratives, portées par la fluidité du geste de José Miguel Pérez-Sierra. La «Pavane de la Belle au bois dormant» palpite d’une douce et touchante mélancolie qui s’anastomose sans peine avec l’évocation de la forêt où s’égare «Le Petit Poucet» – le babil de l’oiseau confié aux pizzicati du premier violon confirme l’impeccable maîtrise de Lorenz Nasturica Herschcowici. «Laideronnette, impératrice des Pagodes» affirme un irrésistible exotisme orientalisant. Les contrebasses et bassons restituent avec une troublante présence le souffle de la Bête, dans une atmosphère teinté d’inquiétude, avant de faire briller «Le Jardin féerique», pétillante conclusion à la poésie délicate de ces cinq pièces. Avec le Capriccio espagnol de Rimski-Korsakov, l’Orchestre d’Euskadi referme brillamment ce premier concert du cru 2014, quand bien même l’éclat du folklore dans les puissants tutti s’écrase dans une réverbération excessive, quoique prévisible. Le Prélude de Carmen offert en bis ne le démentira point: les beautés de l’église Saint-Jean-Baptiste atteignent ici sans doute leurs limites, mais pas la programmation d’un festival qui se poursuit les deux week-ends suivants, jusqu’au 21 septembre. A cette aune, la côte basque mérite bien une visite.


Le site du festival Musique en côte basque
Le site de l’Orchestre symphonique d’Euskadi



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com