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Sous le signe du Nouveau Monde

Grenoble
La Côte-Saint-André (Château Louis XI)
08/22/2014 -  et 11 (Gent), 13 (Versailles) décembre 2014
Félicien David : Christophe Colomb ou La Découverte du Nouveau Monde
Karen Vourc’h (soprano), Julien Behr (ténor), Josef Wagner (baryton-basse), Denis Podalydès (récitant)
Vlaams Radio Koor, Orchestre Les Siècles, François-Xavier Roth (direction)




Pour sa sixième édition à la tête du festival Berlioz, Bruno Messina a placé celui-ci sous le signe de l’Amérique et de la Révolution industrielle, et a frappé un grand coup en recréant à l’usine-pensionnat Girodon ²de Saint-Simon de Bressieux le «concert-monstre» que Berlioz avait dirigé en 1844 au festival de l’Industrie, surnommé le «concert des mille» pour le nombre de musiciens sollicités – avec plusieurs centaines d’amateurs venus de toute la région rhônalpine renforcer les effectifs des deux orchestres et du chœur, la démesure, à défaut de l’identique, était eu rendez-vous d’une fête populaire dans le plus noble sens du terme, qui se refermait avec un bal, un lâcher de montgolfière et un feu d’artifice.


L’audace ne manquait pas moins à l’appel le lendemain, pour l’ouverture du cru 2014 au château Louis XI de La Côte-Saint-André, puisque la première soirée a osé laisser le grand Hector céder la place à Félicien David. Le sacrilège aux yeux de soi-disant puristes autoproclamés n’en était pas vraiment un en ce que le compositeur français a été estimé, et même encouragé par Berlioz lui-même, du moins aux débuts de sa carrière. Sa célébrité s’étant injustement évanouie peu après sa mort, son ode-symphonie – genre que David a inventé et qui s’apparente à un oratorio laïc – Christophe Colomb ou La Découverte du Nouveau Monde revêt le caractère d’une résurrection, et donne le ton de ce vingt-et-unième festival avec on ne peut plus d’éclat.



F.-X. Roth (© Marco Borggreve)


Porté par des utopies et des idéaux saint-simoniens, l’ouvrage met en avant une colonisation pacifique des Amériques louant la fraternité entre les peuples. Si elle montre çà et là quelques faiblesses, sensibles dans certains ensembles, l’inspiration n’en demeure pas moins d’excellente tenue, et réserve de singulières beautés – en particulier une évocation nocturne que n’aurait pas reniée Berlioz, sans oublier des solos et des duos admirables empreints de noblesse comme de sentiment.


Karen Vourc’h affirme un soprano d’une indéniable fraîcheur, même si le corps lui fait souvent défaut, et partant une constance dans les attaques, ce que Julien Behr ne peine guère à afficher. Le ténor français se révèle digne des éloges et des récompenses qu’il a reçus récemment: la projection répond présent et exalte un héroïsme qui sait ne pas succomber aux excès que le texte n’attend pas. Dans le rôle-titre – ou du moins la raison de la partition – Josef Wagner déploie un solide baryton-basse de caractère, doué d’une sensibilité sans reproche au texte et aux affects. On retrouve dans son incarnation l’humanité dont le livret est imprégné. On oubliera en revanche la partie récitante confiée à Denis Podalydès, à la diction neurasthénique: un contre-emploi manifeste que ne sauve guère le prestige de l’affiche.


D’une incontestable puissance, au diapason de l’écriture épique qui lui est confiée – la tempête constitue de ce point de vue un morceau de choix –, le Chœur de la Radio flamande se joint à l’Orchestre Les Siècles sous la férule de son dynamique, convaincu et convaincant chef, François-Xavier Roth, pour restituer à ce Christophe Colomb sa force originelle et originale. Parfois porté à l’archéologisme, le Palazzetto Bru Zane, partenaire incontournable de ces exhumations du romantisme français, a trouvé ici un joyau oublié du répertoire dont la légitimité à s’y réinscrire ne se limite pas à l’argument de l’accessibilité souvent avancé par la fondation pour accrocher son public. Non content d’avoir le sens de l’événement, Bruno Messina prouve une fois de plus qu’il a de l’oreille, et des plus fines qui soient. On attend avec impatience les reprises et les enregistrements: prochaine étape, à l’Opéra de Versailles le 13 décembre.


Le site du festival Berlioz



Gilles Charlassier

 

 

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