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Un Messie œcuménique

Annecy
Eglise Notre-Dame-de-Liesse
08/21/2014 -  et 20 août 2014 (La Chaise-Dieu)
Georg Friedrich Händel : Messiah, HWV 56
Julia Doyle (soprano), Marianne Beate Kielland (alto), Joshua Ellicott (ténor), David Wilson-Johnson (basse)
The King’s Consort, Robert King (direction)




Sur les rives d’un lac baigné par la générosité de mécènes russes, l’Annecy Classic Festival s’est imposé en à peine cinq ans comme un des événements majeurs de l’été. Cette édition 2014 ne déroge pas à la réputation d’excellence du rendez-vous préparé par Denis Matsuev et Pascal Escande, ainsi qu’en témoigne le concert en l’église Notre-Dame-de-Liesse, au cœur de la ville, par le King’s Consort. C’est avec un des symboles de l’Angleterre musicale laissé par l’un des plus prestigieux enfants qu’elle ait adopté, Le Messie de Haendel, que la formation britannique vient faire la démonstration de son excellence inimitable. Historiquement informée, la lecture de Robert King n’a nul besoin d’artificieuse musicologie pour faire éclater l’inaltérable fraîcheur d’un des piliers du répertoire. Sonorités fermes et charnues, santé éclatante des trompettes, allant du geste, ce Messie-là exalte une vitalité communicative et un naturel admirable.



R. King


Si la répartition des gosiers féminins autorise des variantes, dont certaines avec deux sopranes, tant l’ambitus de l’alto reste modeste, celle retenue par Robert King prend à rebours certaines habitudes, sans doute guidée par la teneur des textes – rappelons-le tous tirés des Saintes Ecritures – à l’instar de l’ultime solo de la troisième partie, «If God be for us», balancé entre l’intériorité et la distillation spirituelle. Julia Doyle y fait valoir, ainsi que tout au long des pages qui lui sont confiées, une indéniable pureté vocale, tutoyant la cristallinité de l’innocence. On reconnaît beaucoup de tendresse dans les interventions de l’alto Marianne Beate Kielland, à l’étiquette plus contrastante que la vérité d’un timbre sollicité essentiellement en son médium. Son entrée avec «But who may abide the day of His coming» en offre l’exemple tandis que le vaste «He was despised» cherche la profondeur de l’expression. Joshua Ellicott affirme dès l’augural «Ev’ry valley» une voix bien projetée et une diction claire et sans reproche. David Wilson-Johnson affiche quant à lui une basse aux couleurs sombres et idiomatiques, à l’impact évident, sacrifiant quelque peu la finesse cependant.


On ne saurait faire l’impasse sur les chœurs, puissants autant qu’omniprésents, et les effectifs du King’s Consort animent remarquablement la fresque haendélienne – le début de la deuxième partie se révèle à ce titre impressionnant, et l’on n’oubliera pas les «Hallelujah» et «Amen» obligés, restitués sans lourdeur ni académisme aucuns, limitant la pompe qui parfois les amidonne trop ostensiblement. L’interprétation très cursive ici donnée équilibre la peinture de l’émotion religieuse avec une narrativité dynamique, et ne se prive pas de quelques coupures. Celles opérées au milieu de la deuxième partie allègent un développement passablement exhaustif, mais s’avèrent plus discutables dans la dernière, liquidant un peu rapidement le dénouement. Du moins cela évitera aux ventres vides de rater le dernier service.


Le site du festival
Le site de Robert King
Le site du King’s Consort



Gilles Charlassier

 

 

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